RCA : A QUAND LA FIN DE L’INCURIE ET LA CORRUPTION DANS LES REGIES FINANCIERES ?

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Bangui, le 03 aout 22

Le Président de la République Faustin Archange Touadera a toujours voulu faire de l’assainissement des finances publiques l’une de ses priorités depuis son accession à la magistrature suprême de l’Etat. Malgré la volonté politique affichée des hautes autorités de faire  une lutte implacable contre la prévarication, certains fonctionnaires véreux continuent de se complaire dans des pratiques rétrogrades qui impactent l’économie. Et pour cause…

Le constat général est que la majorité des fonctionnaires et agents de l’Etat de tout temps font preuve d’un manque criard de conscience professionnelle. La plupart de ceux qui sont appelés à servir l’Etat ne le font pas avec dévouement pour l’intérêt général comme le souhaitent  les principes qui guident les services publics.

La plupart de temps, les fonctionnaires et agents de l’Etat confondent les biens publics avec leurs biens publics au point d’en faire mauvais usage. Ainsi une fois qu’il est arrivé que certains d’entre eux soient responsabilisés à d’importants postes, leur gestion est loin de l’orthodoxie à laquelle ils sont appelés à s’y conformer.

Ce qui a été depuis toujours à l’origine des tensions de trésorerie due à la baisse vertigineuse des maigres recettes qui devraient faire face aux dépenses régaliennes de l’Etat. Le cas le plus frappant est celui du ministère des finances et du budget perçu comme l’un des ministères dits stratégiques.

Le constat amer que se font bon nombre des Centrafricains est que les fonctionnaires agents issus de ce département ministériel s’adonnent à des pratiques qui n’honorent pas la République. Il faut dire que ce ministère est depuis toujours englué dans l’incompétence, l’archaïsme et la corruption.

Malgré les nombreuses réformes entreprises par certains ministres qui se sont succédé à la tête de ce département, il n’y a pas eu un véritable changement. De la Douane aux impôts, ces sont de véritables plateaux de la corruption. Malgré des mesures mises en place pour mettre les fonctionnaires de ce département à l’abri de besoins comme le fait de leur payer des quotes-parts, cela ne les a jamais freinés dans leur course à l’enrichissement illicite.

On ne parlera jamais assez du cas des Douaniers qui est plus navrant. Tous les Centrafricains connaissent la grille salariale des différents corps de fonctionnaires dans la fonction publique. Et tous ils savent que les Douaniers n’ont pas un gros salaire contrairement à certains corps. Mais que constatons-nous ?

L’allure avec laquelle un préposé de la Douane s’enrichie dépasse vraiment l’entendement humain. Comment un agent qui est au bas de l’échelle puisse vivre comme un pacha en ayant un patrimoine qui dépasse un magistrat hors-hiérarchie qui a passé par exemple plus de vingt ans de service ? Que dire des Colonels qui se la coulent douce avec un train de vie d’un Prince saoudien ?

Pendant que ces cadres et agents de la Douanes s’enrichissent sauvagement, l’Etat éprouve d’énormes difficultés pour recouvrer les recettes intérieures afin de faire face aux dépenses régaliennes. C’est à se demander si les douaniers qui sont chargés de faire le recouvrement des recettes de l’Etat, le font pour leurs propres comptes ? Assurément oui sinon comment comprendre que ceux qui ne gagnent plus un ministre puissent faire pousser des villas R+ au vu et au su de la population ? Il ne fait point de doute qu’il y a sans doute anguille sous roche.

Un exemple qui atteste à la fois  et l’avantage que les fonctionnaires corrompus y trouvent est la direction de la solde. Comment est-il en effet possible qu’on ne puisse comptabiliser avec exactitude le nombre des fonctionnaires émargeant au budget de l’Etat ? La réponse se trouve dans la manière dont est torpillé tous les projets d’informatisations de ce service.

Pour confirmer ce que nous dénonçons, les opérations de contrôle des fonctionnaires en cours risquent de créer un remue-ménage au ministère des finances. L’arrestation du Directeur de la solde et deux informaticiens de l’ONI donne déjà le ton.

Le Directeur de la solde et deux informaticiens sont sous le verrou depuis presqu’une semaine. Ce sont les premiers résultats du contrôle des fonctionnaires de l’Etat engagé par le département de la fonction publique depuis quelques semaines.

Selon les informations, le Directeur de la solde augmente volontairement les salaires de certains fonctionnaires pour tirer profit. Les agents de la fonction publique sont tombés sur cette pratique et ont monté la chaine jusqu’au Directeur et les deux informaticiens qui sont maintenus depuis à la SRI pour nécessité d’enquête.

De sources bien informées sur le dossier, plusieurs autres agents des finances seraient concernés par d’autres pratiques mafieuses qui jouent sur la masse salariale, « il y a de nombreuses qui sont détectées par nos services lors des opérations. Nous avons plusieurs doublants de fonctionnaires fictifs, ce sont soit des gens décédés soit des gens qui n’ont jamais été intégrés mais dont les salaires sont payés régulièrement. L’autre pratique, c’est la variation des salaires. Sur deux mois, la personne peut avoir son vrai salaire et l’autre mois, il a dix (10) fois ce salaire. Tous ces circuits sont démasqués et nous sommes en train d’identifier les auteurs pour engager les poursuites », explique un cadre de la Fonction publique très impliqué dans ce dossier.

Ces opérations décriées par de nombreux fonctionnaires semblent bénéfiques pour l’Etat qui perdait d’importantes sommes d’argent à cause des pratiques mafieuses qui font tourner la masse salariale autour de sept (7) milliards de FCFA.

Eu égard à tout ce qui précède, il y a la nécessité de réorganiser en profondeur le ministère des Finances et du Budget en procédant au remplacement des principaux responsables de ces régies financières sur lesquels planent des soupçons de ces mauvaises pratiques. Les projecteurs doivent être braqués sur les différents Directeurs régionaux de la Douane et autres responsables sur les postes des frontières qui procèdent au recouvrement des recettes douanières. Il donc souhaitable de nommer des responsables au profil de compétence et d’honnêteté plus affirmé. Nous y reviendrons cas par cas. Il importe que le gouvernement fasse d’une nouvelle gouvernance faite de rigueur, de sérieux et de transparence dont les Centrafricains ont besoin pour affronter les défis de l’heure, et non une gestion prébendière et patrimoniale.

@Hervé BINAH

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