Bangui, le 18 janvier 24
La lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics constituent l’un des cinq axes majeurs de la Politique Nationale du Président Faustin Archange Touadera. Toutefois, le premier défi important pour lui porte sur l’amélioration de la gouvernance du pays parce qu’elle est mise à mal par la persistance de la corruption, des détournements des deniers et biens publics, la survivance de l’impunité, la paresse, l’absentéisme, y compris au sein du Gouvernement et dans les grands services publics.
Ces maux qui gangrènent la société centrafricaine en général et l’administration en particulier ont pris une ampleur qui risque de fragiliser dangereusement le pays. Comme une pieuvre, les tentacules de la corruption et des détournements des deniers publics ont atteint même le sommet de l’Etat. Ayant compris la gravité de ce mal qui risque de se métastaser, le Président de la République Pr. Faustin Archange Touadera s’est engagé à mener une lutte sans merci contre le fléau.
Dans ce combat asymétrique dans lequel l’ennemi à plusieurs facettes, il lui faut les moyens structurelles, tactiques et stratégiques adéquats pour parvenir à le vaincre. C’est ainsi que le Chef de l’Etat a estimé que la mise en place d’une Cellule de veille contre la corruption, les détournements des deniers publics, la concussion, les extorsions de fonds, les fraudes fiscales et douanières, les infractions assimilées et les mauvaises manières de servir, sous la responsabilité du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, pourrait être un moyen structurel susceptible d’apporter des résultats attendus. Malheureusement, bientôt près de deux ans après sa création à grands coups médiatiques qui faisaient rêver tout le monde à la découverte d’une potion magique contre ces maux, rien n’a changé. Sinon, Pr Faustin Archange Touadera ne serait pas revenu dans ses adresses à la Nation à l’occasion du nouvel an et aux Ministres le 11 janvier 2024 sur une exhortation pour collaborer avec la Cellule de veille ou intensifier la mission de ladite cellule. Par conséquent, cette fameuse Cellule de veille n’est qu’un miroir aux alouettes.
Il faut reconnaître que la Cellule de veille est une coquille vide qui a échoué lamentablement dans sa mission et dont on continue d’en faire l’éloge au Président de la République pour les besoins de la cause. Si tel n’est pas le cas, qu’on nous prouve le contraire avec un bilan concret des activités réalisées faisant apparaître le nombre des dénonciations faites, le nombre des dossiers traités et confiés aux juridictions compétentes, les départements ministériels les plus exposés à ces maux, les indicateurs des résultats obtenus et les zones d’opération. Il est vrai qu’au départ, l’annonce de la mise en place de la Cellule de veille avait fait bouger les lignes. S’étant rendu compte des manquements et des limites de cette structure, les réseaux mafieux ont vite fait de reprendre des poils de la bête en diversifiant leurs tactiques de corruption et de détournements des deniers publics. Comment peut-on comprendre que jusqu’à l’Assemblée Nationale, des Députés aient été sanctionnés pour la dissimulation d’un montant de 10 millions de FCFA ? Ou dénoncer des détournements de fonds au Ministère du Tourisme, des Arts et de la Culture ou encore au Ministère de l’Education Nationale ?
Les politiques rwandais ont réussi à contenir la corruption et les mauvaises manières de servir dans ce pays ami parce qu’ils ont pu définir de bonnes stratégies de lutte qui peuvent servir de référence à la République centrafricaine. Ce n’est pas une équipe composée de cinq personnes inexpérimentées qui peuvent venir à bout de la corruption et des détournements des deniers publics. Il est encore temps que le Premier Ministre Félix Moloua relise sa copie pour faire de bonnes propositions au Président Faustin Archange Touadera afin que la Cellule de veille soit véritablement opérationnelle avec des personnes compétentes et aguerries pour répondre aux attentes du Chef de l’Etat et de son peuple.
@ A.Bakiki