Quelle qualité de la jeunesse pour la RCA ?

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Bangui, le 27 février 24

Un État comme la République centrafricaine, qui n’offre que la fonction publique comme unique opportunité d’emploi à sa jeunesse, la condamne dans une large mesure au chômage et à la précarité. Alors qu’au même moment, dans des pays voisins, le secteur privé demeure le principal pourvoyeur des emplois du fait des politiques publiques volontaristes visant à améliorer le cadre des investissements et le climat des affaires.

Dans un État où le SMIG est égal à 20.000 FCFA et les fonctionnaires les mieux payés perçoivent 300.000 FCFA, peut-on s’attendre à une efficacité du service public ? Un tel État ne prépare-t-il pas de futurs clients à la justice ?

En Centrafrique, une certaine jeunesse dans le désespoir, attirée par le gain facile et l’accumulation illicite mais rapide des richesses opte pour son intégration dans la fonction publique, encouragée en cela par certains prédateurs dont le rythme de vie frôle le luxe ostentatoire alors qu’ils ne sont que de simples commis de l’Etat.

Des pseudo-défenseurs de la démocratie, de l’Etat de droit et des Droits de l’homme autrefois militants dans des partis politiques ou activistes dans la société civile, devenus des thuriféraires, se sont emmurés dans un silence assourdissant car quand on mange on la ferme et on fait des « atalakous » pour justement conserver son mangeoire.

Si les États ont un rôle primordial à jouer dans l’émancipation des jeunes en investissant massivement dans leur éducation et en créant et favorisant par le secteur privé les conditions de leur employabilité, il nous semble tout aussi indispensable d’interpeller cette jeunesse sur le rôle important qui est le sien notamment dans la persistance des maux qui nous accablent.

Parfois, on nous dit qu’on ne peut rien faire pour cette jeunesse qui, en connivence avec des politiques-prédateurs, participe directement et activement à la confiscation de son avenir. En raison du maintien du statut quo, on peut se permettre de croire qu’une telle jeunesse mérite des dirigeants corrompus et incultes comme les politiques qui hypothèquent son avenir et font de son présent, un véritable enfer sur terre.

On pourrait se permettre de penser que cette jeunesse-là mérite l’école au rabais, les bourreaux et les affres de toute sorte. La situation est telle que nous avons une jeunesse qui n’aspire nullement à construire une société meilleure chez elle. Elle aspire plutôt à profiter d’un système tordu. Elle court après celui qui distribue le poisson et elle tourne le dos à celui qui veut lui apprendre à pêcher.

Elle ne condamne pas la corruption, elle condamne le fait qu’elle ne soit pas directement bénéficiaire de la corruption. Une jeunesse qui ne fait usage de sa data que pour regarder, pendant des heures entières, des directs sur des téléphones, des sorcières et des clashs d’artistes, mais qui qui ne se consacre pas pour autant de suivre des cours gratuits en ligne, des capsules vidéos édifiantes sur la vie du pays et le fonctionnement de l’Etat ou des livres sur l’entrepreneuriat.

Une jeunesse qui passe son temps à insulter et à faire de la “titrologie ” sur les réseaux sociaux, mais qui est trop paresseuse pour Googler la vraie information ou la définition d’un mot. Nous désespérons à la vue d’une telle jeunesse…qui préfère vendre sa voix et son âme pour des raisons bidon. Une telle jeunesse devrait-elle être exonérée de toute responsabilité dans les maux qui minent la RCA ? La réponse nous semble résider dans la question ainsi posée.

@Bienvenu ANDALLA

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