Bangui, le 17 mars 23
Le Président de la République Faustin-Archange Touadera a présidé ce lundi, 13 mars 2023 à la Cité des Chefs d’Etat, la cérémonie d’ouverture du séminaire gouvernemental qui va regrouper les membres de l’actuelle équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Félix Moloua. Il s’agit du deuxième séminaire destiné à l’évaluation des ministres membre de l’actuel gouvernement.
La majorité des Centrafricains se pose plusieurs questions avec l’ouverture du deuxième séminaire gouvernemental depuis la mise en place du gouvernement Moloua. Ceux-ci se demandent si la Président va-t-il enfin se séparer du Premier ministre Félix Moloua qui dirige le gouvernement depuis plus d’une année et faire un remaniement gouvernemental ? Ou il va juste faire un remaniement technique afin de faire sortir du gouvernement les ministres jugés inefficaces soit qui n’exécutent pas convenablement les lettres de mission qui leur avaient été confiées ? Ce d’autant plus que ce séminaire a pour but d’évaluer chaque membre du gouvernement.
Pour les observateurs avertis de la vie politique nationale, il ne fait aucun doute que le Président pourra à l’issue de ce séminaire procéder à un remaniement du gouvernement. C’est dire que deux scénarios possibles sont en vue à la fin de ce séminaire d’évaluation des membres du gouvernement Moloua en cours.
Le premier scénario est qu’à l’issue de ce séminaire, le Président de la République va certainement procéder à un remaniement ministériel. C’est-à-dire qu’il va demander au Premier ministre Moloua de rendre la démission de son gouvernement. A la suite de la remise de la lettre de démission il va alors le reconduire dans ses fonctions. Mais à la différence que plusieurs ministres de son gouvernement seront purement et simplement remerciés. Hormis quelques ministres qui ont fait preuve de compétence vont être reconduits dans le prochain gouvernement Moloua 2.
Le deuxième scénario qui paraît le plus plausible toujours d’après les observateurs est que le Président va démettre l’actuel gouvernement dans son ensemble. A la différence du premier scénario, le Président de la République va devoir nommer un nouveau Premier ministre. Ainsi ce dernier va mettre en place une nouvelle équipe gouvernementale qui sera constituée de quelques ministres de l’actuel gouvernent qui auront la chance d’être reconduits aux côtés de nouvelles têtes.
De toute évidence, il apparaît clairement que le second scénario est pour le moment celui qui a plus de chance de se produire d’ici la fin de ce séminaire gouvernemental. Et ce, pour la simple raison qu’il y a une crise de confiance entre l’actuel Premier ministre et ses amis politiques du MCU. Pour preuve, ces derniers temps certains cadres du MCU et Fatistes ont lancé une pétition qui s’apparente à un tract pour demander la démission du Premier ministre, Chef du gouvernement Félix Moloua qui selon eux, au risque de ne pas voir le régime du Président Touadera voler en éclat. Pour eux la raison de leur demande de la démission du Premier ministre est entre autres, son incompétence notoire, sa mauvaise gestion du gouvernement et de l’Etat marquée par la corruption et le clanisme, des grèves à répétition dans les secteurs publics, zéro contribution à l’épanouissement des cadres du parti au pouvoir, vol et détournement des financements du RCPCA pour construire sa villa R+10, Attaques terroristes contre la position de l’armée en absence du Président de la République sans aucune réaction du Premier ministre. Tout un chapelet de griefs retenus contre le Premier ministre. Il faut dire que les langues se délient dans la famille politique du MCU à laquelle appartient le Premier ministre Moloua.
Mais le citoyen lambda se demande si ce tract est-il suffisant pour demander le départ du Premier ministre Moloua ? Assurément ce n’est pas le meilleur procédé qui vaille.
Selon un analyste politique, il serait plus approprié pour les cadres du MCU et les Fatistes qui se cachent derrière ce tract de demander ouvertement à leur groupe parlementaire de déposer une motion de censure à cet effet tout en gardant à l’esprit la décision de relever ou de nommer un Premier ministre ainsi que les membres du gouvernement relève du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat. D’autant plus qu’il y a déjà une jurisprudence en la matière dans l’histoire politique de la RCA où sous le régime du feu Président Patassé, les députés MLPC ont voté une motion de destitution contre le Premier ministre de l’époque Anicet Georges Dologuélé pourtant issu du même parti politique au pouvoir, le MLPC. C’est cela qu’on appelle la démocratie et la grandeur de l’esprit.
Cependant après cette boule de neige, nous avions assisté à la sortie de la jeunesse du MCU qui à travers un communiqué officiel, a apporté son soutien au Premier ministre Moloua. C’est dire que cette fameuse pétition ne serait que l’œuvre d’un groupuscule qui se cache pour régler ses comptes au Premier ministre.
Sommes toutes, l’issue du séminaire gouvernemental en vue pourra situer l’opinion nationale sous peu. Ce qui est sûr, certains ministres qui ont failli doivent plier bagage pour laisser la place à d’autres qui pourront aider le Président de la République dans sa mission. Attendons de voir !
@Hervé BINAH
