Le gouvernement centrafricain honore dignement les victimes du 18 janvier 1979 sous Jean-Bedel Bokassa

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Bangui, le 19 janv. 22

C’est devant une foule nombreuse que le Premier ministre chef du Gouvernement Henri Dondra au nom de toute la République a procédé au rituel de commémoration des victimes de la barbarie du régime dictatorial de Jean-Bedel Bokassa devant les membres de son gouvernement, les autorités politiques diplomatiques, les représentants des organisations des victimes et les élèves venus nombreux rendre un grand hommage à leurs pairs.

Tout a commencé par un problème de port de tenues scolaires imposé par le régime de l’Empereur Bokassa 1er. Alors que les fonctionnaires cumulaient les premiers arriérés de salaires, ce port de tenues scolaires, qui étaient à l’époque confectionnées dans les ateliers de Béréngo, s’imposaient comme une exigence. Ceux des élèves qui n’en portaient pas étaient menacés d’interdiction aux cours.

Les élèves ont jugé cela inconcevable et les plus grands ont commencé à conscientiser les plus jeunes, car ils jugeaient que leur avenir était en danger.

Une marche spontanée

Ce 18 janvier 1979 les élèves s’étaient réunis tôt le matin au Lycée Bokassa, actuel Lycée des Martyrs subitement, ils s’étaient rendus compte qu’une ‘’taupe’’ s’était infiltrée parmi eux pour suivre leurs stratégies. La réaction des jeunes fut immédiate par la crise de :’’ Un espion parmi nous’’. Ils arrêtèrent la séance et de  ruèrent sur la taupe, un jeune policier, qui fut correctement bastonné et jeté sur l’Avenue de France e face du Lycée.

L’incident paraissait anodin, mais les remous au sein de l’établissement s’amplifièrent.  Dans un élan d’improvisation, les élèves décidèrent d’une marche de protestation. Très vite, ils ont été rejoints par certains étudiants de l’Université, qui n’attendaient qu’un moment  pareil pour exprimer leur-ras-le bol.

Comme une tâche d’huile, la nouvelle de l’incident gagna le Lycée Barthélémy Boganda, qui par solidarité fit une descente  pour rejoindre les élèves des établissements primaires rejoignirent leurs aînés du secondaire. La situation devint sérieuse et inquiétante et les premiers policiers débarquèrent en nombre suffisant pour contenir les élèves. Le mouvement devenait difficile à contenir car les jeunes étaient de plus en plus nombreux. La foule décida de converger vers ke Centre Ville. A l’angle de l’Avenue  Barthelemy Boganda et de l’actuelle Avenue Conjugo, se trouvait un magasin de l’Empereur appelé ‘‘Le Pacific’’.

Cet établissement fut mis à sac et tout le magasin  pillé. Sur l’Avenue Barthélémy Boganda, aux cris de ‘’Payez nos parents’’, le cortège avançait vers la ville, difficile à contenir. Au Monument Barthélémy Boganda, les élèves entonnèrent l’Hymne national et poursuivirent leur marche vers la Place de la République. Le régime inquiet fit appel à la gendarmerie, qui elle  également comme  la police fut débordée. Les autorités firent appel à l’Armée qui prit position tout autour de la Place de la République (Point (0), fermant tous les accès. Au Centre-ville, fut engagé un véritable face à face entre les jeunes et l’Armée dont les éléments étaient équipés de ‘’MAS 36’’.

Entretemps, des chars ont pris positions sur l’Avenue de France au niveau du Carrefour où se situe actuellement le Monument des Martyrs.

Le pouvoir aux abois

L’Empereur Bokassa 1er, qui s’était terré à Béréngo toute la journée, a fait une descente le soir à la Radio Nationale. D’un to solennel et menaçant, le monarque a condamné le pillage du Magasin Le Pacific. Puis il a sévèrement  mis en garde les parents pour qu’ils assurent la protection de leurs enfants qui seraient tentés par  l’aventure de la déstabilisation de son régime. Indexant les Lycées Boganda et Bokassa, il n’est pas passé par quatre chemins pour proférer  des menaces de mort en déclarant :’’Si c’est du sang, nous le boirons’’. L’homme était véritablement hors de lui car ils ne pensaient  jamais que des jeunes puissent défier son régime. Il a trouvé des boucs émissaires en fustigeant les professeurs russes qui dispensent des cours dans les Lycées et collègues.

La chasse à l’homme a commencé au sein de la classe estudiantine et scolaire. Certains élèves et étudiants indexés ne passaient plus la nuit au domicile parental. Ils se refugiaient dans les églises et les temps de certains quartiers reculés de la capitale. Des personnalités surtout engagées à résidence. Cette atmosphère délétère perdura jusqu’au 18 avril 1979.

Ce jour-là, l’Empereur Bokassa 1er organisa une véritable battue des jeunes qui ont été arrêtés et entassés dans les  sinistres geôles de la Maison Centrale de Ngaragba. Beaucoup de ces jeunes périment par étouffement et par suite de mauvais  traitement et furent enterrés à la sauvette.

Où ? Personne ne le sait car la basse besogne a été accomplie par les hommes de main de l’Empereur.

Le tournant fatal

Ce forfait sonna le glas du régime de l’Empereur Bokassa 1er. Le scandale de l’assassinat collectif des jeunes à Ngaragba fit grand bruit et le monarque centrafricain n’avait plus de répit. L’empereur Bokassa fut interpelé au Sommet France-Arfique de Kigali (Rwansa). L’affaire prit une ampleur telle que Bokassa 1er devint infréquentable par les autres Chefs d’Etat.

Dans le viseur dorénavant, il ne se passait pas d’occasion, sans que ne soit évoqué le scandale de la prison de Ngaragba. Le Sommet de Kigali désigna une commission d’enquête à propos de la mort des jeunes assassinés au  mois d’avril 1979. L’Empereur Bokassa accepta la venue de la Commission d’enquête à Bangui.

Croyant qu’il allait être disculpé, les résultats de la commission d’enquête ont été sans ambages et la responsabilité personnelle du monarque fut reconnue. L’Empereur Bokassa 1er devint comme une sorte de paria, que la presse internationale ne cessait de couvrir de ridicule. Malgré toutes les précautions qu’il prenant dorénavant, Bokassa quita Bangui en septembre 1979 pour Tripoli à la rencontre du Chef de la Révolution libyenne. Il offrit cette aubaine à ses adversaires et dans la soirée du 20 septembre 1979, la force française de l’opération Barracuda débarqua par l’aéroport Bangui-Mpoko. Bokassa 1er fut reversé et avec lui sonnait le glas de l’Empire qu’il avait fabriqué pour ses propres frasques. M. David Dacko, qu’il avait renversé dans la nuit de la Saint Sylvestre 1966, prit sa revanche. Le nouveau président prononça la dissolution de l’Empire et instaura la démocratie pluraliste, une grande première à cette époque où les partis uniques étaient  légion.

Depuis, chaque 18 janvier de l’année, est célébré le soulèvement des élèves qui avait fragilisé puis ébranlé le régime de Bokassa 1er.

@Bienvenu ANDALLA

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