Centrafrique : Le Collectif des Centrafricains pour la Réconciliation (CCR), analyse la situation du pays, et formule des propositions au Gouvernement relative au dialogue de Khartoum

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Bangui, le 19 janvier 19

La Coordination du (CCR) pendant le point de presse

Collectif des Centrafricains pour la Réconciliation

Propos liminaire d’un point de Presse sur la situation sécuritaire à                 l’intérieur du Pays.

  • Résumé historique de la crise.
  • Vue des journalistes

Lors de sa création à la moitié de l’année 2012, la coalition hétéroclite de rebelles regroupés sous le nom de SELEKA était composée en grande majorité des originaires du Nord-Est du pays et d’éléments armés musulmans de l’UFDR, de CPSK (Convention des Patriotes pour le Salut du Kodro), de l’UFR, de l’A2R (Alliance pour la Renaissance et la Refondation), de CPJP – Fondamentale (une faction de la CPJP), et de FDPC.

Ce « Consortium très hétérogène» fût rejoint par des Mercenaires Tchadiens et Soudanais du Darfour, des Braconniers ainsi que des Coupeurs de route (Zaraguina) et financé notamment par des Commerçants de Diamants et Or, mécontents du régime du Général François BOZIZE, après l’opération « fermeture des bureaux d’achats » en 2008.

La prise du pouvoir le 24 Mars 2013 de Michel DJOTODIA, porté par cette coalition hétéroclite de rebelles, va accélérer la désagrégation de la Centrafrique. Les éléments de la SELEKA se livrent à des pillages y compris dans les églises, exécutions sommaires, arrestations et détentions arbitraires, tortures, viols, recrutements d’enfants soldats et toutes sortes d’exactions contre les civils attisant le ressentiment de la population civile à leur égard. La Mission de Consolidation de la paix de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale en Centrafrique (MICOPAX) présente en Centrafrique depuis 2008, n’était plus en mesure de faire face à la dégradation de la situation sécuritaire du Pays. Rapidement, les 16 préfectures du Pays étaient occupées par les éléments de la Séléka qui régnaient en Maîtres et Seigneurs de guerre laissant sur leurs passages des atrocités horribles et crimes odieux, bref des destructions massives des biens et des personnes.

Le Pays était à la merci des agresseurs Etrangers. L’Homme était devenu un animal englouti dans un enclos dont on disposait de lui de toute sorte de traitement cruel.

L’Armée n’existait pas, elle était partie se fondre dans la population par peur de représailles. Les souffrances infligées aux Centrafricains étaient insupportables si bien que la seule chose qui leur restait à faire, était de se transformer en auto-défense contre les agressions quotidiennes des Séléka, d’où la création et l’avènement du mouvement Anti-Balaka qui n’était qu’une réponse spontanée aux exactions de la Séléka. Nous avons été Anti-Balaka par ce que :

  • la rébellion Séléka n’était pas organisée, et sans commandement unifié ;
  • les nouvelles autorités de la Séléka n’arrivaient pas à instaurer l’ordre et que la situation sécuritaire se dégradait continuellement jusqu’à prendre des relents d’affrontement confessionnels ;
  • la force d’interposition de la CEEAC, la MICOPAX n’était pas en mesure d’y faire face, et la population civile était sans défense.

Des lors, le climat d’insécurité s’est généralisé par le conflit entre Séléka et Anti-Balaka à tel point qu’il y avait des aspects confessionnels fragrants, se traduisaient, par certaines opinions, en des problématiques ethno-religieuses, au terme d’un conflit armé entre la communauté chrétienne et musulmane.

D’autres opinions commençaient à opposer les musulmans aux chrétiens, faisaient  l’amalgame entre musulman et Séléka, ou encore entre chrétien et anti-balaka. La situation sécuritaire au début du mois de Décembre 2013 était devenue totalement confuse et non maîtrisable.

C’est dans ce contexte d’anarchie et dans le but d’éviter le génocide en Centrafrique que la MISCA et l’opération SANGARIS, toutes les deux, étaient autorisées en même moment, par la résolution 2127 du Conseil de Sécurité de l’ONU en date du 05 Décembre 2013  et déployées début Décembre 2013.

Le déploiement de la force française SANGARIS en appui à la MISCA va permettre une amélioration de la sécurité à Bangui la capitale, la démission de Michel DJOTODIA, la dissolution théorique de la SELEKA et la désignation de la Maire de Bangui Catherine SAMBA PANZA au poste de Présidente de la Transition.

Pour permettre à la MISCA et SANGARIS d’aller dans les localités de l’intérieur de la Centrafrique, l’Union Européenne a décidé la création de l’EUFOR/RCA, autorisée par la résolution 2134 du 28 janvier 2014, et déployée le 02 Avril 2014 à Bangui.

L’intervention de toutes ces forces d’interpositions avait permis au gouvernement de transition d’organiser les élections 2016, remportées par le Pr. Faustin Archange TOUADERA, élu Président de la République avec suffrage valablement exprimé.

 Situation sécuritaire actuelle.

Nul n’est sans ignorer que le régime du Pr. Faustin Archange TOUADERA, avait hérité, après les élections de 2016, une crise militaro- politique sans précédente qui constitue un défi majeur à relever. Pour ce faire, des efforts considérables ont été faits par son gouvernement pour améliorer la situation sécuritaire dans les circonscriptions de Bimbo, et les sept (07) arrondissements de Bangui à l’exception de 3eme arrondissement, zone à forte concentration des violences intercommunautaires.

Mais hélas, le régime actuel s’est confronté à un sérieux problème d’insécurité grandissante à l’intérieur pays, lié surtout à la présence des ex combattants de la Séléka qui ont pu échapper aux opérations du DDR et qui se sont dirigés vers le Nord et le Nord Est du pays, notamment à Kaga-Bandoro, Ndélé, Bambari et Bangassou, avec armes et munitions, après la démission de leur chef Michel DJOTODIA le 10 Janvier 2014 lors d’un sommet extraordinaire de la CEEAC convoqué à Ndjamena.

Annonçant leur volonté d’établir une démarcation entre les régions musulmanes et chrétiennes, laissant augurer des velléités sécessionnistes,  les ex-combattants de la Séléka commettent depuis toujours jusqu’à aujourd’hui  de nombreuses exactions graves : incendies criminels, destructions et pillages. Les meurtres ont été d’une rare violence : les victimes ont été souvent démembrés, exécutées par balle, lapidées ou brulées à mort. Comme en témoignent les évènements malheureux qui se sont produits à Alindao où au cours d’une attaque menée sur une institution religieuse, les éléments d’UPC d’Ali Darassa, ont incendié l’Eglise Catholique, brulé les maisons de centaines de chrétiens, faisant 60 morts parmi lesquels deux prêtres retrouvés morts calcinés.

A mesure que les ex-combattants continuent de contrôler certaines villes ou villages qu’ils occupent au Nord et Nord-Est de la République, ils répètent à maintes reprises le même scenario d’attaques indiscriminées à l’encontre de la population civile chrétienne. Certaines populations qui ont perdu leurs maisons cherchent refuge en brousse.

Pas plus longtemps, pendant que le Gouvernement s’apprêtait à ouvrir la cérémonie de la festivité de Journée Mondiale de l’Alimentation (JMA), à Bambari, ces mêmes éléments d’UPC d’Ali Darassa, en coalition avec ceux de MPC d’Alkatim, FPRC de NOURRIDINE Adams, et d’Abdoulaye Hissen, ont coordonné un offensif sur la position de nos Forces de Défense et Sécurité Intérieure, tuant nos deux vaillants policiers, bafouant ainsi l’autorité de l’Etat. Grace à l’intervention de la Force Spéciale du contingent Portugais et Népalais et celle des FACA, les assaillants étaient obligés de se battre en retrait, si non le Bilan devrait être très lourd.

  1. c) Analyse de la Situation.

L’analyse actuelle de la position des ex –Combattants de la Séléka montre clairement que « les violences organisées contre les populations civiles et les conflits armés entre eux et le gouvernement se traduisent  uniquement :

1°) à des problématiques de partage de pouvoir entre leurs différentes factions et le régime actuel ; par une lutte armée comme moyen de pression de revendication politique;

2°) à des approvisionnements en armes contre des ventes illicites des diamants et ors chez les pays voisins ; prélèvements des taxes douanières illégales, afin d’entretenir leurs éléments et de pérenniser la lutte armée comme aussi moyen de pression;

3°) à des problématiques ethno-religieuses dans l’objectif de faire croire à la communauté internationale que la crise Centrafricaine se résume à un affrontement inter-religieux pour mettre en exécution leur plan machiavélique du « spectre  de la fameuse  partition du pays  qui habite en eux », et ou de demander « leur autonomie, lors du déroulement des négociations à Khartoum dans le cadre du Dialogue initié par l’Union Africaine ».

Cependant, il est aussi très probable, d’accuser les représentants des différents groupes Séléka, désignés par leurs structures et nommés membres du gouvernement actuel, comme complices et hauteurs intellectuels d’exploitation  de toutes les formes de violences, orchestrées contre le gouvernement et ses administrés. Cela est justifié par leurs silences absolus, suite à toutes les attaques organisées par leurs éléments à l’intérieur du pays. A titre illustratif, aucun membre du gouvernement représentant la Séléka n’a jamais condamné l’acte commis par ses éléments depuis les évènements d’Alindao jusqu’à ceux récemment commis à Bambari.

  1. d) Propositions

La dynamique actuelle de la situation sécuritaire du pays semble attester la nécessité de construire une réflexion approfondie qui articule justice, paix, et démocratie. C’est pourquoi, loin de toute culpabilisation, le CCR, s’est engagé dans la voie qui est la sienne : mettre en débats les causes et les solutions, en vue de propositions constructives et opérationnelles, qui dans leurs mises en œuvre mèneront vers une paix durable, puisque la reconstruction de la vie sociale fondée sur la Paix, la Justice et la Solidarité de toutes les couches de la population Centrafricaine, n’atteindra pas son but que lorsque la culture de droits de l’Homme, de la tolérance imprégnera la sagesse de tous les Centrafricains.

Ainsi le CCR propose :

  • Au gouvernement, de passer un message fort, de la part du peuple Centrafricain, aux groupes armés, en particulier les ex combattants de Séléka en leur signifiant clairement que le dernier dialogue en date est celui initié par le panel de l’Union Africaine. Après celui-ci il y aura aucun dialogue ;
  • A tous les groupes armés, le peuple vous observe avec un œil vigilant et vous demande de s’engager devant l’histoire, de mettre fin définitivement aux attaques perpétrées contre les paisibles populations à l’intérieur du pays ;
  • A la MINUSCA, d’appliquer avec dernière énergie, en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations Unies qui lui a été conféré, l’usage de force, en cas de besoin, sur tous les groupes armés après signature de l’Accord de Paix initié par l’Union Africaine;
  • A la Communauté Internationale, en particulier l’Ambassade de France, l’Ambassade des Etats-Unis, et l’Union Européenne de s’impliquer davantage dans cette résolution des conflits armés pour renforcer et garantir la stabilisation de la Centrafrique ;
  • Au peuple Centrafricain, d’être vigilant, uni, soudé et débout comme un seul Homme, car les ennemis qui ont pris ton pays en otage, sont en chemin de retour.

 

                                                                                         Fait à Bangui le,19 janvier 19

                                                                 Président Fondateur

                                                Sébastien WENEZOUI

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