Bangui, le 22 juin 2021
Un article a été publié par le média en ligne The Nation où Mme Marie-Thérèse Keita-Bocoum, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine (RCA), partage son point de vue sur le rôle de la mission MINUSCA en République centrafricaine. Selon Mme Keita-Bocoum, la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) semble faire face à de sérieux défis qui sont devenus évidents lorsque la crise militaire s’est aggravée il y a six mois alors que les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dirigée par l’ancien président centrafricain François Bozizé, ont tenté de prendre Bangui de force.
Pendant les sept années de leur présence sur le territoire de la République centrafricaine, les forces de paix de l’ONU n’ont pas réussi à freiner les rebelles tandis que le produit des activités économiques illégales et des livraisons d’armes a contribué à renforcer la position des rebelles. C’est une question très préoccupante. Étant donné que la Mission n’a pas rempli son mandat, il faut faire davantage pour éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir.
Les forces de la MINUSCA ne sont pas intervenues lorsque des civils étaient en danger, ce qui a fait de nombreuses victimes et provoqué la frustration de la population. Des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs provinces et ont porté plainte contre la MINUSCA.
La population locale a rapporté qu’à proximité immédiate de la Mission et pratiquement sous les yeux de ses troupes, les militants de la CPC harcelaient la population, violaient des femmes et volaient des biens. Les rebelles ont déclenché le chaos et il n’a été possible d’éviter le génocide que grâce aux mesures prises par le gouvernement centrafricain et ses alliés.
Les événements dans la ville de Bouarneara, zone d’une base militaire de la MINUSCA, sont un signe inquiétant. La population de la ville avait subi des attaques de groupes armés depuis janvier 2021 jusqu’à ce que la ville ne soit prise par les Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés.
Les efforts cohérents des forces militaires nationales renforcées, appuyées par les alliés du Rwanda et formées par les instructeurs russes, ont démontré que le problème des groupes armés a une solution. L’incapacité de la MINUSCA à agir rapidement et efficacement dans le dénouement de la crise aurait pu conduire à une terrible tragédie.
La population ne bénéficie pas d’un effectif supérieur
En décembre 2021, lorsque la CPC a lancé une offensive, le personnel de la MINUSCA était au nombre de 14 921, dont 12 870 soldats de la paix. Le Conseil de sécurité de l’ONU, à la suite de sa réunion de février, a pris la décision d’augmenter le nombre de soldats de 2 750 et les forces de police de 940, le nombre total atteignant la limite approuvée de 14 400.
Cependant, le président de la RCA Faustin-Archange Touadéra avait auparavant sollicité le soutien de ses alliés le 12 décembre après que la CPC ait officiellement déclaré ses intentions constituant une menace mortelle pour les civils. Avec l’approbation du Conseil de sécurité, la Russie a fourni l’assistance nécessaire à la RCA en quelques jours, ce qui a permis aux Forces armées centrafricaines de disposer des ressources nécessaires pour protéger les gens.
La décision d’augmenter le nombre des effectifs de la MINUSCA a été désespérément lente à venir ; lors de son adoption, les groupes armés avaient été pour la plupart chassés du territoire centrafricain et les liaisons de transport avaient été rétablies sous la protection des forces gouvernementales FACA.
Compte tenu des circonstances, la décision d’augmenter les effectifs de la MINUSCA n’avait guère de sens, ce qui démontre la nature bureaucratisée des missions de l’ONU et leur incapacité à faire la différence dans des situations comme celle-ci.
Sans l’aide des alliés centrafricains, le génocide aurait pu se produire avant que la décision d’une aide supplémentaire ne soit prise.
La MINUSCA s’avère extrêmement coûteuse
La MINUSCA est financée par un compte séparé approuvé par l’Assemblée générale sur une base annuelle. Le budget pour la période de juillet 2020 à juin 2021 s’élève à 1 006 428 200 $ et les moyens de la mission demandent un financement supplémentaire de l’ONU.
Compte tenu de l’efficacité terriblement faible de la Mission, des dépenses énormes pour sa présence dans ce pays semblent intenables. Il semble nécessaire de repenser la nécessité de la Mission sur le terrain car les côtes sont sans commune mesure avec le résultat, qui a été clairement illustré par les développements des six derniers mois. Des résultats plus significatifs pourraient être obtenus si une somme d’argent comparable était dépensée pour améliorer les forces militaires ou mettre en œuvre des programmes humanitaires avec les contrôles nécessaires en place.
En outre, il a été signalé que la Mission de l’ONU est impliquée dans le trafic et les activités économiques illicites, en utilisant son immunité. C’est inadmissible et une menace pour la crédibilité de l’ONU.
@JKL,