Centrafrique : Evacuation sanitaire, un véritable crime de lèse-majesté pour les patients

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Bangui, le 24 oct. 20

Que reste aux Centrafricains ? Absolument rien ! Si oui les larmes et la désolation. On sait tous que le Centrafrique est depuis une bonne décennie victime d’une crise de bonne gouvernance tant dans le secteur public que dans les secteurs associatifs. C’est dans ce contexte que les malades qui ont besoin d’évacuation sanitaire sont victimes de cette politique de discrimination, de lenteur et de monnayage.

Selon une source des Centres hospitaliers de Bangui et des provinces, le problème d’évacuation sanitaire est à prendre au sérieux surtout pour les malades qui ne sont pas nés dans les familles des hauts dignitaires de ce pays : « C’est une grande déception lorsque je me rappelle du décès de ma femme dont le dossier d’évacuation a fait le tour des bureaux des ministères sans avoir une suite favorable. Je ne sais quoi dire si une mort brutale vient me séparer de ma femme non par défaut des moyens mais par imprudence de ceux qui sont au service de la population centrafricaine. Même pour avoir le rapport de commission d’évacuation, c’est un problème »

Selon cette source qui a fait confiance à notre rédaction, pour bénéficier des grâces des soins à l’extérieur, il faut être de la famille des grands directeurs de ce pays ou des membres du gouvernement les plus influents comme si la santé avait de classe sociale : « Le problème centrafricain, nous le connaissons tous, c’est celui de la corruption, du népotisme, du clanisme et du régionalisme. On ne peut pas penser que dans un pays où l’on parle de santé pour tous, que le problème des évacuations ne soit pas pour tout le monde. On fait traîner le dossier au ministère jusqu’à découragement ou jusqu’à la mort du patient. Cependant, il suffit de déposer ton carnet d’adresses pour que les choses évoluent vite ou à défaut, proposer les billets de la BEAC. C’est une véritable honte et même nous les médecins qui voulons aider ces malades, on n’a les mains liées par cette politique », a affirmé une source hospitalière.

Comme c’est une chaine, du rapport du médecin traitant qui remet le dossier à la famille du patient qui à son tour doit l’acheminer à la commission d’évacuation qui, a après validation du rapport, propose un arrêté du ministère de la Santé publique et de la population. Une demande doit être adressée au ministère des Finances  pour la prise en charge. Ici, c’est un véritable calvaire pour le malade. Une fois l’ordre de paiement signé, le patient peut espérer son évacuation mais à quel prix et à quel temps ? En tout cas, avec ces tracasseries, la maladie profite de l’insouciance de ceux qui se disent au service de la population, pour faire son bonhomme de chemin.

Or, la RCA ne dispose pas de structure sanitaire pouvant mettre les Centrafricains à l’abri des cas graves non par manque de moyens mais à cause d’une politique qui consiste à la prédation des ressources de l’Etat.

@Jacques KOSSINGOU, 

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