Centrafrique : Devoir de mémoire O3 NOVEMBRE 1996, il y a 24 ans JEAN-BEDEL BOKASSA l’homme du développement quittait son pays

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Bangui, le 04 novembre 20

L’histoire du développement de la République centrafricaine est en partie l’œuvre d’un bâtisseur au nom de Jean-Bedel Bokassa qui, malgré sa dictature a su donner un cadeau au peuple centrafricain. Ses œuvres restent gravées sur les mémoires des Centrafricains. Et pour preuve ?

Lorsque le premier empereur centrafricain prend les commandes de son pays, l’espoir était permis. Mais comme le monde n’est fait que des ingratitudes, l’anniversaire de sa disparition ne dit rien et ses œuvres sont tombées dans les nids de poussières où aucun de ses successeurs ne parvient à faire mieux que lui. Cet homme de réalisation pour doper la production/productivité et faire bénéficier aux producteurs le fruit de leur travail, Bokassa avait favorisé et encouragé la créationdes industries et usines qui transformaient sur place les matières premières pour la commercialisation des produits finis. Des industries cotonnières étaient aussi créées pour l’achat du coton, son tissage et la fabrication des pagnes (CIOT, UCCA, UCATEXT…)

Les femmes centrafricaines étaient particulièrement fières de porter des pagnes de qualité fabriqués en Centrafrique. Des usines de filature et de tissage de sac à base de roselle étaient également implantées en Centrafrique (ICCA, SACAF). L’huile de cuisine de qualité et du savon étaient produits par la société SICPAD (actuelle HUSACA). Le café traité produit par l’usine de torréfaction dénommée SATO qui préparait environ 400 tonnes de produits à la consommation. Le tabac fini était produit par la société ICAT (Industrie centrafricaine de tabac) puis Manucacig devenue laSocacig (Société centrafricaine de cigarette).

La femme de sarki, dans la région de l’ouest du pays, avait une petite usine de production du lait, du beurre, du fromage et de la crème à base de bœufs de ranch, notamment les races Baoulés, Ndamas et les Zébus mbororos (peulhs) dont une partie était dressée pour la culture attelée.

Juste avant d’être renversé du pouvoir par l’armée française, pour réinstaller David Dacko le 20 septembre 1978, Bokssa était sur le point de mettre en place des sociétés verticales, dont les activités devraient être financées en grande partie par la Banque nationale centrafricaine pour le développement. On le voit, pour Bokassa, seule la bataille contre le sous-développement sur laquelle, il croyait à une victoire pourra permettre à la RCA d’accéder à l’indépendance économique Bokassa I de 1976 à 1979. Jean-Bedel Bokassa avait 17 femmes et 36 enfants reconnus à charge. «…«J’ai fait les choses comme Napoléon: en grand». Bokassa estimait avoir apporté beaucoup à ses concitoyens.

Il entreprit effectivement la construction d’un stade, d’un aéroport, d’un hôpital, de routes mais, aussi, celle d’arcs de triomphe, de statues à son effigie et du palais de Berengo, dans son village natal. Bokassa prenait l’argent disponible dans les caisses de l’Etat et le dépensait, au gré de ses humeurs. Il ne supportait ni la critique, ni la contradiction. Ses ministres, ses enfants, des opposants, des journalistes ou des diplomates en firent tour à tour les frais. Des coups de canne à l’assassinat, Bokassa usa, tout au long de son règne, d’une gamme variée de répression. A Paris, les années passant, on ne parlait plus de «sautes de caractère» mais d’un «caractériel».

Mais si les «frasques» du président à vie inquiétaient, elles ne semblaient pas de nature à remettre en cause les liens avec le dictateur d’un pays qu’Alexandre de Marenches, ancien patron des services secrets, qualifia de «garde-chasse privé de la République française».» Quand, après s’être nommé lui-même maréchal et «président à vie » de la République centrafricaine, Bokassa se proclame «empereur», en décembre 1977, sa célébrité de mauvais aloi n’a d’égale que celle du maréchal Amin Dada, le tyran ougandais. Pour beaucoup, cependant, le plus bouffon des «rois nègres» apparaît encore comme un être plus ingénu que malfaisant, un peu trop prodigue des deniers que la France continue de lui verser au nom de la coopération, mais pas antipathique. «N’est-il pas touchant, écrivit un observateur, que Bokassa choisisse de porter la couronne de Napoléon, inspirée elle-même de celle de Charlemagne, pour implanter son pouvoir au cœur de l’Afrique ? C’était oublier que «le chamarré», comme l’appelaient certains de ses compatriotes, en faisant allusion à son goût pour les médailles, était aussi un bourreau.»

Géraldine Faes, «Bokassa ou le fantasme du «roi Nègre»», Jeune Afrique (France), 13 au 19 novembre 1996, p. 37. «…La vérité c’est que, de 1966 à 1979, les excentricités de Bokassa, et même son goût pour les belles créatures, étaient connu de tous à Bangui, mais ne gênaient en rien la population. Au contraire, il arriva même que la manière brutale dont Bokassa tint parfois tête à la France plût à ses concitoyens.

Bokassa prenait de l’argent de l’argent dans les caisses de l’État, à son gré, dilapidait des millions en futilités, mais, profitant de la bonne tenue des cours mondiaux du coton et du café, il construisait : l’université, le stade, des routes, l’hôpital de Bangui sont «ses» réalisations. Sous l’Empire, les Centrafricains croient aujourd’hui se souvenir qu’ils vivaient mieux (…) Arrestations, détentions arbitraires, tortures faisaient régner dans le pays un climat de terreur et d’insécurité qui prit fin avec le départ de Bokassa. Si la population a pardonné au vieil homme, elle n’a pas oublié.

Simplement, les Centrafricains voulaient que l’on juge leur président pour ses crimes et non pas pour exorciser on ne sait quelles peurs blanches… » Malgré tout, Bokassa croyait que l’indépendance politique n’est pas une fin en soi, elle n’est pas suffisante. Elle n’est vrai que si le développement, signe de l’indépendance économique, devient une réalité. Sous Bokassa, on ne parlait pas de faim, on ne mendiait pas la nourriture. En matière agricole, il prêchait par l’exemple car, avait des vastes champs.

@Bienvenu ANDALLA, 

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