CENTRAFRIQUE : DE LA PROBLÉMATIQUE DE LA PACIFICATION DU PAYS ET SÉCURISATION DES FRONTIÈRES FACE AU DÉSARMEMENT DES GROUPES ARMÉS AVANT LES ÉLECTIONS : UNE PRÉOCCUPATION DU GOUVERNEMENT CENTRAFRICAIN

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Bangui, le 02 sept.-20

La recrudescence soudaine des dernières violences survenues  à Bouar et à Ndélé qui offre depuis  quelques mois l’apparence d’une cité redevenue calme et fréquentable, après l’annonce du désarmement des éléments des 3R, a hélas mis au grand jour des armes hautement sophistiquées et puissantes de longue portée. Des témoins oculaires  ahuris qui ont assisté au déploiement de ces lourds engins de la mort s’interrogent encore sur l’identité de leurs propriétaires, le stockage, la provenance et les circuits d’importation de ces armes particulièrement redoutables de destruction de masse. Or, le pays est face à un défi qui consiste à organiser les élections dans quelques mois. Mais comment faire si on a des punaises sur les chaussures ?

La paix, la réconciliation et le vivre ensemble passent nécessairement par ce désarmement attendu par la population civile. Halte à l’hypocrisie et à la mafia pour changer la donne politique de la République centrafricaine à quelques mois des élections couplées. Un peu plus d’un an après sa signature commune entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés en présence, des garants, les facilitateurs et les groupes armés en Centrafrique, l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation marquera longtemps encore les esprits. Ce brûlant sujet d’actualité préoccupe toutes les parties prenantes et l’opinion publique. Depuis près d’un an, il est au cœur des couches sociales : gouvernement, partis politiques, société civile, syndicats, associations féminines, mouvements des  jeunes, chefferies traditionnelles, plateforme religieuse, les populations rurales et urbaines, etc.  Sans toutefois oublier les médias nationaux qui servent généralement de courroies de transmissions transversales et horizontales entre les dirigeants et les administrés, d’un côté entre les toutes les couches sociales elles-mêmes de l’autre côté.

Logiquement, dans la ligne droite du président Faustin Archange Touadera qui, depuis son accession à la magistrature suprême il y a quatre ans maintenant, prône sans cesse la politique de la main tendue opposée à la solution de la force pour neutraliser les hors-la-loi au risque  d’embraser dangereusement la situation. La présence des groupes armés dans le gouvernement fait toujours débat et les tentatives de médiation demeurent maintenues, estimant que tout le monde  garde toujours confiance aux garants et aux facilitateurs qui se sont engagés à poursuivre le dialogue coûte que coûte conformément aux recommandations de l’Accord de paix de Khartoum. Depuis le début de dérives enregistrées où les groupes armés écorchent l’Accord de paix de Khartoum, par un mot la politique du président de la République, les Centrafricains ont plaidé pour un processus DDRR sans complaisance. Le chef de l’Etat Veut-il par une attitude prudente, laisser le temps aux chefs de guerre de revenir à la raison ? Il se fait tard. En tout cas, pour le gouvernement du Premier ministre Firmin Ngrébada et du chef de la Minusca, Mankeur Ndiaye, il n’est pas question de revenir en  arrière. Les groupes armés doivent être désarmés.

On peut dire que la danse macabre à laquelle se livrent encore les groupes armés avec le gouvernement centrafricain et la communauté internationale est devenue un rituel satanique et illusoire pour entretenir durablement la crise centrafricaine sans fin. On devine finalement les manipulations  des commanditaires  intérieurs et extérieurs qui ne sont pas les seuls éléments à maintenir  et accentuer le chaos en raison des visées hégémoniques et égoïstes sur les pillages systématiques et sélectifs des richesses nationales qui nourrissent les rébellions et leurs hommes, voire certains partis politiques d’opposition manipulables à souhait de l’extérieur qui tireraient profit en partie de leur antipatriotisme coupable. Heureusement, on remarque une nouvelle prise de conscience chez les Centrafricains, toutes catégories sociales et tous âges confondus, qui, aujourd’hui, ont su tirer intelligemment les leçons sur les conséquences des crises militaro-politiques dans ce pays.

Des dissensions internes liées à une guéguerre  de leadership et l’incertitude sur leur avenir doublée de la perte d’avantages matériels tels que les butins de guerre faciles peuvent mourir leurs ressentiments du moment, malgré l’appât des primes octroyées contre la remise volontaire de leurs armes. Car, en matière de rébellion armée, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Ce qui explique le surplace constaté dans certaines zones occupées où les rebelles et surtout les mercenaires s’opposent au dernier «R » (Rapatriement) des apatrides non clairement mentionné.

La prolifération des armes qui préoccupe tant le gouvernement et la communauté internationale, surtout le Comité de sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies est une question extrêmement importante pour la reconstruction de L’armée centrafricaine qui est le véritable nœud de la problématique du retour rapide et définitif de la paix dans le pays. Il ne faut pas pousser trop loin pour chercher et comprendre les raisons de certains freins. Comment sauver l’Accord de paix de Khartoum maintes fois écorché par certains groupes pourtant signataires de ce document consensuel ? C’est la question qui devrait préoccuper les garants et les facilitateurs alors que le processus DDRR a été officiellement lancé  dans le pays par le président Faustin Archange Touadéra et doit irrésistiblement poursuivre son cours jusqu’à la fin.

Il ne fait aucun doute que la principale source de la multiplication des groupes armés dans ce pays demeure la porosité des frontières de la RCA avec ses voisins. Il ne se passe pas un seul jour sans que les mercenaires criminels fassent leur incursion dans le pays. Une fois s’installer, ils se constituent souvent comme des nouveaux groupes en tuant et en exploitant illicitement les ressources naturelles du pays. Les frontières avec le Tchad, les deux Soudan et les deux Congo constituent la principale source de ravitaillement par ces milices armées. Il faut donc sécuriser les frontières si l’on veut faire un DDRR à la hauteur des attentes des populations.

Dans ce contexte incertain, certains chefs rebelles ont tout de même commencé à adhérer, sur ce coup de semonce, le processus DDRR dont l’élan devrait stimuler les autres entités hésitantes à titre exemplaire. Mais, la volonté gouvernementale reste intacte en dépit des atermoiements, des reculs et des calculs sordides teintés de mauvaise foi chez les uns et les autres.

Nous osons croire que le gouvernement centrafricain, les garants et facilitateurs sont suffisamment avertis et vont prendre des mesures sécuritaires au niveau des frontières. La solution sur le front sécuritaire en Centrafrique est de plus en plus critique. Des chefs de groupes armés qui font volte-face contre l’Accord de paix de Khartoum dont ils sont pourtant signataires s’agitent. Les observateurs, les garants et les facilitateurs de cet historique document  salutaire sont en alerte. Les populations  civiles s’interrogent anxieusement, la communauté internationale retient son souffle. Le temps est venu pour tourner la page à ses sombres moments historiques qui ne font que retarder le développement du pays.

@Bienvenu ANDALLA, 

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