RCA : les turpitudes des politiques n’ont été qu’une source de la descente du pays à l’enfer

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Bangui, le 17 nov. 22

Que doit-on encore espérer de nos jours en République centrafricaine ? Telle est la question  qui taraude les esprits des Centrafricains en un moment où le pays voulait prendre un bon décollage après une longue période de crise militaro-politique et où les partenaires ont injecté des énormes financements pour redonner espoir à un peuple meurtri par les errements des politiques. Tout se passe comme si la constitution reste l’unique préoccupation de ceux qui se disent des donneurs de leçons.

Que veut le peuple centrafricain ? Ce n’est pas la durée du mandat du président de la République si notre esprit n’est pas erroné. Le peuple centrafricain à y voir dans plusieurs déclarations, a besoin de la mise en pratique des cinq verbes de MESAN du président fondateur Barthélémy Boganda.

Pourquoi notre pays traverse-t-il, encore une fois, une grande période d’instabilité et comment trouver des solutions efficaces et durables ?  La République Centrafricaine ne manque pas d’idées. Elle manque de lieux où les exprimer, les renouveler et les exposer. Les dirigeants ont besoin d’être confrontés à de nouvelles manières de penser et de gouverner. « Les idées gouvernent le monde », disait Auguste Comte, et il est important d’offrir à ce pays un nouvel espace de réflexion.

On ne saurait comprendre de nos jours pourquoi la même thèse n’est pas connue par les politiques.  A moindre chose, on pense à la déstabilisation du pays en sacrifiant la paisible population qui n’a ni routes, ni hôpitaux de référence dans toutes les provinces, ni universités avec des programmes qui répondent aux besoins de la nation.

Plus de 62 ans après la disparition de Barthélémy Boganda, la République Centrafricaine traverse aujourd’hui une situation dramatique sans précédent : crise de régime, crise de gouvernement et crise communautaire. Et les solutions initiées par la classe gouvernante et la communauté internationale semblent montrer leurs limites. Galvaudée bien souvent par les hommes politiques et très mal connue par la jeunesse centrafricaine. L’unique héritage de nos jours  n’est que l’utilisation des armes et la manipulation des informations.

Le drame que vit notre pays depuis bientôt plus de quinze mois nous déchire le cœur. Il ne peut nous laisser indifférents. Nous assistons hélas impuissants à la descente aux enfers de ce que nous avons de plus cher, à savoir notre patrimoine commun : la République Centrafricaine. C’est lorsque le présent paraît insaisissable et l’avenir incertain que l’on se met à idéaliser le passé. Nous voulons résister à la tentation d’idéaliser notre passé. Non pas qu’il soit vide et an-historique pour reprendre l’expression de Hegel mais parce qu’il regorge plus de motifs d’insatisfaction, de frustration et de déception.

Que le prince de Bangui cherche à modifier la constitution  pour briguer ou non le 3e mandat ne doit pas être la première préoccupation de la population car, dit-on le peuple est souverain et exprime sa volonté à travers les urnes. Le Centrafricain du nord au sud et de l’est à l’ouest n’aspire qu’à une seule chose : la paix condition sine qua none de tout développement durable.

L’action politique de Barthélémy Boganda a visé, outre la décolonisation, la libération du peuple centrafricain de la servitude et de la misère pour le hisser à un niveau de dignité convenable qui sied à son humanité. La liberté et le progrès social sont les maîtres-mots que l’on voit transparaître dans tous ses discours et actions politiques. Son engagement pour l’essor économique de la République Centrafricaine et le progrès social au profit du peuple centrafricain découle assurément de son humanisme hérité de la foi chrétienne. L’héritage politique de Barthélémy Boganda se décline en quelques points suivants : les attributs de la République Centrafricaine, un principe fondateur et le MESAN.

Ceux qui s’agitent au nom du peuple n’ont jamais construit des écoles pour éduquer la jeunesse, n’ont jamais construit des hôpitaux pour soigner et guérir les malades, ne parviennent pas à créer des emplois pour nourrir ceux qui souffrent de nos jours dans nos provinces, ils ont été ceux qui ont détruits les industries qui habillaient la population centrafricaine.

Depuis l’indépendance, Barthélémy Boganda est mangé à toutes les sauces à tel point qu’il ne fait plus rêver. Même la simple évocation de son nom provoque chez certains une véritable crise d’urticaire. Les idées politiques de cet illustre Centrafricain sont tellement galvaudées qu’elles n’enchantent plus personne. Ce patrimoine national, qui a beaucoup de plus-values que tous les hommes politiques centrafricains réunis, a cessé d’être l’objet de notre de fierté, le fondement de notre unité et l’expression de notre identité. D’ailleurs, la majorité silencieuse de notre peuple, surtout la jeunesse centrafricaine, ne le connaît même pas ou très peu par conséquent, ne se reconnaît pas en lui dans la mesure que les politiques ne proposent que les malheurs et la désolation. Voilà que pour une constitution révisée, le pays risquerait de se replonger dans une autre crise car, il n’y a pas de dialogue franc entre le pouvoir et l’opposition. Chacun tire la couverture de son côté en dupant les vrais patriotes. A qui la faute si le pays tire le diable par la queue ?

@Hervé BINAH

 

 

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