Bangui, le 09 janvier 23
La nouvelle année qui vient de commencer s’avère être celle de tous les défis pour le gouvernement centrafricain compte tenu des perspectives qu’il s’est fixées. C’est dans ce sens que le Président de la République Faustin Archange Touadera a, lors de son discours inaugural du premier conseil des ministres de l’année en cours, mis en garde ses ministres sur certains dérapages et les a exhorté à rassurer les Centrafricains par des actions concrètes, de leur apporter des solutions par des innovations majeures, des réformes courageuses.
Le discours inaugural du Président de la République lors du premier conseil des ministres de l’année 2023 apparaît comme un discours historique plein de franches vérités à ses ministres. On dirait que le Chef de l’Etat a haussé le ton pour mettre fin à la récréation.
Tour d’abord en faisant une rétrospection sur l’action gouvernementale au cours de l’année qui vient de s’achever, le Président de la République a reconnu que le gouvernement et l’ensemble des pouvoirs publics ont globalement œuvré dans le sens de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et du progrès économique et social du pays.
Pour le Chef de l’Etat, les réformes entreprises et la maîtrise des dépenses publiques de son gouvernement ont permis au pays de résister aux chocs du changement climatique, de la pandémie de Coronavirus, de la crise en Ukraine et de la suspension des appuis budgétaires.
C’est dire que le gouvernement centrafricain n’a pas démérité durant l’année 2022 en dépit des difficultés liées à certaines contraintes exogènes.
Sur le plan interne, la conjoncture sociale a constitué une onde de choc sur le bon fonctionnement de l’administration centrafricaine. Grâce à la mobilisation des recettes domestiques et la bonne maîtrise des dépenses publiques, le gouvernement a pu faire face aux charges régaliennes de l’Etat et, exécuté certains projets et réformes. Il faut dire que le gouvernement a pris des initiatives heureuses et engrangé des résultats positifs qui ont permis de maintenir le cap comme a laissé entendre le Président de la République.
Cependant le Président de la République n’a pas manqué de faire observer aux membres du gouvernement qu’il y a eu également de retard sinon de l’inertie dans l’implémentation de certains projets ou de certaines réformes.
C’est le cas du constat fait par les Centrafricain qui n’ont cessé de relever que les actions de certains ministres n’étaient pas visibles, du fait d’absence de véritable communication autour de leurs actions et de manque collaboration pour certains, soit par manque de dynamisme dans l’exécution des lettres de missions pour d’autres.
Pour le Président Touadera, le gouvernement devait faire preuve d’anticipation et être proactif afin de prévenir face à la survivance de certains évènements qui ont eu de conséquences lourdes sur le pays. « J’ai également observé l’absence d’anticipation et de proaction sur certains événements protéiformes qui ont émaillé l’année 2022.
Le Gouvernement devrait commanditer une étude pluridisciplinaire sur les conséquences de la crise en Ukraine, sur la persistance du COVID-19 ou sur la suspension des appuis budgétaires, afin de prévenir les conséquences sur le plan économique, financier, sécuritaire, humanitaire et même social », a déclaré le Président Touadera.
Selon lui, la conséquence en est que le pays a été frappé de pleins fouets par une crise des produits pétroliers et de première nécessité dont les impacts sont négatifs sur la croissance économique et le panier de la ménagère.
Le Président Touadera a aussi reproché à ses ministres les cas d’absences injustifiées au conseil des ministres qu’ils invoquent des raisons personnelles pour justifier de longs séjours à l’étranger, au détriment des affaires publiques. Ce sont des faits réels qui se passent au vu et au su de tout le monde. La plupart des membres du gouvernement ne connaissent pas véritablement le travail pour lequel ils sont nommés. Comme nous l’avons toujours relevé dans nos articles, plusieurs membres du gouvernement brillent par un absentéisme criard au sein de leur département respectif. Certains d’entre eux ont suivi les sentiers battus : peu d’initiatives, d’innovations, se confortant dans le règlement des parapheurs. Dans certains départements, il y a absence d’une collaboration franche entre les ministres et le capital humain mis à leur disposition, mais aussi avec les partenaires, ce qui pourrait justifier l’insuffisance des résultats.
Le Président de la République en observateur averti, a fait savoir à ses ministres qu’au cours de l’année écoulée, quelques dérapages ont été enregistrés et qui d’après lui, ne doivent pas se reproduire en 2023. Il s’agit, entre autres, du non-respect de la solidarité gouvernementale, de la discrétion, du devoir de réserve, de l’obligation d’intégrité, de l’obligation de moralité et de dignité, du devoir de probité et de loyauté vis-à-vis de la République.
Il a donc insisté sur le devoir de réserve car d’après ses constats, certains membres du gouvernement, ont affiché, sur les réseaux sociaux, des positions critiques sur des délibérations du conseil des ministres. Il en est de même sur la discipline dans les prises de parole dans les médias publics, privés ou sur les réseaux sociaux, tant par les agents de l’Etat chargés de gérer les réseaux sociaux des ministères que par les ministres eux-mêmes.
En conclusion, le Président de la République a demandé aux ministres de respecter et de faire respecter l’Etat de droit, de préserver l’unité nationale, la cohésion sociale et le caractère laïc de l’Etat, gages de progrès économique et social.
Tout en les exhortant à consolider les acquis de l’année 2022, le Chef de l’Etat leur a demandé d’accélérer les réformes, de travailler à répondre de manière efficace aux besoins sociaux de la population, à réduire le train de vie de l’Etat et à intensifier la lutte contre la corruption. Et également d’être toujours à l’écoute de la population, leur baromètre, en faisant preuve d’une disposition d’esprit et d’une réelle capacité à se remettre en cause.
@JACKO
