Bangui, le 10 juil. 22
C’est le constat amer que font les Centrafricains depuis un certain temps. Le pouvoir en place depuis le MCU, le parti politique du Président de la République en passant par les députés de la majorité jusqu’aux soutiens du Chef de l’Etat connaît en leur sein une guéguerre qui fait rage en ce moment et qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses.
Comme il faut appeler le chien par son nom, ce qui se passe au sein du pouvoir en place, est une véritable guéguerre. Même si le mot déplaît à certain, c’est bien la triste réalité au cœur même du pouvoir en place. Il y a une crise latente au sein de la majorité présidentielle et le pouvoir donne l’impression d’être assis sur une braise qui risquerait de l’emporter à tout moment.
Jamais un parti au pouvoir n’a été autant divisé que le MCU actuellement au pouvoir. Même si souvent il y a des divergences sur certaines questions au sein des régimes mais elles n’ont pas atteint un niveau aussi culminant au point de fragiliser l’appareil politique au pouvoir qu’est le MCU.
Depuis la réélection du Président Touadera pour un second mandat, certains caciques du pouvoir et de la majorité se livrent de manière voilée à une lutte de positionnement. Même si pour les observateurs de la vie politique, c’est de bonne guerre cependant ce qui se passe actuellement dépasse l’entendement humain.
Il va sans dire que depuis la réélection du Président Touadera, certains caciques commencent déjà à montrer clairement leurs ambitions de lui succéder d’autant plus que ce serait selon eux son dernier mandat même s’il n’a pas encore dit son dernier mot. Cette situation se traduit par des attaques interposées de certains cadres et caciques du régime contre d’autres, des coups bas politiques, des trahisons et autres manœuvres pour ternir leurs images afin de les déstabiliser.
C’est ainsi que les Centrafricains médusés ont assisté ces derniers temps à des cabales médiatiques menées par certains mercenaires politiques téléguidés par certaines personnalités politiques tapis dans l’ombre contre d’autres qui sont pourtant de même bord qu’eux. Les révélations faites par ces pourfendeurs démontrent clairement que les secrets d’Etat qu’ils ont révélés viennent de ces personnalités politiques haut placées.
Au sein du MCU il y a des voix discordantes qui s’élèvent par rapport à des visées politiques de certains militants de ce parti. A titre d’exemple, un groupe de soutiens au Président Touadera et certains membres du MCU ont émis l’idée que soit révision la Constitution. Même si cette idée n’est pas entrée dans sa phase pratique, le bon sens aurait voulu que tout ce que comptent le MCU et les soutiens à Touadera puissent avoir une position commune. Mais force est de constater qu’il y a eu une véritable dissension sur cette question au point que certains cadres du MCU aux agendas cachés s’en prennent aux partisans de la révision de la Constitution.
Au sein même de l’Assemblée nationale, il règne un climat de méfiance entre les députés de la majorité présidentielle. Certains élus de la nation de la majorité cherchent à clouer au pilori leurs collègues de même bord qu’eux en mettant à la disposition de la presse des informations pouvant les éclabousser. Malheureusement pour eux, ils finissent par être dévoilés par ceux à qui ils ont fuité les informations.
Pareil pour certains dignitaires du régime qui aiguisent depuis leurs couteaux en vue de poignarder le Président Touadera si jamais le projet de la révision constitutionnelle venait à voler en éclat. Ceux-ci pour la plupart ont été des Premiers ministres, des alliés de Touadera voient de mauvais yeux ce projet de révision de la Constitution qui risquerait de faire obstacle à leurs ambitions de succéder à Touadera. Tels de véritables loups dans la bergerie, ils passent outre pour financer certains groupes de pression afin de faire avorter le projet.
Autant dire qu’il y a plusieurs chapelles qui surgissent au sein du MCU, faisant ainsi de ce mouvement politique un véritable panier à crabes. Il n’est pas rare que l’on assiste à des manipulations politiques de tout genre au sein du régime en place.
Pour les observateurs les plus avisés de la vie politique centrafricaine, la faute incombe en partie au Président de la République qui ne sanctionne pas assez. Et depuis son avènement au pouvoir, il n’a pas pris la peine de nettoyer la curie d’Augias comme on le dit.
Pour preuve, plusieurs personnalités du régime de Samba-Panza voire celles qu’il a nommées au début de son premier mandat, continuent d’occuper d’importants postes de responsabilité comme ceux des Directeurs Généraux, des PCA et d’ambassadeurs. De par les positions qu’elles occupent, elles influent gravement dans le système du pouvoir en place. Il susurre que certains d’entre eux rouleraient pour les ennemis de la République et jouent des rôles nuisibles pour fragiliser le régime de Touadera de l’intérieur, d’autres même financeraient des rebelles qui combattent le régime et se frappent la poitrine en soulignant à qui veut entendre dire « mangeons, pillons, demain nous partirons et Touadéra seul répondra face au peuple électeur »
Comme un bon père, le président doit savoir que le vrai amour est celui qui donne de tonus à la vigilance et aux répressions. Ce pour dire, le président avec son bâton de pèlerin ne doit pas laisser émerger le laxisme dans la maison. Certains membres du gouvernement et des directeurs généraux profitent de sa gentillesse pour damer le pion.
Au demeurant il faudrait savoir que la division au sein du régime risque d’emporter le régime et avec lui tous ceux qui le soutiennent. Ainsi tout le monde a intérêt à être soudé autour du Président puisque tous ont un même objectif commun. Ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise. Enfin le Président doit savoir que l’épine est déjà tout près de son pied, il lui revient d’être vigilant et de sanctionner les brebis galeuses qui rôdent autour de lui.
@Jacques KOSSINGOU
