Alors que gamberge dans la tête des tenants du pouvoir et le MCU, la stratégie de propulser l’actuel locataire du palais de la Renaissance vers un 3e mandat, il va sans dire que beaucoup de chemin reste à faire. Et si l’on ne fait pas attention, Faustin Archange Touadéra, risque d’être le seul comptable de sa gouvernance devant le peuple souverain le moment venu.
Or un pouvoir, c’est en réalité un système qui fonctionne avec des acteurs dont chacun a un rôle et une mission bien définis. Pour le cas du régime actuel, deux facteurs pèsent sur la balance pour l’échec cuisant du professeur Touadéra à savoir : le comportement arrogant et despote de ceux qui gravitent autour du pouvoir. Les rendements négatifs du gouvernement et, surtout, la mauvaise gouvernance au sommet des sociétés d’Etat et paraétatiques. A qui la faute ?
L’ONM, (Office National du Matériel), l’ENERCA (Energie Centrafricaine), la SODECA (Société de Distribution d’eau en Centrafrique), l’ORCCPA, l’ANAC, la SOCASP etc., la liste est non exhaustive. Voici une panoplie des sociétés paraétatiques qui, en vérité, si elles avaient été confiées à des hommes qui ont le sens du devoir, si elles avaient été bien gérées, avec des hommes compétents, irréprochables et intègres, contribueraient efficacement à sauver la politique et l’image du Président Touadéra. Malheureusement, c’est tout le contraire. Passons au peigne fin, l’autopsie de ces sociétés paraétatiques actuellement en situation de mort économique faute de bonne gouvernance.
En effet, il suffit de voir le train de vie des présidents des Conseils d’administration de toutes ces sociétés paraétatiques et l’insolente opulence qui caractérise la vie des directeurs généraux. Appelés pompeusement « DG », ces derniers mènent avec leur famille respective, une vie au-dessous de la moyenne de sorte que les Centrafricains se rendent à l’évidence que ces sociétés fonctionnent à merveille et que la RCA va bien.
Un simple tour à la cité « Belle vue », cité des dignitaires du régime Touadéra, permet de mesurer le baromètre de notre analyse. Un véritable offshore sur terre. Des R+8 et 10 sortent de terre comme des champignons dans un pays sous-développé et en mal de ressources, nous chante-on. Chaque DG d’une société a au minimum deux villas somptueuses dans cette partie paradisiaque de la RCA. Signalons au passage que le mandat de tous les directeurs généraux ou presque, est arrivé à expiration depuis longtemps. Mais, puisqu’ils bénéficient de la totale protection de leur ministre de tutelle, ces DG ne craignent rien, ni Dieu, ni Touadéra lui-même. Laxisme et clientélisme obligent !
Tous les jours que Dieu fait, un directeur général ne s’abstient guère de mener une vie au train arrogant. D’ailleurs, tous les DG des paraétatiques, ont tous leurs familles à l’extérieur dans des conditions de vie angéliques à leurs dépens : loyer, nourriture, écolage de leurs enfants à l’étranger, prise en charge des multiples copines et concubines à Bangui et à l’étranger et que savons-nous encore ? voilà le quotidien de nos super DG des sociétés publiques sous le régime Touadéra. Et pourtant, le Président lui-même avait dit que la récréation était finie…
Hélas, cette déclaration n’émeut pas les DG. Chaque jour, les véhicules de commandement des DG défilent à longueur de journée devant les cabinets des ministres de tutelle juste pour remettre des enveloppes en plus des bons vendredi (BV) dont ils bénéficient. Et le plus offrant des DG, restera autant que possible à son poste grâce à ses services rendus. Les sociétés paraétatiques sont devenues de véritables vaches à lait des ministres et des Directeurs généraux. La cité « Belle vue » de Bangui ou le luxe de tous les anciens Premiers ministres du régime en place ?
Les DG roulent les mêmes véhicules que le président Touadéra. Un véritable luxe XXL au sommet des sociétés étatiques. Le tout, béni par les ministres de tutelle qui trouvent leurs comptes grâce aux enveloppes. A titre d’illustration, parmi tant d’autres cas, voyez le véhicule de fonction du DG de l’ENERCA. Un véhicule de 75.000.000 de francs CFA. Et pourtant, l’ENERCA a de sérieux problèmes. Comment peut-on imaginer le DG d’une société qui a des problèmes, qui n’arrive pas à distribuer de l’énergie à toute la population, puisse jouir d’un tel privilège ?
Pour la SODECA, n’en parlons pas. Alors que les Centrafricains ont de la peine à avoir accès à de l’eau de bonne qualité, le DG mène sa dolce vita. Depuis plus de vingt ans, les tuyaux et autres équipements de la société, n’ont jamais été remplacés. ONM, ORCCPA, ANAC, SODIAC, SOCASP, FDF, etc…. toutes les sociétés paraétatiques sont dans l’agonie à cause de la mauvaise gestion.
Les sociétés d’Etat centrafricaines sont malades. Malades de la gestion scabreuse instituée par les directeurs généraux sous la bénédiction et la complicité de leurs ministres de tutelle et leurs conseils d’administration. De l’ENERCA à l’Imprimerie Centrafricaine en passant par l’ONM et la SOCASP, le constat est le même: Caisses vides, train de vie extravagante des DG, gabegie, orgueil et excès d’autorité. Il y en a qui vont jusqu’à brandir à leur collaborateurs, comme des menaces, leur appartenance au MCU et à l’ethnie ou encore au village du Président. Tout cela, pour influencer et proférer le faux pour mieux piller les recettes des sociétés dont ils en la charge.
Noyé dans la même marre que les ministres de tutelle de ces sociétés d’Etat, l’appât des DG a complètement fermé la bouche des ministres qui ne peuvent oser initier un contrôle ou un audit dans telle ou telle société. Avant qu’il ne soit tard, il faut que le Président Touadéra et surtout le Premier ministre qui est le patron de l’administration, prennent le taureau par les cornes pour débusquer les mauvaises herbes cachées dans le jardin. Un audit de toutes les sociétés d’Etat s’impose avec acuité.
Si tous les ministres pouvaient mettre de côté leur goût à la corruption pour suivre l’exemple de la ministre de la Fonction publique, le pays gagnerait en devise et en bonne gouvernance.
@Théogène NZAMBET
