A Bangui, il est coutumier que des chocs violents entre des véhicules de transport de passagers et des camions de marchandises causent des morts et de nombreux blessés graves. Dans le même temps, sur une avenue pleurait des morts dans la collision fatale de deux bus de transport. Quant aux autorités centrafricaines en charge des transports, elles sont contraintes de renforcer l’arsenal de mesures préventives et répressives face à la recrudescence des accidents mortels pendant la nuit, tant dans les quartiers que sur les avenues et autres routes nationales: messages de sensibilisation, renforcement du déploiement des forces de l’ordre, retrait de permis de conduire, etc. c’est quoi le véritable problème ?
La route tue, et tue partout dans le pays qui, certes, est loin de détenir la palme d’or des accidents mortels. Mais en province, que ce soit à Bangui, les conducteurs de voitures, de moto, de bus ou de camion, que ces véhicules soient privés ou de transport en commun, endeuillent impunément des familles, dans des accidents dont ils sont, en réalité, les seuls responsables, ceci à cause de l’ENERCA qui plonge les artères de la capitale dans le noir pendant la nuit.
Véritables «s’en fout la mort» au volant de cercueils roulants, dont le système de freinage laisse à désirer quand il n’est pas simplement inexistant, mais dans lesquels se serrent comme des sardines, des passagers aussi imprudents que fatalistes, ces conducteurs souvent sous l’emprise de l’alcool ou d’amphétamines, ne redoutent qu’une chose sur la route: arriver en retard à destination. Parfois motivés par les primes de propriétaires véreux, ces chauffeurs, sont prêts à affronter tous les dangers, même la somnolence en pleine conduite voire la visibilité qui ne favorise la bonne capacité physique de conduire dans le noir.
Surcharges, dépassements hallucinants, défauts d’éclairage et de documents du véhicule, toutes les infractions y passent. Pourtant, ce sont de vrais bolides qui sont lancés sur des avenues transformées pour l’occasion en pistes de Formule1.
Malheureusement, tout se passe au nez et à la barbe de forces de l’ordre et les agents de l’ENERCA qui se rendent complices, pour une raison ou une autre, de ces course-poursuites auxquelles se livrent les fusées sur terre.
Mais en Centrafrique, la fatalité étant reine, tous les accidents sont la volonté de Dieu. Surtout quand les morts et les blessés sont ramassés à la pelle. L’imprudence des chauffeurs, intimement liée à la recherche effrénée de gains et encore plus de gains des propriétaires est oubliée, malgré l’ampleur du drame. «C’est le sort qui l’a voulu» ou «c’est leur heure qui a sonné».
Ainsi se résument les dernières prières sur des cadavres ensanglantés, enterrés à la va-vite sur le bord de la route. En sorte, nombre de ces accidents portent la griffe de l’homme. Une bêtise humaine la plupart du temps impunie et qui s’enkyste dans les habitudes, transformant les routes banguissoises en cimetières grandeur nature. Les parents et les enfants des victimes n’auront que leurs yeux pour pleurer! Et demain, les mêmes routes tueront encore, dans les mêmes circonstances! Et c’est Dieu qui l’aura voulu!
Non, il est temps pour les autorités de sévir et d’ouvrir les grilles de la prison pour ces démons de la route, y compris les responsables de l’ENERCA qui ont trop ouvert les portes de l’enfer pour d’innocents usagers et passagers. Trop c’est trop! Plus jamais ça!
@Louis DANGOTE