Politique: Mieux vaut traiter avec un adversaire qu’un traitre de son clan

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Bangui, le 25 septembre 23

Les partis politiques qui se réclament des démocrates que font-ils exactement pour le développement de la RCA ? En quoi cette idéologie est incompatible avec la RCA ? Cet article a pour but, de remettre en question l’utilisation de mots sans en connaître le vrai sens.  À commencer par les responsables politiques, en passant par les militants et pour finir, par les… Nous précisons que nous parlons de libéralisme politique, et non de l’intérêt politique, même si le premier découle du second et qu’ils sont souvent confondus.

A l’instar du socialisme, le libéralisme politique a été théorisé en Europe, avant de se propager ailleurs dans le monde comme les Etats-Unis d’Amérique. Ce mouvement a pris son essor à l’issue de la Révolution française et la Révolution anglaise, en opposition à l’absolutisme dans un premier temps, ensuite au socialisme (ou communisme) plus tard.

En dépit du fait que le libéralisme politique est abusivement confondu à la démocratie de nos jours et ce, à coup de marketing politique, il est impératif de rappeler que ce courant politique se méfie de la démocratie directe dans le sens de la volonté majoritaire du peuple. D’où la démocratie représentative qui existe dans les pays dits « démocratiques », par pure erreur ! Car c’est leurs intérêts impérialistes qui priment.

Le libéralisme politique se caractérise principalement par un État régalien et un État de droit. L’État régalien est un État dont la principale mission est de faire régner l’ordre. En gros, il doit s’occuper de la police, de l’armée et de la justice. Pour tout le reste, il doit laisser faire les individus.

L’État de droit est un État dans lequel, le droit est au-dessus de tout (institutions, particuliers etc.).  Qu’une action soit bonne ou mauvaise n’a pas d’importance, ce qui est important, c’est ce que dit la loi. Après la victoire du libéralisme porté par l’Occident contre le communisme défendu par l’ex-URSS, cette idéologie a été érigée en fonds de commerce des institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. En langage simple et clair : si toi, pays Africain, jeune État qui cherche à fonder une nation, qui vient d’acquérir ton indépendance, tu as besoin d’un financement pour construire des infrastructures (hôpitaux, écoles, routes, ponts etc.), ces institutions t’imposent le libéralisme. Tu es obligé d’accepter parce que tu dois construire un État.

De ce fait, tu as besoin d’emprunter de l’argent pour construire ton pays. Donc, tu acceptes, et le package avec. Au lieu de construire les infrastructures, on t’oblige à brader tous les bijoux de la famille car ils ne sont pas « rentables » : entreprises publiques, licenciement des fonctionnaires, ne pas construire d’hôpitaux ni d’école, ne pas former les enseignants, ne pas développer une armée, une justice et une police, colonne vertébrale d’un État.  Cela se fait sous le nom officiel de Programmes d’ajustement structurel mais en réalité, c’est une mise sous tutelle.

Dans le package, il y a le multipartisme qui a été livré avec, et ce, sans une véritable réflexion sur la forme et la manière dont nous souhaitions construire notre propre architecture politique. On s’est dit, « comme ça vient de l’Occident, ça doit être forcément bon pour nous ». Comment un parti politique d’un pays, qui a subi une telle attaque peut se réclamer d’une idéologie qui lui demande de ne pas construire tout ce qui est vital pour les citoyens de son pays ?

En Occident, les partis qui se disent « libéraux » ont une histoire propre à leur pays. Cette histoire n’a pas été imposée par une institution externe. Elle s’est construite à travers notamment des mouvements sociaux. C’est pourquoi, à notre sens, le libéralisme politique est incompatible avec la RCA.

Le problème majeur est d’abord le manque du patriotisme des politiques Centrafricains. Si nous sommes conscients que les solutions de la crise actuelle nécessitent une vraie autopsie des crises antérieures, surtout la crise de confiance entre le pouvoir et l’opposition, nous serions capables d’unir les énergies et faire taire les querelles pour ne regarder que vers une même et unique direction. Il s’agit de promouvoir la culture de la démocratie au lieu de maintenir le pays dans les divisions, la haine, la recherche des boucs-émissaires, les menaces, les intimidations, ce qui constitue pourtant une  violence politique.

Les Centrafricains aujourd’hui doivent comprendre que l’avenir de ce pays sera le fruit du patriotisme des uns et des autres si on considère le patriotisme comme l’amour de sa nation sans hypocrisie. Comment comprendre de nos jours que la crise persiste alors que les partenaires sont à nos côtés ? Justement parce que les rebelles profitent des querelles des politiques pour s’éterniser dans le pays et exploiter au maximum nos ressources naturelles. Or, s’il y avait un dialogue franc entre les fils de ce pays, nous ne serons pas tombés aussi bas comme c’est le cas de nos jours. N’est-ce pas qu’il vaut mieux traiter avec son ennemi (adversaire politique) qu’un traitre de son clan politique ?

@Léo Yangonayango

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