LE PEUPLE CENTRAFRICAIN VICTIME DE SON HOSPITALITE

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Bangui, le 08 mai 22

Dans la politique du président fondateur, Barthélémy Boganda, le concept de Zo Kwe Zo a favorisé l’entrée massive des populations venant des pays voisins et des réfugiés de guerre. Cette situation a  permis aux dualistes de s’installer dans le pays et de bénéficier la nationalité centrafricaine. Aujourd’hui, ces mêmes nécessiteux  se retournent contre leur pays d’accueil  qu’ils ne font que supplicier sans raison valable. Les Centrafricains avaient-ils tort d’accueillir les frères pays voisins ?

Il est vrai sans toutefois exagérer que la République centrafricaine a manqué à ses engagements en ce qui concerne ses citoyens suite à un mixage des peuples. Au lieu de faire honneur à ses obligations, les dirigeants de ce pays ont donné au peuple centrafricain un chèque sans provision, un chèque qui nous est revenu marqué « fond insuffisant ». Aujourd’hui, le peuple centrafricain refuse de croire que la banque de la justice soit en faillite. Nous refusons de croire qu’il y ait des fonds insuffisants dans les grandes chambres fortes d’opportunité d’une nation qui recherche la paix et le vivre ensemble. Par conséquent, les Centrafricains veulent de nos jours encaisser, le chèque qui donnera sur demande les richesses de la liberté et la sécurité de la justice. Une Cour pénale spéciale a été créée pour donner espoir aux victimes de crise centrafricaine. Elle doit par conséquent prendre ses responsabilités afin de réduire le cycle de l’impunité dans ce pays.

On ne comprend pas pourquoi de nos jours, les amis d’hier sont devenus nos ennemis. Le pays depuis une bonne décennie traverse une situation très dramatique qui impacte négativement sur son tissu socio-économique. Ceux qui sont venus dans ce pays pour sauver leur vie par des activités génératrices de revenue ou pour les raisons sécuritaire dans leur pays d’origine, sont devenus les bourreaux de la RCA.  Ce sont eux qui sont dans les groupes armés de l’ex-coalition Séléka. Ils pillent, les populations et les ONG humanitaires, incendies les maisons et les villages entiers, violent les jeunes filles et les femmes mariées, exploitent illicitement les ressources naturelles du pays, imposent la charia aux chrétiens et autres religions traditionnelles. Le tableau est sombre. Cette nouvelle forme de colonisation qui dépasse celle des colons occidentaux, plonge le pays dans une situation où le paysan ne peut plus aller au champ, l’éleveur ne peut plus faire paraître son troupeau, les femmes veuves sont de partout et les orphelins sont abandonnés à leur triste sort.

Or, pour la première colonisation, le colonisateur est venu dans ce pays, il a pris, il s’est servi, il a exploité illicitement les ressources du pays qui lui appartenait pas, il a dépouillé le Centrafricain de toute sa dignité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail. Or, durant son règne il a du moins donné une part belle à ce peuple et continue d’ailleurs à le soutenir par des aides même si les aides constituent une nouvelle forme d’esclavage. Le colonisateur reconnaissons-le, a construit les écoles, les hôpitaux, des dispensaires ; il a rendu fertiles les terres vierges, il a donné une langue de communication vers l’extérieur, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Ce qui signifie que le colonisateur n’était pas qu’un simple voleur, tous les colonisateurs n’étaient pas des exploiteurs. Il y a avait parmi eux, des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, ils croyaient donner la liberté, ils croyaient briser le mythe de l’obscurantisme, de la superstition, de la servitude, ils forgeaient les chaines plus lourdes, ils imposaient l’obéissance à l’autorité établie et donnait sens au bien commun. Cette colonisation même si elle finance sous d’autres couleurs les coups d’Etat, elle n’est pas responsable du gaspillage et de la pollution de ce pays.

Il est vrai que tous les pays de l’Afrique ont été colonisés par les Occidentaux et balkanisés depuis le Congrès de Berlin à l’exception de quelques-uns. Pour le cas de la République centrafricaine ex-Oubangui-Chari, pays qui bat les records des coups d’Etat et des rébellions dans la sous-région, il n’était pas construit sur la base d’un corps social pacifié : de l’économie des Zariba esclavagistes aux migrations forcées induites par la colonisation. L’autorité centrafricaine n’a pas acquis un caractère routinier sans l’usage massif de coercition. On passe de crise en crise. Dès son origine, la force a caractérisé l’ossature de la vie politique. Les dérèglements de l’Etat colonial et le rôle qui y jouaient les cadres autochtones sont connus aujourd’hui et cette période autant que les moments autoritaires post coloniaux pèsent sur la définition sociale des rapports au pouvoir que ce soit les membres du gouvernement que les hommes en tenue. Cette situation a fait que l’histoire du pays soit entachée des spirales de violences sans précèdent.

D’aucun, parlant des rapports franco-centrafricains, situent leur raisonnement dans le domaine économique et social exclusivement, et excluent malheureusement le grand retard de ce pays faute de l’action coloniale. Ces hommes oublient qu’au-delà de l’action sociale et économique, il y a une valeur plus importante qui oriente et détermine l’action des Centrafricains : une valeur supérieure réside essentiellement dans la conscience qu’apportent les Centrafricains à la lutte pour la libération de leur pays (pris en otage depuis une bonne décennie par les mouvements rebelles) tendant à sauvegarder leur dignité et leur originalité.

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