Centrafrique : La célébration de la Journée internationale des musées où est la reconnaissance de l’histoire de Boganda ?

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Bangui, le 19 mai 21

On ne cessera jamais de le dire dans nos colonnes. La reconnaissance des bonnes actions manque énormément au peuple centrafricain. Voilà ce qui justifie la négligence du musée  Barthélémy Boganda par ses successeurs. Et pour cause ?

L’histoire de Barthélémy Boganda et de son musée restent un mystère pour le peuple centrafricain tant personne ne veut en faire un véritable refuge historique pour le peuple centrafricain. Cette année le thème dédié à cette journée est : se réhabiliter et se réinventer. En Centrafrique les autorités en charge ont trouvé un thème pour redorer l’image de Boganda à savoir : Le musée Barthélémy Boganda sa vision pour l’avenir. Mais qui est Boganda ?

Barthélémy Boganda (4 avril 191029 mars 1959) est un homme politique centrafricain et français, connu pour ses desseins panafricains concernant l’Afrique centrale. En République centrafricaine, Boganda a été érigé en « père fondateur » de la nation lors de l’indépendance en 1960 à laquelle il a contribué en tant qu’éphémère premier président (1958-1959). En 1958, sous son impulsion. le territoire français de l’Oubangui-Chari est transformé en un État baptisé « République centrafricaine », qu’il dote d’un drapeau, d’une devise et d’un hymne conçus originellement pour l’Afrique-Équatoriale française (AEF).

Orphelin recueilli par les missionnaires, Barthélémy Boganda est en 1938 le premier prêtre indigène ordonné d’Oubangui-Chari. En 1946, alors que les instances métropolitaines françaises souhaitent la représentation des colonies au Parlement dans le cadre de l’Union française, Boganda se fait élire député au palais Bourbon avec le soutien du diocèse de Bangui sous l’étiquette MRP. En Oubangui, il crée son propre parti en 1949, le MESAN à consonance messianique dont le credo est « nourrir, vêtir, guérir, instruire, loger » les Africains sur le modèle de l’Occident chrétien anticommuniste. Rapidement Boganda gêne et inquiète l’ordre colonial établi : en 1950 il renonce à l’état ecclésiastique en épousant une Française, rompt avec le MRP, délaisse la métropole pour l’Oubangui-Chari où il s’impose comme un tribun autochtone de premier plan.

En 1957, tentant vainement d’obtenir l’adhésion du MESAN à leur mouvement politique intercontinentale, le Rassemblement démocratique africain de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny offre à Boganda la présidence du Grand Conseil de l’Afrique-Équatoriale française (AEF). Ce poste honorifique permet à Boganda d’acquérir une certaine audience à l’échelle régionale. Boganda rallie dans ce contexte les thèses panafricaines et s’érige en défenseur de l’AEF, appelée à devenir la « République centrafricaine ». Plus audacieux, il imagine les États-Unis de l’Afrique latine, au-delà de l’AEF, incluant l’Angola ou le Congo belge. Ses idées suscitent peu d’enthousiasme, Boganda doit proclamer la création de la République centrafricaine pour le seul territoire de l’Oubangui-Chari, espérant encore pouvoir convaincre les dirigeants de l’Afrique centrale. Le sort de l’AEF est pourtant scellé, et Boganda meurt dans un accident d’avion trois jours avant sa dissolution pure et simple. Sa disparition, à la veille des indépendances, crée un vide politique considérable en République centrafricaine, au point que Boganda est toujours un référent obligé pour tout homme politique centrafricain.

Selon sa biographie officielle, Barthélemy Boganda naît le 4 avril 1910 à Bobangui, un village de la Lobaye rattachée au Moyen-Congo L’état civil n’existant pas chez les Ngbaka auxquels il est apparenté  cette date lui aurait été attribuée au début de ses études, avant d’être homologuée par un jugement supplétif en 1950. En fait, il paraît plus probable que Boganda soit né en 1912 Le choix de l’année a une importante symbolique car, le 4 novembre 1911, la Lobaye est donnée à l’empire colonial allemand à la suite de la crise d’Agadir. Elle reste à l’Allemagne jusqu’à sa réoccupation par les Français au mois d’août 19145. Afin de naître sujet français, Boganda se serait apparemment vieilli volontairement.

Au regard de cette biographie et bibliographie, le musée Barthélémy Boganda méritait un autre visage de la part d’un homme qui s’est donné pour son peuple jusqu’en mourir pour lui. On sait seul Jésus-Christ a donné sa vie pour son peuple et son père lui a rendu un vrai témoignage. Le politique centrafricain devrait en faire le même pour le père fondateur de ce pays.

@Herman THEMONA, 

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