La CPI ou une justice à double vitesse ?

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Bangui, le 18 mars 2022

Certes, les Centrafricains ont exprimé leur volonté de mettre un terme à l’impunité source de plusieurs maux qui minent le développement de ce pays depuis le Forum de référence de Bangui jusqu’à la constitution du 30 mars 2016, mais il reste un vrai problème réel que tous les bourreaux soient traités de la même façon par la Cour pénale internationale.

Les victimes des différentes crises militaro-politiques en République centrafricaine peuvent progressivement se réjouir avec l’arrestation de certains leaders des groupes armés qui sont admis à l’université correctionnelle de la Haye au Pays-Bas qui est communément appelée la Cour pénale internationale. Déjà trois chefs Anti-balaka font leur entrée à la cour des grands pour des crimes de guerre et crimes contre de l’humanité contre un séléka.

La joie a été immense dans la journée du lundi 14 mars 2022 lorsque la nouvelle a été officialisée faisant état de la bonne collaboration des autorités tchadiennes qui ont remis Maxime Mokome  à la Cour pénale internationale. La Chambre a trouvé des motifs raisonnables de croire que M. Mokom, un ressortissant de la République centrafricaine, né le 30 décembre 1978 à Bangui, était un Coordonnateur National des Opérations des Anti-Balaka et, à ce titre, est suspecté d’être responsable des crimes présumés suivants :

Crimes contre l’humanité : (tentative de) meurtre, extermination, déportation ou transfert forcé de population, emprisonnement ou autre privation grave de liberté physique, torture, persécution, disparitions forcées et autres actes inhumains ; et

Crimes de guerre : (tentative) de meurtre, torture, traitement cruel, mutilation, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, le pillage, l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans et le fait de les faire participer activement à des hostilités, le déplacement de la population civile et le fait de détruire ou de saisir les biens de l’ennemi.

Les crimes présumés auraient été commis en divers endroits de la RCA, notamment Bangui, Bossangoa, la préfecture de la Lobaye, Yaloké, Gaga, Bossemptélé, Boda, Carnot et Berberati, entre au moins le 5 décembre 2013 et au moins décembre 2014.

Le problème qui se pose et qu’on est tenté d’accuser la Cour pénale internationale est le fait que les auteurs, co-auteurs et complices de ces crimes ne sont pas tous inquiétés par cette Cour qui devrait être une référence dans le traitement des dossiers.

Pour preuve, on se souvient que la Séléka est la crise par excellence de la situation actuelle. Beaucoup des auteurs de ces exactions sont en liberté et sont même traités comme des agneaux au vu et au su de tout le monde comme quoi, la justice est faite pour les plus faibles et non pour tous comme le note la Déclaration Universelle des Droits de l’homme : « Nous sommes contents de voir que certains bourreaux sont inquiétés par les hautes juridictions nationales, hybrides et internationales. Malheureusement, l’arbre cache la forêt dans le traitement des dossiers. On ne peut pas comprendre comment certains auteurs surtout ceux issus de l’ex-coalition Séléka font objet des amnisties alors que leur place est aussi à la Haye pour les mêmes crimes ? Nous voyons une justice à deux poids, deux mesures ce qui n’arrange pas les attentes des victimes qui veulent voir tous les criminels en prison. Dans le cas contraire, il serait judicieux de libérer tout le monde et laisser le pays aller à sa propre destruction », a lâché une source de la société civile.

Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos populations que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre depuis le déclenchement de cette crise. Pas de développement en dehors de cette rupture d’une justice à double vitesse car, certains bourreaux se cachent derrière leur statut alors que les victimes réclament justice égalitaire.

Les Centrafricains du nord au sud et de l’est à l’ouest attendent voir les bourreaux en prison car, les crimes ont été commis dans ce pays et c’est une certitude que nul homme ne saurait mettre en cause.

 

 

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