Centrafrique : La convocation du code électoral ouvre la voie à la poursuite judiciaire des auteurs des crimes de la dernière crise

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Bangui, le 28 oct. 20

Les Centrafricains ne sont plus des dupes. Après une longue crise militaro-politique qui démarre dans la partie septentrionale en décembre 2012 et oblige l’ex-président et ancien rebelle François Bozizé à quitter son pouvoir en mars 2013 après l’assaut des rebelles de la coalition Séléka. Cependant, un an plus tard, une formation des autodéfenses sera opérationnelle sous le nom des Anti-Balaka causant au passage des crimes graves qui doivent de nos jours trouver une sentence judiciaire à l’attente des victimes.

On se souvient que la République centrafricaine a été longtemps meurtrie par des violences de masse cycliques entrainant au passage des pertes en vies humaines. Or, après le Forum de Brazzaville, marqué par la signature de l’accord de cessation des hostilités du 23 juillet 2014, les autorités de la transition de la RCA ont décidé de la mise en œuvre de la Phase II du processus politique pour la réconciliation nationale et la sortie durable de la crise par l’organisation des consultations populaires à la base de janvier à mars 2015. Ces consultations organisées sur l’ensemble du territoire national et dans les pays ayant accueilli des refugiés Centrafricains (Cameroun, Tchad, Congo-Brazzaville et RDC) ont apporté une innovation en termes d’appropriation citoyenne du dialogue national, par la mise en œuvre d’un processus partant de la base vers le sommet.

Pour maintenir le pays dans le concert des grandes nations qui respectent les droits de l’homme, une Cour pénale spéciale a été créée pour mettre un terme à cette longue période de crise militaro-politique et d’impunité. On sait tous que l’expérience que près de la moitié des pays qui sortaient d’un conflit sombraient à nouveau dans un nouveau conflit dans les cinq années qui suivaient notamment le cas du Burundi. Diverses raisons peuvent un tel état de fait, dont l’absence de la vérité et l’impunité. Les victimes se comptent en centaines de milliers. La lumière sur ces évènements n’a jamais été faite, autant que les auteurs n’ont pas été identifiés et punis. Un climat d’impunité s’est progressivement installé, conduisant à la banalisation des crimes.

En République centrafricaine, plusieurs crimes ont été commis et nul homme ne peut dire le contraire de nos jours. Pourtant, du Forum de Bangui en passant par la Constitution du 30 mars 2016, l’impunité est proscrite. Les victimes sont légion et crient chaque jour, justice.

Pour marquer la solidarité avec ce cycle d’impunité, le rouleau compresseur de la justice centrafricaine doit faire son travail afin de ne pas laisser les criminels se cacher soit à la présidence de la République, soit à l’Assemblée Nationale. Cette justice est nécessaire pour contribuer à apaiser les souffrances de la population, dans la mesure où le paysage social est dominé par les effets du conflit. C’est une obligation fondée sur le droit à la justice et à la vérité. C’est dans ce contexte que la CPS a été créée par décret n0 15.003 du 3 juin 2015 dans le but de contribuer considérablement à la lutte contre l’impunité dans ce pays.

@Jacques KOGBADJA, 

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