Bangui, le 28 juillet 23
La question du maintien ou non de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine sera encore débattue ce jour après plus de dix ans depuis son instauration. Loin d’être un secret, cet embargo sera maintenu au grand dam des Centrafricains et de tous les pays épris de pays. Sur cette question, son Excellence Mme la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpou Témon, a été l’invitée d’une station radio sœur. Sa position a été claire car elle a dénoncé sans ambages, la volonté de certains Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU, de pénaliser le gouvernement centrafricain par rapport aux groupes armés.
Pour le membre du gouvernement, l’injustice pratiquée par le Conseil de sécurité et notamment par certains Etats membres, se traduit par des textes soumis à un vote par le porte-plume qui est la République française soutenue par le Royaume-Uni, les Etats-Unis pour le maintien d’un embargo qui est non seulement injuste mais, qui est devenu totalement arbitraire. Selon la cheffe de la diplomatie centrafricaine, rien ne justifie le maintien de cet embargo. Au regard du contexte centrafricain, maintenir un embargo c’est totalement laisser la légitimité aux groupes armés de continuer à s’approvisionner en armes lourdes et continuer à commettre des exactions sur la population centrafricaine et sur le territoire centrafricain. Cet embargo depuis qu’il est mis en place, n’a apporté que de la légitimité aux groupes armés. Il est totalement improductif et inefficace sur eux.
C’est un embargo qui lie les mains du gouvernement notamment les forces régulières centrafricaines mais qui n’a aucun effet, aucune contrainte vis-à-vis de ces groupes armés. Et, toujours selon la ministre des Affaires étrangères, malgré les efforts que la RCA mène avec la communauté internationale sur son territoire, ces groupes armés continuent de se ravitailler parce qu’ils continuent d’exploiter les ressources naturelles centrafricaines. La question justement qu’elle avait posée le 20 juin au Conseil de sécurité, était de de lui demander de se concentrer davantage sur le circuit, la source d’approvisionnement de ces rebelles qui eux, ne font pas l’objet, contrairement à tous les efforts que la RCA mène et aux difficultés qu’elle rencontre, de rapports précis ou d’action du Conseil de sécurité pour couper ce réseau d’approvisionnement que tout le monde sait. Ces groupes armés s’approvisionnent au vu et au su de tout le monde. Ils se déplacent. Il n’y a pas que des sanctions sur les armes, il y a le gel des avoirs, il y a l’interdiction de voyager.
La lutte contre l’impunité, la République centrafricaine en a fait son credo mais au niveau du Conseil de sécurité, cette liste de sanctions peine à être mise en œuvre parce que la communauté internationale privilégie la notion de dialogue les Centrafricains avec leurs bourreaux alors qu’ailleurs, ce n’est pas le cas. Concernant l’approvisionnement des groupes armés au vu et au su de tout le monde, la ministre Sylvie Baïpou Témon se défend d’accuser qui que ce soit. Je n’accuse personne a-t-elle martelé. D’après la Cheffe de la diplomatie centrafricaine, nous partageons nos frontières avec six pays qui ne sont pas producteurs d’armes. Alors, d’où viennent ces armes qui sont entre les mains des groupes armés ? D’où viennent ces mines antipersonnel qui ne sont pas produits par ces pays ? La situation chaotique de la République centrafricaine et du peuple centrafricain, cette situation de guerre profite bien à quelqu’un.
Concernant la feuille de route, le membre du gouvernement de préciser que qu’il y a les « benchmark », c’est-à-dire les termes de référence sur lesquels ils travaillent avec l’ensemble des partenaires. Que ce soit la Minusca ou d’autres partenaires qui travaillent notamment sur des problématiques de traçage, de marquage des armes des bases de données pour pouvoir identifier justement ces différentes armes. Nous avons également un plan de défense nationale qui définit la cible, l’objectif sur lequel nous sommes en train d’aller pour avoir une armée de garnison donc d’avoir aussi des lieux de stockage de ces différentes munitions. Nous travaillons à cela mais on nous demande à la fois de travailler et de pouvoir gérer une guerre a précisé la ministre.
Elle a cité en exemple le dernier rapport de la Minusca présenté par le Secrétaire général des Nations Unies le 20 juin dernier qui était sorti à la mi-juin et qui a fait l’objet de progrès plus que significatif. Dans ce rapport, les efforts du gouvernement ont été félicité et applaudis par l’ensemble des pays membres du Conseil de sécurité qui nous ont encouragé à continuer.
Malheureusement, l’embargo sera maintenu parce que nous sommes encore sous-tutelle. Cet embargo c’est quoi ? C’est une sanction qui demande au gouvernement centrafricain de venir répondre à la barre du Conseil de sécurité sur des activités qui relèvent plus des groupes armés. Il y a un amalgame complet entre les forces régulières qui représentent la République centrafricaine et Les groupes armés. La justification de cet embargo par beaucoup d’Etats et notamment ceux qui veulent ce maintien, c’est de dire comme en 2013 qu’ils ne veulent pas que les armes dont la République centrafricaine va devoir s’équiper, se retrouvent dans les mains de mauvaises personnes c’est à dire des groupes armés.