CENTRAFRIQUE : QUE VEULENT LES GROUPES ARMÉS DANS LE PAYS DE BOGANDA?

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Bangui, le 24 nov. 20

Depuis son accession au vent des indépendances dans les années 60 comme tous les autres Etats colonisés, les différents gouvernements qui se sont succédé n’ont fait qu’axer leur politique sur ce qui est périssable en oubliant les vraies raisons de la sécurisation des frontières. Tous ces régimes ont pour point commun : la mauvaise gouvernance.

Au moment où le monde décide de tourner la page des vieilles recettes de la dictature marquée par le monopartisme,  il était question d’ouvrir une page nouvelle qui donne à l’homme, sa place dans la gestion des affaires de son pays. C’est la naissance d’un nouvel ordre. On se souvient qu’au début des années 90, un vent nouveau, appelé démocratie, a soufflé sur le continent africain. Les Africains ont commencé à descendre dans les rues, à crier des slogans réclamant la démocratie, le multipartisme, la liberté d’expression, une dynamique nouvelle et inédite émergeait, encouragée par l’effondrement du bloc communiste, la faillite de la plupart des économies du continent et la détermination des forces contestataires.

Les injonctions des bailleurs de fonds se sont ajoutées aux revendications populaires pour obtenir l’ouverture politique des régimes, souvent minés par la corruption. Les gouvernements ont fini par céder et par se lancer dans un processus de renouvèlement constitutionnel et institutionnel accompagné par l’instauration du multipartisme, la tenue des élections libres et l’apparition d’une presse privée polémique et critique. En quelque mois, des dizaines de partis politiques et d’organes de presse indépendants du pouvoir ont vu le jour, mettant un terme à des décennies de partis uniques, de pouvoir autoritaires et de monopole étatique sur les médias.

La République centrafricaine est, quant à elle, confrontée depuis plusieurs décennies à une crise de gouvernance, aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans le secteur privé ou dans la vie associative. Les conséquences de cette mauvaise gouvernance sont les crises politico-militaires violentes et récurrentes, l’instabilité chronique des institutions étatiques et la facture de la cohésion nationale. De cette situation découle une forte prévalence de la pauvreté qui touche les deux tiers de la population.

Dans ce contexte, le problème de l’éthique, dont la principale manifestation est la présence des groupes armés qui émergent comme des champignons est à analyser dans ses racines les plus profondes. Que cherchent tous ces gens  qui ne cherchent qu’à mettre ce pays à feu et à sang en nous substituant le peu que nous-avons en commun ces derniers jours et qui sont-ils ? Et pourquoi uniquement dans ce pays ? Il n’y a pas de programme de lutte contre le terrorisme sur le plan international ?

On se souvient dans un passé récent que les candidats aux différentes élections de ce pays, cultivaient cette logique insécuritaire pour empêcher les autres à descendre sur le terrain afin de convaincre le plus grand nombre d’interlocuteurs pendant les campagnes électorales. Mais nous ne sommes pas tout le temps en campagne électoral pour pouvoir toujours signer les pactes avec les diables.

Tout se passe comme si le diable a planté des racines dans ce pays qui a acquis son indépendance au prix du sang de ses propres fils. Ce paradoxe laisse croire qu’il y a quelque chose qui inhibe les réactions en empêche que, en haut lieu on décide du trop c’est trop et du « plus jamais ça, ça suffit ! » et permettre aux populations d’aspirer un air nouvel où le Centrafricain peut circuler librement du nord au sud et de l’est à l’ouest sans qu’il ne soit inquiété par les groupes armés qui cherchent toujours à créer un climat d’insécurité et mieux exploiter les ressources naturelles du pays.

Le Centrafrique qui était considéré jadis comme une Suisse africaine et où les gens pouvaient manger trois à quatre fois par jour avec des repas équilibrés n’est plus que l’ombre d’elle-même. Des préfectures séparatistes ont fleuri partout sur le territoire centrafricain dirigées par des prédateurs arrogants sans foi ni loi bénéficiant au passage de la générosité  de l’impunité généralisée. Même les forces de sécurité dépêchées dans ce pays n’ont pas encore trouvé une équation de retour définitif au calme laissant ainsi le terrorisme continuer son bonhomme de chemin. Jusqu’à présent, les multiples tentatives de recherche d’une paix durable en Centrafrique, ont échoué. Les groupes armés sont toujours hostiles à la politique du gouvernement qui cherche à protéger ses populations et ses frontières. Les luttes internes qui minent les rouages du pouvoir ne font que s’aggraver au détriment du développement du pays.

La crise centrafricaine n’est pas une fatalité pour que sa gestion dépasse les bornes de l’entendement. Comme elle est une affaire politique, ainsi, sa gestion doit être aussi politique. C’est dans ce contexte que le vœux le plus ardant des populations centrafricaines et de voir se pays se débarrasser des démons qui ne sont que les mercenaires à la solde des politiques et des puissances étrangères.

@Herman THEMONA, 

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