Centrafrique/ÉLECTION 2020/2021 : Les victimes de la crise militaro-politique exigent de la cour constitutionnelle l’application des dispositions de l’article 28 de la constitution du 30 mars 2016

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Bangui, le 24 nov. 20

Du forum de Bangui considéré comme un point de référence de la vie politique centrafricaine à la constitution du 30 mars 2016 qui est valable de nos jours, les Centrafricains des quatre coins du pays ont exprimé leur ferme volonté de mettre un terme dans ce qu’ils considèrent de  nos jours comme la source de leurs malheurs : l’impunité. C’est dans ce contexte que les victimes ont exprimé lors d’un point de presse animé ce lundi 23 novembre au PK 12, sortie nord leur souhait dans l’application des dispositifs de l’article 28 de la Constitution du 30 mars 2016.

Trop c’est trop ! s’exclamait une foule venue nombreuse à ce point de presse qui cadre avec leur volonté de voir tous les bourreaux dans les mailles de la Cour pénale spéciale (CPS) dont le mandat donne d’enquêter sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire des actes commis du 1er janvier 2003 jusqu’à nos jours.

Selon le porte-parole de ce mouvement formé en majorité des veuves et des orphelins, le pays est en phase de se reconstruire et il ne le fera pas sans justice pour tous. Que stipule cet article tant réclamé soit par les victimes soit par le commun des Centrafricains assoiffé de vivre l’ère d’apaisement. C’est dans ce contexte que pour apaiser leur conscience et réservé un repos  de dignité à leurs familles disparues sous le coup des armes, les victimes de cette crise militaro-politique exigent de la Cour Constitution, une délibération  des dossiers aux élections  couplées de 2020- 2021 sans complaisance pour ne faire valoir que le droit et non des pressions qui n’arrangent le quotidien des Centrafricains.

« L’usurpation de la souveraineté par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou tout autre procédé non démocratique constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain. Toute personne ou tout Etat tiers qui accomplit de tels actes aura déclaré la guerre au peuple centrafricain.

Toute personne physique ou morale qui organise des actions de soutien, diffuse ou fait diffuser des déclarations pour soutenir un coup d’Etat, une rébellion ou une tentative de prise de pouvoir par mutinerie ou par tout autre moyen, est considérée comme co-auteur.

Les auteurs, co-auteurs et complices des actes visés aux alinéas 1et 2 sont interdits d’exercer toute fonction publique dans les institutions de l’Etat. » Art. 28 de la constitution du 30 mars 2016.

En effet, la République centrafricaine, est un pays qui bat le triste record des coups d’Etat et des mutineries. Or, le retour à la case de départ de ses années de gloire nécessite de nos jours, la lutte contre l’impunité sans complaisance. C’est dans ce sens que pour donner espoir aux victimes, il serait judicieux pour la cour constitutionnelle de ne prononcer que le droit pour une justice équitable dans ce pays.

L’organisation des élections à la hâte en 2015, a été une véritable insulte à la nation. Voilà pourquoi de nos jours, on retrouve au sein de notre Assemblée Nationale, les députés appartenant à des groupes armés ayant banalisé la dignité du peuple centrafricain et aujourd’hui, leur élection n’a été qu’un ascenseur pour ceux-là qui ont pris des armes allant à l’encontre des acquis démocratiques.

Si créer un parti politique vise la conquête du pouvoir, il n’en demeure pas moins vrai que créer un groupe armé, est un procédé non démocratique qui vise toujours à maintenir le pays dans un chao alors que tous les autres pays avancent pour le bonheur de leurs populations. On ne saurait se vouloir quelque chose et faire son contraire. Les Centrafricains veulent tourner la sombre page  des coups d’Etat. Cependant, on ne peut pas toujours couronner les bourreaux du pays en sacrifiant les victimes.

Certes, le pays voudrait une cohésion nationale, mais le pardon passe aussi par la reconnaissance de ses fautes et une prise de conscience des actes commis surtout lorsqu’ils s’inscrivent dans le cadre de la violation des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Le pays veut marquer son histoire mais, il y a aussi lieu de reconnaître qu’il n’existe pas de formule unique pour gérer l’héritage d’un passé marqué par des abus massifs et systématiques des droits de l’homme. Chaque société doit choisir son propre model. Ce choix est plus important surtout s’il est fondé sur les expériences nationales et internationales antérieures. C’est dire qu’il doit bénéficier d’expériences et des leçons apprises la gestion de tels actes.

Comment espérer à une vie d’apaisement en Centrafrique si les mêmes causes vont toujours produire les mêmes effets ? ceux qui s’agitent de nos jours, et qui veulent briguer la place soit à la magistrature suprême soit à l’Assemblée Nationale, sont ceux qui sont à l’origine des malheurs de ce pays qui continue de tirer le diable par la queue.

@Hervé BINAH, 

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