Bangui, le 03 janv.-22
Depuis plusieurs années de son existence, l’Enerca l’unique société de distribution de l’énergie centrafricaine continue de faire face à des difficultés compte tenu des vétustés de ces équipements. Ces derniers temps, l’on a assisté à la cérémonie d’inauguration des travaux d’une de leur centrale, mais le calvaire des Centrafricains est loin de prendre fin en ce qui concerne l’offre des services fournis et promis par cette société dans le domaine de la couverture de l’électricité. Quel est donc le problème qui mine la bonne marche de cette société?
En ce 21è siècle où l’électricité n’est pas plus un besoin pour tout le monde, il se trouve qu’elle est demeure toujours une denrée rare pour les Centrafricains. Comme l’on sait tous l’énergie est à la base du développement de tout le pays, mais en Centrafrique, l’accès à l’électricité est un véritable chemin de la croix. D’où l’utilisation anarchique des bois de chauffe dont le changement climatique n’est plus à négliger.
Pour les connaisseurs de ce domaine, c’est l’incapacité des dirigeants de cette société qui a conduit à l’inefficacité de cette société d’Etat, la seule en charge de la distribution de l’électricité.
Pour preuve, au mois d’août, l’Enerca avait fait sensation, tambour battant pour la cérémonie d’inauguration des travaux d’une de ses centrales thermiques. On laissait parler de l’augmentation de leur capacité de production. Juste quelques jours après la fin des travaux, il y avait un léger mieux.
Nous sommes au mois de janvier mais notre galère se poursuit, l’électricité reste toujours un luxe, on broie du noir. Pourquoi utiliser la duplicité dans la gestion du patrimoine commun qu’est la République ? Le monde évolue et les mentalités changent. Cependant, ceux qui dirigent les grandes sociétés étatiques en Centrafrique sont restés dans leur logique.
Lors du dernier discours à la nation, le président de la République a annoncé qu’une menace de déstabilisation pèse sur la nation. Les Centrafricains solidaires à leur président, ont pris note de cette menace et sont restés dans la prudence. Cependant plusieurs interrogations planent dans la conscience des paisibles populations.
En politique, les promesses ne sont pas une offrande ou une dîme. Pour preuve à l’approche des élections en décembre 2020, des annonces ont été faites comme quoi il n’y aura plus de délestage en 2021. Malheureusement même avec cette menace, le phénomène des délestages continue son bonhomme de chemin sans que personne n’en parle. Doit-on penser que les promesses politiques en Centrafrique n’engagent que ceux qui y croient ?
Les Centrafricains ne comprennent pas pourquoi le silence autour des manquements de cette unique société de distribution qui fait la honte de toute la nation. Car, comment comprendre que certains Centrafricains exposés à la barbarie des groupes armés ne puissent pas avoir une couverture électrique à même de sécuriser leurs quartiers les plus exposés qui débouchent sur les pistes communément empruntées par les ennemis de la paix ? L’exemple du nord du pays n’est qu’une illustration avec les délestages qui ne disent pas leur nom.
Le Centrafrique accuse un retard sur le plan économique et les promesses d’un décollage s’annoncent. Malheureusement dans les pays développés comme les USA leur essor est en majorité lié à leur potentialité électrique. Comment espérer un avenir meilleur si les PME qui consomment plus d’énergie ne peuvent pas bénéficier en plein temps des prestations de l’Enerca ?
Aujourd’hui, c’est tous les Centrafricains qui cherchent à se rabâcher sur l’énergie solaire pour assurer leur quotidien. Ont-ils vraiment tort ? Le mal dans cette défaillance c’est que les factures ne répondent plus au prix de la consommation : « Ce n’est un secret pour personne. Le mal centrafricain est la promotion des incompétences. Dans un pays qui se respecte, il faut les personnes ressources à la place qu’il faut. Or, dans un pays où les nominations sont faites sur la base du clanisme, du tribalisme, de la corruption du militantisme politique ou du régionalisme, les choses tournent à rond. Le Centrafrique est une illustration sans pareil voilà pourquoi même s’il y a des délestages, on va toujours se maintenir au poste car, la seule devise c’est mangeons, pillons car, demain, nous partirons et Touadéra seul répondra devant le tribunal de ses électeurs », a lâché une source de la société civile.
La question que les Centrafricains se posent de nos jours au regard de plusieurs plaintes est de savoir après cette déception, que fera l’ENERCA pour fidéliser ses clients qui sont tentés d’opter pour l’énergie solaire? Certes dans ses Fables, Lafontaine, affirme que tout bon flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute d’où l’actualisation des Sophistes dans la gestion des affaires étatiques. Or, Le pragmatisme est plus parlant que le sophisme et le verbiage creux dénué de tout réalisme. La meilleure manière de faire taire ses détracteurs est d’agir positivement pour changer les choses. Hélas, en Centrafrique le ridicule est une qualité. Que la lumière parte, et la pénombre fut.
Et comme le ridicule ne tue pas dans ce pays des grands paradoxes, ceux qui ne vivent que dans la démagogie n’ont pas honte de valoriser leur médiocrité dans la gestion des affaires car, rien ne peut justifier de nos jours le fait qu’au lendemain de l’inauguration de Boali, les délestages prennent une pente aussi importante comme si ces tapages médiatiques n’étaient qu’une simple distraction pour animer la galerie.
Voilà la Centrafrique qui meurt à petit feu par la faute de ses propres fils qui ne gèrent pas avec âme et conscience la mission que la nation a bien voulue leur confier. Et sachant parfois qu’ils ne sont pas à la hauteur de la mission, au lieu de s’avouer dépasser par l’immensité de la mission, ils préfèrent s’agripper au poste pour les privilèges. Pathétique !
@Bienvenu ANDALLA,