Bangui, le 28 févr. 22
Un Etat ça meurt aussi lorsque ses filles et fils sont encrés éternellement dans une politique dévastatrice. En République centrafricaine, les paradoxes sont légion au point où l’on parle des Centrafricains pauvres dans un pays riche.
Dès le lendemain du vent des indépendances, certains pays colonisés ont posé des bases de développement en mettant la patrie au-devant de la scène. Tel n’est pas le cas du pays de Boganda qui, avec sa fermeture à la mer tire le diable par la queue sur plusieurs plans pourtant disposant des atouts et des ressources humaines pouvant faire de ce pays la « Suisse africaine » miroir du développement.
On sait sans risque de nous tromper que les crises centrafricaines ont des racines lointaines. De la colonisation jusqu’à l’heure actuelle, le pays ne s’est pas constitué par un corps pacifique. Avant son indépendance, tout commence par la déportation du père fondateur Barthélémy Boganda par la méchanceté du colonisateur qui voyait en ce grand bâtisseur, un ennemi pour les intérêts de la métropole. Avec les cinq verbes qui constituent de nos jours le socle du développement de son pays, les occidentaux voyaient alors le rêve des Etats-Unis d’Afrique se réaliser avec pour capitale l’Oubangui-Chari de par sa position géographique. Tous les plans machiavéliques seront alors orchestrés pour mettre un terme à un homme qui se considérait déjà comme la voix des sans voix c’est-à-dire celui qui est dans son pays ce que la tête est au corps.
La descente aux enfers va donc s’amorcer avec le premier coup d’Etat de Jean-Bedel Bokassa qui finira grâce à l’amour du pouvoir pour le pouvoir se faire empereur à la grande désolation de la population centrafricaine qui devrait alors sans raison valable changer de constitution.
Et comme dans ce pays, il n’y a pas un sans deux, le pays va plus tard battre le record des coups d’Etat et des rebellions.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le pays sera plongé dans un abîme où il continue de broyer de nos jours avec les conséquences graves sur le social des populations. Voilà pourquoi malgré une panoplie des ressources naturelles, les Centrafricains ne parviennent pas à attacher les deux bouts tant les salaires sont restés stables malgré le coût élevé de la vie de nos jours.
Les différents régimes qui se sont succédé ont brillé par la corruption, le népotisme, le régionalisme, le clientélisme, les détournements des deniers publics, le transfert des mercenaires…
Doit-on rester les bras croisés ? Pour les patriotes la réponse est certainement non ! Car, comme disait Séverin Cécile Abéga « l’homme naît homme que de lui-même », et en conséquence, chaque Etat ne peut prendre son envol qu’avec un sursaut patriotique de toutes ses populations.
Ceci dit, il faudrait renouveler la classe politique centrafricaine en offrant à la jeune génération les outils nécessaire d’avoir accès à une culture de bonne gouvernance et du respect de la chose publique. Car, comment comprendre de nos jours que la rébellion est un mode d’emploi de ceux qui veulent le pouvoir pour le pouvoir alors que la constitution centrafricaine prône la prise de pouvoir par la voie des urnes ?
Comme il ne faut pas lire un livre comme un message transmis mais comme témoignage d’un temps, penser l’avenir de la République centrafricaine de nos jours nécessité un regard du tableau panoramique de ce dernier décennie où la crise a atteint son paroxysme, une histoire qui dépasse tout entendement humain où le pays était reconnu sur les viols, les incendies des maisons et des villages entiers, les enlèvements, le tout au nom d’une guerre communautaire imaginaire qui n’a été qu’une simple manipulation de la part des ennemis de ce pays.
Aujourd’hui, tout doit se construire sur la base du patriotisme si cela signifie l’amour de sa patrie. Mais pour y atteindre, il faut un sursaut et comprendre que les malheurs de notre pays dépendent de nous tous. C’est dans la prise de conscience individuelle et collective que ce pays pour atteindre son bout du tunnel.
@Bienvenu ANDALLA