Centrafrique : Le Centre Hospitalier Universitaire communautaire, un véritable mouroir ?

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Bangui, le 24 janv. 22

Dans son discours de circonstance lors de la présentation des vœux à la nation, le président Faustin Archange Touadéra a promis faire de la santé une des priorités de son second quinquennat. Cependant cet élan de sauver son peuple des atrocités de la mort est nettement stoppé à l’hôpital communautaire de Bangui. Et pour preuve ?

Situé au boulevard de l’entrée principale de la capitale centrafricaine Bangui, cet hôpital devrait être une référence des soins de santé en République centrafricaine. Avec des bâtiments construits qui répondent à la modernité, vient malheureusement s’agripper ce que les patients affirment dans l’ombre : la mauvaise gestion de la chose publique.

Lorsqu’on arrive à l’hôpital communautaire, l’accueil est assuré par une colonie des souris dont l’âge est entre 5 et 10 ans sous une mélodie des moustiques avec  à la guitare des cafards qui remplacent la main d’œuvre humaine. C’est une véritable scène théâtrale qui se joue lorsqu’on s’y trouve dans un état comateux.

Le décor ainsi planté, les malades qui y vont ne sont pas souvent rassurés de retrouver la santé car, le plus souvent on y entre en étant bien portant mais à la sortie on se retrouve K.O. Quelle contradiction à nos yeux ?

Le plus comique et ridicule est lié au problème de délestage alors que cet hôpital en temps normal devrait disposer d’un générateur pouvant alimenter toute la construction. Malheureusement, la priorité des responsables n’est pas la guérison des patients voilà pourquoi en pleine capitale et en ce millénaire, on doit se servir des lampes torches comme si on était en province : « Les risques sont grands en ce qui concerne les délestages à l’hôpital communautaire surtout au moment des opérations chirurgicales avec un générateur qui n’est pas automatique. C’est un grand danger  qui passe dans le silence. L’Etat est-il dans l’incapacité d’assurer sa mission régalienne ? Cette question taraude les esprits des Centrafricains » a lâché un patient au bout du gouffre.

On sait tous que la République centrafricaine depuis des décennies est frappée d’une crise de bonne gouvernance même dans les centres sanitaires où il n’y aucune boutique où on vend les vies. Les hommes en blouse blanche devraient du moins se soucier du don gratuit et de la sacralité de la vie : « La vie n’a aucun sens à l’hôpital communautaire. Le phénomène de racket est monnaie-courante, le repas servi aux patients ne reflète pas les grandes sommes versées chaque semaine par le Trésor public, l’argent du contribuable centrafricain. C’est l’hôpital donc le taux de mortalité est le plus élevé dans tout le pays. Ce qui importe au staff dirigent c’est de l’argent et non la santé des populations. Même les médicaments censés être gratuits sont vendus dans la porte noire par certains agents qui ne sont d’ailleurs pas des pharmaciens. C’est du laxisme total au point où ceux qui veulent travailler pour l’amour de leur pays sont découragés et tous sont tombés dans le même trou », a témoigné un autre patient.

Quant à l’insalubrité qui est la référence de ce centre hospitalier, on ne peut plus en parler car, des latrines à la cuisine, le décor est planté comme si le service d’entretien n’existait pas.

Le ministre Pierre Somsè qui est aussi médecin de carrière est-il informé de ce mouroir qui fait peur aux Centrafricains ? L’Etat doit prendre ses responsabilités en faisant respecter le cahier des charges de centre hospitalier qui fait perdre des vies à cause de la mauvaise gestion de ce joyau.

@Jacques KOSSINGOU

 

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