Bangui, le 24 juin 21
Après avoir suspendu, il y a quelques semaines, ses patrouilles avec les forces maliennes, la France de Macron met fin à la mission de l’opération Barkhane. Dans cette folie de rupture de coopération avec certains pays africains, la France a récemment gelé son aide budgétaire et la coopération militaire avec la RCA. Dans ces deux pays africains, les mesures prises par Emmanuel Macron sont intervenues dans un contexte de suspicion de manœuvre souterraine mené par les autorités de ces pays incriminés injustement de basculer dans l’aire d’influence de la Russie.
A titre illustratif, la RCA a été jugée par la France, complice d’une campagne antifrançaise téléguidée par le pays de Vladimir Poutine. C’est dire que des pays traditionnellement considéré comme pré-carré français, ne cachent plus leurs velléités de se défaire de la tutelle française pour se mettre sous les ailes de la Russie qui s’est taillée une solide réputation dans la lutte contre les groupes armés. La question que l’on peut cependant se poser est la suivante : la Russie vaut-elle vraiment mieux que la France en matière de résolution de la crise centrafricaine ? Il est facile de répondre à cette question dans un contexte où le récent appui de la Russie a contribué la reconquête du territoire national.
En effet, en fuyant la France pour se rapprocher de la Russie, l’on ne fait que quitter le problème vers la solution. C’est-à-dire, l’on ne fait que quitter un pays impérialiste pour aller vers une puissance qui veut du développement des pays en difficulté. Le problème de la France, c’est qu’elle fait semblant de déployer ses troupes en Afrique pour contribuer au maintien de la paix, mais comme des troupes d’occupation, voire, une nouvelle phase de la colonisation de certains pays africains. Une inquiétude pour récuser la présence française en Afrique, est qu’elle n’intervienne économiquement que pour leurs propres armes qui ne servent finalement qu’à alimenter les conflits dans lesquels ils reviennent jouer les pompiers après avoir allumé le feu.
La duplicité de la France est passée aux yeux des opinions comme une complicité avec les forces du mal. Pillant les ressources centrafricaines où il intervient à un certain moment, la France est prête à faire perdurer les conflits dans le pays tant que leurs intérêts financiers sont assurés. La France aujourd’hui huée sur le continent africain, soit, elle-même, se pose des questions sur sa politique en Afrique. La France paie aussi aujourd’hui pour les liens de servilité dans lesquels, elle a maintenu les pays africains depuis la traite négrière jusqu’aux rapports néocoloniaux actuels en passant par la colonisation qui ont eu pour effet, la paupérisation des populations.
Or, il est connu que le terreau des groupes armés, c’est bien la pauvreté. Ceci étant, le plus important aujourd’hui pour les Centrafricains, ce n’est pas de faire le choix entre des puissances impérialistes qui n’ont que les mêmes intérêts ou même de faire leur procès pour leur faire endosser tous leurs malheurs.
Ce qui importe aujourd’hui pour les Centrafricains, c’est de s’assumer pleinement. Et s’assumer équivaut d’abord à reconnaitre leurs propres responsabilités dans leurs malheurs. Car, ce qui empêche le pays à bâtir une armée puissante à même de défaire l’hydre rebelle, ce sont les détournements, la gabegie, la corruption, le clanisme et le manque de vision pour ne pas dire la mal gouvernance.
C’est ce que le président Touadéra s’y attaque courageusement à ces fléaux si l’on veut véritablement l’indépendance de la RCA au lieu d’alimenter la rivalité historique entre les puissances occidentaux qui n’hésiteront pas à exporter leurs conflits dans le pays. Et comme dit le proverbe, « quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit ». Pour que les Centrafricains s’assument équivaut à élaborer et mettre en œuvre des politiques de développement inclusive de façon à rendre inopérants tous les facteurs incitatifs et attractifs des criminels rebelles dans le pays.
@Bienvenu ANDALLA,
