Centrafrique élection 2020/2021 : les marchands d’illusion inondent le 4e arrondissement de Bangui

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Bangui, le 27 nov. 20

Au pays de la démesure, le réalisme politique n’est pas la vertu la mieux partagée tant les ambitions politiciennes priment sur les intérêts nationaux. A quelques mois des échéances électorales où le peuple souverain doit prendre ses responsabilités et confier une partie de son pouvoir à une fille ou fils du pays, la scène politique est en ébullition. Avec les marchands d’illusions qui reviennent sur la scène politique dans la 1ère circonscription du 4e arrondissement de la ville de Bangui.

Qu’en est-il du naufrage politique en République centrafricaine à l’approche des élections ? Autrement dit, que retenir de cette de la classe politique centrafricaine et des candidats aux législatives dans la 1ère circonscription du 4e arrondissement avec en tête de fil, ceux qui ont été à l’origine de la multiplication des groupes armés si meurtriers dans ce pays?

Les turpitudes que connaît le Centrafrique depuis son indépendance dans les années 60, ne sont-elles pas à classer elles aussi sur le compte de la démesure ? Démesure  d’une situation dramatique qui dépasse l’entendement humain, mais également des acteurs dont les ambitions dépassent les limites du raisonnable en même temps que la peur qui les portent hors d’eux-mêmes bien au-dessus de leurs moyens. Depuis plusieurs décennies, les Centrafricains ont été écrasés, humiliés, dépossédés de leurs biens, mis à genoux devant les criminels, par l’ampleur des crises militaro-politiques et mutineries qu’ils ont contribué à susciter suite à l’amour du tapis rouge.

Mal préparé dans les affaires politiques, ils n’ont pas cherché à se prendre en charge en élaborant des courants philosophiques et politiques nécessaires pour le développement de leur propre pays. De nos jours, le pays tout entier est en train de payer le lourd tribut à ce défaut de culture politique, aggravé par l’action néfaste des groupes armés et des gouvernements à la solde des puissances extérieures avec pour objectif, diviser pour mieux gouverner. De plus en plus, on parle des coups d’Etat avec le soutien des puissances occultes qui se disent les maîtres de ce monde. Elles alimentent les crises et soutiennent les candidats qui leurs proposent  la paternité des zones minières et ceci toujours à la veille des élections. Certains candidats n’ont pas les mains propres dans cette circonscription électorale, ils sont entrés dans les maquis depuis les dernières élections et aujourd’hui, ils viennent perturber ceux qui sont restés fidèles à la population avec des actes concrets et peuvent encore faire mieux si le paysage politique est favorable.

Pour mémoire, lorsque l’ex-empereur centrafricain prend le pouvoir en 1966, les populations entières conquises à l’alternative ou l’armée au pouvoir ou le chao, lui font un triomphe. Pendant cette période, les politiciens se moulent dans les formes que leur tendent les militaires, tandis que ces derniers quittent la scène pour tirer la ficèle dans l’ombre. Les cadres sont tout aussi heureux de leur rôle de lampistes et caracolent dans le labyrinthe du nouveau pouvoir sans état d’âme excessive. L’élite politique imagine un espace où s’harmonise le goût du grandiose bien ancré dans la population, la tendance à l’extraversion négativement perçue comme un moyen de s’enrichir personnellement et, enfin, la volonté de ressusciter la lettre des hiérarchies traditionnelles sans en assumer l’esprit. On peut imaginer le train de vie d’une minorité au détriment de la majorité paysanne. Ces prédateurs du pays font pousser les hôtels, des villas comme des champignons partout dans le pays et dans certains pays de la sous-région et en occident alors que le bas peuple tire le diable par la queue. A qui la faute si le pays est classé parmi les plus pauvres du monde avec des ressources naturelles que l’on ne retrouve nulle part dans la sous-région. Quel paradoxe d’avoir une population pauvre avec une grande richesse sans pareil ?

Il faut du moins préciser qu’il y a une différence entre les cadres politiques de la première génération et ceux de la deuxième génération car, le monde évolue et les mentalités évoluent également faisant accroître les besoins énormes. En effet, les premiers n’ont pas eu des outils conceptuels à l’échelle d’un si vaste dessein et n’auraient pas été conséquent, moins machiavéliques pour assortir et combiner les différents éléments d’une mainmise totale sur l’Etat. Pendant plusieurs décennies, toute la créativité dont ils étaient capables servaient à détecter les échelles invisibles par lesquels, ils se rapprocheraient du cénacle des poches du président. Tous vibraient à l’unisson aux mérites du parti-Etat et leur chef : l’Etat et le prince ne faisant qu’un. Ce fut  avec une belle unanimité également que les intellectuels argumentaient au sujet de la démocratie multipartite et de ses effets pervers. Ces exercices de styles prirent concrètement le visage d’un embrigadement permanent, en même temps que se développent les formes détestables de l’anti-démocratie : corruption, népotisme, délation, passe-droit, privilèges exorbitants, etc. En ce moment, une classe moyenne aux racines populaires, certaines s’étaient totalement investie dans l’affairisme : petits fonctionnaires, employés membres des professions médicales, commerçants femmes de foyers, etc.

Commence alors la descente aux enfers de Centrafrique par l’émergence de la deuxième génération qui se sert allégrement de la nation et non la servir. Cette mauvaise gouvernance est sanctionnée par les crises à répétition et sur le même format. La rébellion devient ainsi un mode d’enrichissement des leaders et un véritable ascenseur pour certains. Chacun veut ainsi se maintenir au pouvoir à tout prix ou s’accrocher sur le plus influent non pour panser les plaies de la nation, mais pour préparer l’avenir de ses enfants et remplir les comptes dans les banques en Europe. Cette acquisition des biens illicites divise de nos jours les politiques centrafricains puisque chacun ne pense qu’à son bonheur et celui de sa famille. On peut le constater avec la multiplication des partis politiques dans le pays dont certains n’ont m pas de siège et, où les membres de la famille composent à eux seuls le bureau directeur dudit parti. Quelle classe politique pour un Centrafrique responsable ? Doit-on toujours continuer de faire confiance aux hommes qui n’ont jamais posé des actes concrets dans ce pays ?

Aujourd’hui, les habitants de cette circonscription ne peuvent pas oublier qui sont les géniteurs de la coalition Séléka dans ce pays et peuvent non plus oublier tous ceux qui étaient membres des mouvements Anti-Balaka avec leurs dégâts en vies humaines et matériels et qui veulent encore tromper la population en leur promettant ciel et terre alors qu’ils ne sont pas de bonne moralité politique.

@Herman THEMONA,

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