Centrafrique : A quand l’ouverture des enquêtes sur les dossiers des candidats recalés lors du dernier scrutin couplé ?

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Bangui, le 23 juil. 21

En République centrafricaine, pays des grands théoriciens, on accuse, on dénonce, mais on ne condamne pas laissant libre champ, les crimes économiques et les crimes militaro-politiques qui sont les sources des malheurs de ce peuple qui ne fait que payer des lourds tributs  au vu et au su de tout le monde.

On se souvient pour mémoire d’histoire que lors des derniers scrutins couplés de décembre 2020, certains candidats ont vu leur candidature invalidée par la cour constitutionnelle avec des motifs différents. Or, dans ce lot, certains anciens députés avaient clamé leur innocence  vu qu’aucune juridiction ne s’était prononcée en leur défaveur : « Les décisions de la cour constitutionnelle sont irrévocables. C’est la plus haute cour chargée des affaires constitutionnelles. Cependant, elle s’est fondée sur les rumeurs et non sur les vérités de fait. Je bénéficie encore d’une circonstance atténuante car, je ne suis pas condamné par la justice et il n’y aucune plainte déposée contre moi. Je ne vois pas la raison fondamentale de l’invalidation de ma candidature. Je suis un élu de la nation encore en exercice et prêt à répondre devant les tribunaux de mon pays si besoin de se pose », a affirmé un député recalé.

Que sont-ils devenus de nos jours ces anciens élus de la nation qui clament encore leur innocence sur les faits reprochés par la Cour constitutionnelle ? Les Centrafricains depuis le Forum National de Bangui jusqu’à la constitution du 30 mars 2016, ont clairement exprimé leur volonté de faire une rupture catégorique avec l’impunité : « Il ne s’agit pas de nos jours d’accuser injustement ou du moins d’invalider une candidature. Mais le peuple a besoin de voir tous ses ennemis en prison. Dans le lot des candidatures invalidées, on compte certains qui étaient des rangs des groupes armés signataire de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine (APPR-RCA) et qui sont restés fidèles à leurs engagements comme certains membres du gouvernement de nos jours qui ont été reconduits au gouvernement de Henri-Marie Dondra du simple fait qu’ils sont restés fidèles à cet accord de dernière chance. Ces candidats devraient aussi mériter des circonstances atténuantes comme les autres anciens combattants qui ont été contraints de prendre les armes pour les raisons connues de tous dans un pays où le clanisme et le régionalisme étaient la norme de gouvernance », a lâché une source politique.

Cependant si l’on veut faire de la rupture, le bien le plus précieux en République centrafricaine, il serait judicieux de ne pas se limiter sur les simples invalidations des candidatures, mais aller un peu plus loin en traduisant en justice tous les coupables sans distinction de statut social car, nul n’est au-dessus de la loi.

Aujourd’hui, avec la clôture de l’Assemblée Générale des Magistrats, qui marque une nouveau départ des actions de ce corps selon les souhaits du ministre de tutelle, les dossiers brûlants doivent être liquidés permettant aux innocents de se reconstruire ou du moins attendre la prochaine législative et aux coupables de rejoindre la prison. Et ce n’est que justice distributive qui consiste à donner à chacun, ce qu’il mérite.

Le peuple centrafricain a besoin d’un souffle nouveau avec des institutions fortes qui peuvent réduire au maximum, les tensions entre les communautés. Mais lorsque certaines personnes bénéficient d’une éternité d’amnistie sur les crimes qu’elles commettent au jour le jour, cela crée une frustration au sein de la société. Or, personne n’a le titre foncier de la République centrafricaine. Le problème centrafricain n’est autre que l’impunité. On ne peut donc pas se plaire à toujours se contenter de la médiocrité sans se donner le luxe de faire avancer les choses. Le pays doit se reconstruire, mais il ne peut le faire sans la justice qui est le socle de la cohésion nationale.

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