RCA : Six mois de probatoire pour la livraison des armes chinoises, qu’est-ce-que c’est ?

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Bangui, le 26 juin 2018

On n’en dira jamais assez. La République centrafricaine n’est nullement maître de son destin. Le pays vit sa souveraineté en contrebas d’un plafond de verre. Et, cela semble faire l’affaire de tous mêmes de ceux-là mêmes qui promettent l’amitié au peuple centrafricain.

La livraison des armes chinoises devra attendre 6 mois d’abord. Ainsi en a décidé les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, trois membres permanents du conseil de sécurité. Ces grandes puissances ont argué vouloir avoir davantage de détails techniques et pratiques de la part du pays fournisseur quant à cette livraison. Du coup, la question de la dotation des forces armées centrafricaines (FACA) en armes passe d’un enjeu commercial ou de coopération bilatérale à un enjeu géostratégique dans lequel la RCA a tout à perdre.

Dans le présent cas, il y a bien de subtilités à relever malheureusement dans le sens négatif de cette conspiration politico-diplomatique.

D’abord, il y a la présence russe en RCA qui ravive les velléités d’une nouvelle forme de guerre froide entre la Russie et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en dépit de la dislocation de l’Union des républiques soviétiques et socialistes (URSS). Le drame est que la RCA est trop petite pour supporter ce pugilat de pachydermes.

Ensuite, il y a le fait que la France fut la toute première nation à envisager la fourniture d’armes à la RCA  dans un cadre commercial et que la démarche n’avait pu aboutir contrairement à l’arrangement russe qui n’a eu trop de peine à aboutir.

Certes, la comparaison ne tient pas puisque la première offre est à titre commercial et que le deuxième est à titre gracieux. Malgré tout, plus rien n’empêche la géostratégie à s’inviter dans l’engrainage. D’ailleurs, ce n’est pas du hasard quand les trois membres permanents auteurs de cette objection  sont tous membres de l’OTAN et qu’en face il y a la Russie et la Chine non membres de cette organisation.

Bien au-delà de ces questions, il y a des non-dits  liés à ce sursis de six mois. Peut-être qu’en six mois, beaucoup de choses pourraient se produire. A qui profite six mois de vulnérabilité supplémentaires  de la RCA dans un contexte de crise récurrente où l’Etat est sous la menace permanente des groupes armés versatiles qui se surarment de façon effrénée ?

Du reste, les six mois profiteraient davantage aux groupes armés et aux mains invisibles qui se meuvent derrière eux en défaveur du peuple centrafricain.  En attendant de régler le compte de la Russie et de la Chine à travers cette opposition à la livraison des armes chinoises à la RCA, c’est l’Etat centrafricain qui en pâtie, c’est le peuple de ce pays qui est livré en pâture aux groupes armés. Car, en six mois, beaucoup de choses pourraient se passer en termes de nouveaux recrutements, d’approvisionnements en armes, renforcement de position sur le terrain côté groupes armés.

C’est donc sans rime ni raison que de voir un tel choix insidieux de lier les mains de l’Etat pour le faire gifler par les groupes armés émaner des partenaires et amis de la RCA qui, de surcroît font partie du Groupe international de soutien qui, malheureusement, construisent et déconstruisent la paix dans ce pays. Ces amis de la RCA ne feindront pas de ne pas savoir que dans le contexte actuel de la crise centrafricaine, six mois de stagnation sur le plan de la reconstruction de l’armée sont du pain béni pour des groupes armés qui se font des milliards annuels au bout du canon.

Et que l’idée de s’opposer à la livraison des armes chinoises est la preuve que les intérêts géostratégiques de ces puissances passent devant la vie du centrafricain même sur le territoire centrafricain. De quoi douter de la sincérité de ces puissances vis-à-vis du peuple centrafricain.

Herman THEMONA,

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