RCA: MANIPULATION AMERICAINE ET IMPASSE TAIWANAISE

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Par Cyrus-Emmanuel SANDY

Cyrus-Emmanuel Sandy, Coordonnateur National du Réseau des Journalistes et Médias Centrafricains pour l’Initiative ‘’La Ceinture et la Route’’, Directeur de publication du quotidien privé et indépendant MEDIAS+;

      Province chinoise longtemps convoitée, envahie, colonisée, dominée et sauvagement exploitée successivement par les Européens (Hollandais, Espagnols, Portugais) puis les Japonais, du XVIIe au XXe siècle, Taiwan (ex « Formose » hollandaise) a de la peine à se déterminer comme partie intégrante de la République populaire de Chine à cause des Etats-Unis d’Amérique, allergiques à l’émergence du pays de Mao et jaloux des progrès spectaculaires réalisés par le géant asiatique depuis sa fondation le 29 octobre 1949 par le visionnaire et leader charismatique Mao Zedong.

 CONTEXTE

        Non content de la popularité et l’influence du Parti communiste chinois (PCC) créé en 1921 en pleine période de guerre contre le Japon et de la nouvelle république fondée par Mao, celui qui avait fondé la République de Chine, en 1912, en Chine continentale,  Sun Yat-sen, et qui a perdu et fui la guerre civile chinoise face aux communistes de Mao Zedong, s’est réfugié dans l’archipel de Taïwan avec ses partisans, armes et bagages y compris. Sun Yat-sen proclame l’indépendance de Taiwan vis-à-vis de Beijing. Depuis lors, lui et ses partisans ont décidé de se séparer de la Chine continentale, la République populaire de Chine (RPC), par pur complexe.

   .  Les multiples appels à la raison à eux lancés par le gouvernement central basé à Pékin n’ont pas eu l’effet escompté. Malgré tous les moyens militaires dont dispose le pouvoir central pour les contraindre par la force à cesser avec les velléités indépendantistes, la logique de la force n’a pas été dans l’intention ni le programme du gouvernement central chinois pour déloger ou mater les sécessionnistes. Et les USA, premier ennemi juré de la Chine, y ont trouvé une occasion en or pour freiner ou briser totalement l’unicité du géant asiatique.

      Se croyant indépendante parce que soutenue par la première puissance du monde, l’île jouit de ses propres institutions, d’une armée et bat monnaie : le nouveau dollar de Taïwan.

 Toujours sur ordre de leurs maîtres occidentaux et surtout américains, les politiciens de Taiwan font semblant d’organiser des élections rien que pour plaire à l’étranger, comme si le gouvernement central sous la conduite du PCC ne connaissait pas la démocratie et n’a jamais organisé des élections démocratiques.

Ainsi, la première élection présidentielle a été organisée par les séparatistes taiwanais en 1996. Le premier « président démocratiquement élu de Taïwan » est Lee Teng-hui. En fait, cet homme n’était qu’un simple sous-préfet américain, aux ordres de Washington et de ses alliés européens.

Après lui, seuls les candidats du Parti démocrate progressiste (DPP) sont élus pour diriger la fausse République de Taiwan : de 2000 à 2008 puis de 2016 à 2024 avec Mme Tsai Ing-wen, laquelle a eu deux mandats.

   Cette année, le samedi 13 janvier 2024, une « élection présidentielle » a été organisée à Taïwan. Cette élection avait mis aux prises trois candidats à savoir :

– Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (PDP), et sa colistière Hsiao Bi-khim, ancienne représentante de Taïwan aux États-Unis, crédités de 40% ;

– Hou Yu-ih, candidat du parti nationaliste Kuomintang (KMT), un parti d’opposition. Ce pékinophile  avait obtenu 33,5 % des votes ;

– Ko Wen-je, 64 ans, du petit Parti populaire taïwanais (TPP), a obtenu 26,5 %

         La cérémonie d’investiture et de prestation de serment de Lai-Ching-te a eu lieu ce lundi 20 mai à Taipei, chef-lieu de Taiwan. Ce vrai faux évènement met à nu le double langage et l’hypocrisie des Américains. Et pour cause.

L’HYPOCRISIE AMÉRICAINE

      Sur la question taiwanaise, les USA tiennent toujours un double langage qui les discrédite aux yeux du monde. Comment les Etats-Unis continuent de soutenir des séparatistes taiwanais contre la volonté de la République populaire de Chine et des Nations unies ?

  Le 25 octobre 1971 l’Assemblée générale de l’Onu avait adopté la Résolution 2758 qui dispose clairement ceci :

-il n’existe qu’une seule Chine dans le monde ;

-Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois avec le statut de province;

-le gouvernement de la République populaire de Chine est l’unique gouvernement légal représentatif de toute la Chine.

       Depuis cette date historique, Taiwan n’a plus siégé aux assises des Nations unies, et la République populaire de Chine a pu retrouver son siège à l’Onu. Ceci d’ailleurs, grâce au très fort soutien des pays africains dont la République centrafricaine, qui partagent avec la Chine un passé douloureux, passé marqué par la colonisation, le pillage, la domination, la déportation et la maltraitance de leurs peuples et richesses par les Occidentaux et leurs valets régionaux.

      Dans une Note présentée à la presse le mercredi 15 mai dernier, l’ambassade de Chine à Bangui a précisé qu’en 1979, les Etats-Unis avaient clairement confirmé leur engagement à respecter le principe de l’unicité de la Chine en ces termes, dans le Communiqué conjoint sino-américain sur l’établissement des relations diplomatiques: « Les Etats-Unis d’Amérique reconnaissent le gouvernement de la République populaire de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine. Dans ce contexte, le peuple des Etats-Unis maintiendra des relations culturelles, commerciales et d’autres relations non officielles avec la population de Taïwan».

      Or, que se passe-t-il dans la réalité ?

       Les Etats-Unis n’ont jamais respecté leur signature et leur engagement solennel à respecter le principe de l’unicité de la Chine qui est à la fois un fait historique et juridique. Ils manipulent les séparatistes taiwanais contre les lois et règlements de la RPC. A preuve :

– les États-Unis disent ne pas reconnaitre Taïwan comme un État et considèrent la RPC comme seul Etat légal et légitime. Et pourtant, ils apportent à l’île une aide militaire importante et permanente depuis des décennies. 90% de l’arsenal militaire de Taiwan proviendraient des USA, ce qui pousse les séparatistes à se taper la poitrine. N’est-ce pas là la preuve que les Américains sont en train de pousser ou de préparer les sécessionnistes taiwanais à la guerre contre leurs frères du sous-continent chinois ? Et dans quel intérêt ? Et pourtant, le gouvernement central chinois n’a pas la volonté de faire la guerre à Taiwan (ce serait faire la guerre contre soi-même, ce qui est contraire au bon sens), et que si guerre il y a, cela ne profiterait qu’aux Américains livreurs d’armes de guerre à Taiwan et à l’Ukraine ;

– le candidat du Parti démocrate progressiste (PDP) qui vient de remporter l’élection présidentielle à Taiwan et sa colistière sont tous des pro-Américains, formés à la logique politique américaine, préparés et financés par l’administration américaine pour des raisons bien connues. Lai Ching-te, investi « président », est un pur produit de l’université américaine où il a étudié pour être médecin. En effet, Docteur de 64 ans (né en 1959), ce fils d’un mineur de charbon est diplômé de l’université de Harvard, aux États-Unis, avec une spécialité, en tant que médecin, dans les lésions de la moelle épinière. Il a travaillé comme médecin dans un hôpital du sud-ouest de l’île, à Tainan, dont il a été le député puis le maire. Ami également des Britanniques, il se présente toujours sous son nom britannique William Lai lorsqu’il s’est lancé en politique en 1996. Élu en 2010 maire de Tainan, ville du sud de Taïwan, il a rejoint le gouvernement de Tsai Ing-wen en 2017. Il a été vice-président pendant quatre ans (de 2020 à 2024), avant d’être « élu président » le 13 janvier dernier. Sa colistière Hsiao Bi-khim, dorénavant vice-présidente, a été représentante (une sorte d’ambassadeur) de Taïwan aux USA, pendant des années. C’est aux USA qu’elle a certainement été préparée pour travailler avec William Lai.

– dans la charte du Parti démocrate progressiste (PDP) il est écrit que le but du parti est d’« établir une République de Taïwan souveraine et autonome ». Les Américains le savent; et donc leur soutien aux candidats du PDP signifient qu’ils sont pour l’indépendance de Taiwan, ceci contre la volonté internationale et celle du peuple chinois ;

-le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a félicité le vendredi 17 mai dernier M. Lai, dont l’investiture est, selon lui, le signe d’un «système démocratique résilient ». Il a dit espérer que Washington et Taipei puissent renforcer leurs relations et maintenir la « paix et la stabilité » dans la région du détroit de Taïwan. La France par ailleurs, grand allié des USA, a félicité les élus taïwanais, appelant au respect du statu quo. « Les élections à Taïwan ont à nouveau démontré l’attachement profond des citoyens taïwanais aux valeurs démocratiques, à l’état de droit et aux droits de l’Homme », a déclaré le Quai d’Orsay dans un communiqué;

-une délégation « informelle » des États-Unis s’est rendue à Taïwan le dimanche 19 mai dernier, pour assister à la cérémonie d’investiture des deux nouvelles têtes de l’exécutif rebelle taiwanais, nous renseigne France24. Elle est composée de Stephen Hadley, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale, James Steinberg, ex-secrétaire d’État adjoint, et de Laura Rosenberger, présidente de l’Institut américain à Taïwan. Cette délégation a même rencontré le lundi 20 mai « une série de personnalités politiques de premier plan et a transmis les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections », selon le communiqué de l’Institut. Le parti pris est net ;

-bien que Washington ait abandonné la reconnaissance diplomatique de Taipei au profit de Pékin en 1979, il est resté le partenaire le plus important de Taïwan et son principal fournisseur d’armes. Paradoxe ou hypocrisie ?

-Lai Ching-te a promis continuer au cours de son mandat à augmenter les dépenses militaires de l’île et renforcer ses alliances, notamment avec les USA;

-le gouvernement chinois a dévoilé ce lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines qui vendent des armes à Taïwan ;

-comme aux USA, le mandat du fameux président taiwanais est de quatre ans ;

-comme aux USA, le candidat à l’élection présidentielle de Taiwan a un colistier qui devient son vice-président en cas de victoire à l’élection présidentielle

-comme aux Etats-Unis, la monnaie de Taiwan est le dollar : le « dollar taïwanais ». Le seul mot « dollar » qui est la monnaie locale suffit pour comprendre la manipulation américaine de Taiwan.

      Lorsque le président américain Joe Biden déclare samedi dernier, au sujet de Taiwan, que « nous ne soutenons pas l’indépendance », on a envie de dire qu’il prend les gens pour des cons. Et les armes qu’il livre à Taiwan, n’est-ce pas une manière de soutenir ses velléités d’indépendance ? La défense du territoire par l’armée et les armes n’est-elle pas un des attributs essentiels d’un Etat indépendant, avec la diplomatie ?

   On peut encore citer d’autres faits et des discours paradoxaux, pour démontrer le double langage des Etats-Unis par rapport au dossier taiwanais. Mais ces quelques exemples nous paraissent suffisants et illustratifs. Mais une chose est sûre : toutes ces manœuvres américaines ne mèneront à rien et constituent une perte de temps inutile.

L’IMPASSE TAIWANAISE

            Par la faute des manipulateurs occidentaux et surtout américains, Taiwan se trouve aujourd’hui dans une impasse sans lendemain :

-Taïwan souffre d’un manque de relations diplomatiques, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale, un nombre insuffisant pour espérer la reconnaissance de la souveraineté internationale d’un Etat. Or, depuis la fondation de la fondation de la RPC en 1949, 181 pays ont établi des relations diplomatiques avec la Chine sur la base des pertinentes dispositions de la Charte de l’Onu. Il n’y a donc pas de comparaison à faire ;

-la Résolution 2758 du 25 octobre 1971 conserve toute sa force et s’impose à tous les Etats, y compris les Etats-Unis d’Amérique ;

-malgré le vote du 13 janvier 2024, malgré l’investiture du 20 mai 2024, malgré la manipulation occidentale, Taïwan fait partie de la Chine et regagnera la Maison Mère, comme Hong Kong, tôt ou tard. Il n’a aucune chance d’être indépendant;

-les scénarios de vote et d’investiture d’un rebelle à la fonction présidentielle à Taiwan n’entravent pas la tendance irréversible et inévitable d’une réunification avec la Chine ;

-en violant de façon répétée la Résolution 2758, en reniant leur engagement international cosigné dans le Communiqué conjoint sino-américain de 1979, les Etats-Unis se comportent comme un Etat rebelle, mieux, un Etat voyou (rogue State). Du coup, ils ne sont plus un modèle d’Etat à suivre ;

-les USA trompent les séparatistes taiwanais pour se faire de l’argent en leur vendant des armes. C’est donc par pur esprit mercantiliste qu’ils font rêver les Taiwanais d’une indépendance qui ne fait que s’éloigner d’eux au fil des ans, la Résolution 2758 étant ineffaçable.

Les Etats-Unis pourraient-ils accepter un seul instant que la Pennsylvanie se sépare du système fédéral et devienne indépendante?

       La France accepterait-elle un seul instant l’indépendance de la Corse ?

         Au vu de tout ce qui précède, on peut affirmer sans courir le risque de se tromper que l’île de plus de 23 millions d’habitants est et demeure une partie du territoire chinois. C’est un fait historique et juridique incontestable. Sauf hypocrisie, mauvaise foi ou calcul malsain, à visée mercantiliste. Comme l’a déclaré ce lundi 20 mai 2024 Wang Wenbin le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères: « Quelle que soit l’évolution de la situation politique interne à Taïwan, cela ne changera rien au fait historique et juridique que les deux rives du détroit appartiennent à une seule et même Chine ».

Par Cyrus-Emmanuel Sandy, Rédacteur en chef du quotidien MEDIAS PLUS, Coordonnateur national du Réseau des journalistes et médias centrafricains pour l’Initiative la Ceinture et la Route (RJMCR) – Bangui

Email : cyrussandy@yahoo.com

WhatsApp : (00236) 72507235

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