LA HAINE DE L’AUTRE, FACTEUR DE NOTRE DESTRUCTION

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Bangui, le 24 juillet 23

L’histoire de la République centrafricaine a prouvé qu’après le père fondateur, Barthélémy Boganda, aucuns des Centrafricains n’a fait preuve d’un leadership d’union nationale. Est-ce parce qu’il était un homme de Dieu qu’il avait cette volonté manifeste non pas de réunir les Oubanguiens mais, tout le peuple d’Afrique centrale ? Après que son projet a échoué, le Centrafricain est devenu un loup pour le Centrafricain. Tout doit passer par notre clan, notre ethnie, notre préfecture, notre sous-préfecture, notre commune, notre village. Mais pourquoi ?

Si c’est l’autre qui est au pouvoir, personne ne cherche à l’aider, à le conseiller. Bien au contraire, comme il n’est pas de notre région, de notre ethnie, il faut le combattre à tous prix. C’est ainsi que les expressions nordistes, sudistes, riverains etc. ont enrichi le vocabulaire centrafricain. Quand quelqu’un est promu ou jouit d’un brin de pouvoir, la première question que les gens se posent est de savoir s’il est de quelle région ou de quelle ethnie. Dans un pays vaste de 622.000 km2, avec moins de 5 millions d’habitants, les gens sont si haineux que le clivage entre les ethnies, les régions est palpable. Un premier ministre vient d’être nommé, ce qui intéresse les gens c’est son ethnie et non ses capacités. Dans un tel pays, comment pouvons-nous prétendre au développement si nous ne faisons pas confiance les uns les autres ? Si ce n’est pas quelqu’un de notre ethnie ou de notre région qui est aux affaires, tout ce qui est réalisé même en bien, ne nous intéresse pas.

Est-ce que toutes les ethnies peuvent-elles être représentées au sommet de l’Etat ? La réponse serait non. Cependant, dans tous les sphères de l’administration, toutes les sensibilités ethnies ou régionales peuvent être présentes. Notre haine de l’autre fait que nous ne pouvons pas penser au développement de notre pays. Nous ne réfléchissons qu’aux stratégies tendant à déstabiliser celui qui est aux affaires et qui n’est pas de notre clan. Cette haine pernicieuse qui nous tient tant, ne nous permettra pas d’aller de l’avant. Ce narcissisme négatif qui s’exprime par le moi, doit rendre fin pour que notre pays aille de l’avant. Le prix de ce nouvel an est de nous départir de cette vilaine haine de l’autre qui nous empêche de collaborer franchement les uns les autres. Ne voulant pas nous asseoir ensemble ou travailler ensemble, nous nous fragilisons devant les détracteurs de notre pays qui nous utilisent comme des pantins contre nos institutions. Rien n’est tard si nous prenons conscience et disons plus jamais ça.

Oui, en nous délissant de nos vieux démons, nous pouvons rattraper notre retard et changer l’image de notre nation. Aujourd’hui, nous sommes la risée des autres pays voisins parce que nous nous comportons comme des enfants. Les affaires centrafricano-centrafricaine sont réglées la plupart du temps chez les voisins et cela fragilisent notre souveraineté. Tout cela, simplement parce que nous ne nous aimons pas. Nous pensons toujours que le diable c’est l’autre alors que nous ne nous remettons jamais en cause. La haine nous voile la pensée, les idées à telle enseigne que nous ne pouvons pas sortir de notre état machiavélique. Cette haine se transforme de plus en plus en égoïsme et nous pousse à ne penser qu’à nous même, à notre famille, à notre clan, à notre région. Toutes ces faiblesses contribuent à freiner l’essor de notre pays. Surmontant nos instincts belliqueux et avares pour le devenir de notre pays.

Ce n’est que quand nous allons nous départir de ce démon de la division qui est la haine que nous allons alors nous atteler au développement de notre pays. Pourquoi ce pays qui a toutes les richesses de ce monde, peine tant à se développer ? C’est cette haine de l’autre qui nous tire toujours en bas et nous avalise. Prenons conscience de ce fait pour aller de l’avant !

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