CPI : AUDIENCE DE CONFIRMATION DES CHARGES DE MAHAMAT SAÏD ABDEL KANI PREVUE EN OCTOBRE 2021

0

Bangui, le 30 janv. 21

Pour évincer François Bozizé de la présidence, une coalition des rebelles s’est formée en décembre 2012 au nord du pays sous la dénomination de la Séléka majoritairement formée des sujets musulmans de la sous-région. Leur descente sur Bangui a été marquée par de nombreux crimes qui sont inscrits sur la compétence judicaire de la Cour pénale internationale d’où l’objet de la présence d’un des chefs MAHAMAT SAÏD ABDEL KANI devant le juge ce jeudi 28 janvier 2021.

Selon le statut de Rome, l’audience de première comparaison de MAHAMAT SAÏD ABDEL KANI devant le juge nommé Salvador est une occasion de vérifier l’identité du suspect qui bénéficie encore d’une présomption d’innocence et s’enquérir la langue à laquelle le prévenu pourra se défendre. C’est aussi une occasion de connaître les chefs d’accusation qui pèsent sur lui.

Mahamat Saïd Abdel Kani né en 1970 à Bria,  a été transféré  au siège de la CPI à La Haye le 24 janvier 2021 pour répondre de ses actes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en tant que commandant de la Séléka à Bangui, la capitale, en 2013. Une première pour qu’un élément de la Séléka soit présenté devant les juges de cette haute juridiction internationale : « Mahamat Saïd Abdel Kani  est le premier commandant de la Séléka, un groupe responsable des atrocités de grande ampleur, contre les civils à être devant la CPI », a témoigné Elise Keppler.

Signalons qu’en 2012, les rebelles majoritairement musulmans de la Séléka ont évincé le président de la République centrafricaine, François Bozizé, et ont pris le pouvoir par une campagne de violence et de terreur. En mars 2013, la Séléka a pris le contrôle de Bangui, attaquant les civils et pillant la ville. Fin 2013, des milices chrétiennes et animistes connues sous le nom d’anti-balaka se sont mises à organiser des contre-attaques contre la Séléka.

Selon une source judiciaire,  de la CPI a estimé qu’il y avait des motifs raisonnables de croire que de mars 2013 à janvier 2014, la Séléka a commis une attaque généralisée et systématique contre la population civile, comportant des éléments de crimes contre l’humanité. Saïd est accusé d’être responsable de crimes contre l’humanité constitués par l’emprisonnement ou d’autres formes de privation grave de liberté, ainsi que de torture, de persécution, de disparition forcée et d’autres actes inhumains, de crimes de guerre, de torture et des traitements cruels. Il doit maintenant répondre de ses actes car, l’impunité a été la cause de plusieurs crimes dans ce pays.  La remise de Saïd à la CPI est survenue à quelques semaines de l’ouverture d’un procès contre deux chefs anti-balaka, Alfred Yékatom et Patrice-Édouard Ngaïssona. Leurs affaires contrastaient nettement avec l’absence de poursuites pour crimes commis par la Séléka, qui continue de contrôler un vaste territoire dans le pays. Adam circule ouvertement dans le nord-est du pays. D’autres dirigeants importants de la Séléka, tels que Mahamat Al Khatim, Saleh Zabadi et Ali Darassa, continuent de diriger des groupes dissidents de la Séléka.

Du Forum de Bangui à la Constitution du 30 mars 2016, les Centrafricains ont clairement exprimé leur volonté de mettre un terme à l’impunité dans ce pays. C’est donc une occasion plus que jamais de lancer un vibrant appel pour tous ceux qui commettent les exactions dans ce pays.
En 2014, la Séléka s’est scindée en plusieurs groupes, dont le Front populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC), dirigé par Noureddine Adam et Michel Djotodia. Cette crise qui perdure est le fruit de la Séléka qui baigne dans le sang des Centrafricains. On se souvient que dès la création de la CPC de François Bozizé, certaines fractions de la Séléka se sont coalisées avec les Anti-Balaka pour déstabiliser le régime de Bangui.

Dans le dossier des charges de ce présumé, il est dit que Saïd, âgé de 50 ans et originaire de la ville de Bria, aurait rejoint la Séléka en 2012 et a été promu lieutenant, colonel, puis commandant. En avril 2013, alors que les abus de la Séléka à Bangui étaient graves, il s’est vu confier un rôle clé au sein de l’Office central de répression du banditisme (OCRB) : « L’arrestation de Saïd est importante pour garantir que la justice n’est pas – ni n’est perçue comme étant – unilatérale », a déclaré Elise Keppler.

Les enquêtes de la CPI en République centrafricaine sont complémentaires à celles de la Cour pénale spéciale, un nouveau tribunal important mis en place à Bangui, composé de juges et de procureurs internationaux et centrafricains, et par les tribunaux ordinaires du pays

En 2014, la CPI a ouvert une enquête sur les crimes en République centrafricaine depuis 2012, à la suite d’une requête du gouvernement centrafricain. Il s’agit de la deuxième enquête de la CPI sur les crimes commis en République centrafricaine. La première enquête dans ce pays, liée à un conflit antérieur en 2002 et 2003, n’a encore tenu personne pour responsable des crimes commis. En effet, cette enquête n’a abouti qu’à une seule affaire, contre Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président congolais, qui s’est conclue par un acquittement en appel en juin 2018.
.
Il y a eu une récente recrudescence de la violence en République centrafricaine dans le contexte de l’élection présidentielle du 27 décembre 2020. Une nouvelle coalition rebelle s’est engagée dans un certain nombre d’attaques, faisant plusieurs morts parmi les soldats de la paix et entraînant de nouveaux déplacements massifs de civils. La coalition se compose à la fois de factions anti-balaka et de la Séléka. Les récentes violences marquent la fin de l’accord de paix de 2019.

« La remise à la CPI d’un suspect de la Séléka – une première – et le procès imminent des dirigeants anti-balaka devraient envoyer un signal fort à ceux qui commettent des crimes en ce moment même », a conclu Elise Keppler. « La République centrafricaine se trouve aujourd’hui à un moment critique, des groupes armés se tenant aux portes de la capitale. Les criminels potentiels

 

 

 

 

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.