Centrafrique / Les racines institutionnelles de la misère centrafricaine la monnaie FCFA moyen de la mainmise politico-économique française en Afrique

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Bangui, le 17 janv. 21

La République Centrafricaine se trouve dans la zone «franc» et utilise le franc CFA, dit encore franc «des Colonies Françaises d’Afrique». La zone «franc» comprend une partie de l’Afrique Centrale et une partie de l’Afrique de l’Ouest qui correspondent respectivement à l’AEF et l’AOF. La zone «franc» fut inventée par le Général De Gaulle dans l’intérêt supérieur de la France. Si certains parlent des avantages du franc CFA à savoir le principe de la fixité des parités, ces avantages sont moindres par rapport aux inconvénients majeurs qui s’y trouvent.

En effet, cette monnaie perpétue fondamentalement l’appauvrissement et le retard socio-économique des pays africains qui l’utilisent. Aujourd’hui, et de manière quasi fixe, 1 euro vaut 655,957 F CFA. Depuis son «indépendance» jusqu’aujourd’hui, la RCA subit un système d’appauvrissement continu. Car elle joue un rôle de serviteur servile de fournisseur de matières premières à la puissance coloniale. Cette dernière transforme à son avantage ces matières importées à très bas prix en produits finis et génère de grosses richesses appelées valeurs ajoutées. En plus, la libre convertibilité du franc CFA favorise la fuite des capitaux vers l’Europe et le reste du monde.

Le Vice-Gouverneur de la BCEAO faisait noter que ce phénomène augmenta d’une part la dette publique extérieure des pays africains et d’autre part favorisa un cumul important des avoirs auprès du système bancaire des pays dits développés. La convention entre la France et l’Afrique de la zone franche stipule que: «Les Etats membres consentent de mettre en commun leurs avoirs extérieurs en fonds de réserves d’échange. Ces réserves feront l’objet d’un dépôt au Trésor français, dans un compte courant dénommer compte d’opérations. Et la banque versera sur le compte d’opérations les disponibilités qu’elle pourra se constituer en dehors de sa zone d’émission» Ainsi, les banques centrales africaines ont l’obligation de déposer dans le Trésor français 65% de la totalité de leurs avoirs et sont autorisés à tenir seulement 35% pour elles. De cette manière, les pays africains, en leur propre défaveur, financent l’économie française. C’est un préjudice financier flagrant car tout cela crée une dégradation de la situation financière des pays africains en général et de la RCA en particulier.

 La «mal gouvernance»

La corruption pratiquée par les gouvernants est généralisée. Les populations sont obligées de payer des services déjà rémunérés par l’Etat grâce aux taxes que les citoyens ont réglé. Donc, à chaque fois, il faut payer deux fois, et ceci partout, à tous les niveaux : dans les bureaux, aux contrôles routiers, à l’hôpital, lors des concours, dans les commerces et autres. Les fonds de garantie sont utilisés pour d’autres choses. Par conséquent, le pauvre qui doit toucher un dédommagement à la suite d’un accident par exemple repart les mains vides. Et celui qui décide de venir retirer une partie de son épargne entendra dire qu’il n’y a plus d’argent.

En plus, avec la démagogie, les dirigeants se maintiennent au pouvoir à travers des élections tronquées. A cause de la corruption, les investissements publics des secteurs prioritaires sont déviés vers des projets où les enveloppes sont faciles et nombreuses. On perd jusqu’à 25% du PIB total du pays. La dernière réunion de l’Union Africaine dit que la corruption coûte au continent environ 150 milliards de dollars US par an. Ceci est un coup de fouet qui entraîne la perte d’environ 50% des recettes fiscales, chiffres supérieurs à la dette extérieure d’un pays comme la RCA.

C’est bien connu par les populations centrafricaines que les gouvernants qui arrivent au pouvoir deviennent en un éclair de temps milliardaires. Ils ouvrent des comptes colossaux à l’extérieur. Ils envoient leurs enfants et tous les parents en Europe et aux USA. Ils vivent exagérément au-dessus du niveau de vie de leur pays. Ils possèdent des parcs automobiles de dernière génération. Ils gèrent l’Etat comme si c’était leur propriété privée. Jusque-là, à l’exception du Président fondateur Barthémy Boganda, pratiquement tous les gouvernants centrafricains ont brillé par la « mal gouvernance » et les exemples sont multiples.

L’Empereur Bokassa a dilapidé des dames jeannes de diamants centrafricains à l’ancien Président français Valery Giscard d’ Estaing comme dons personnels. Pour le Président Kolingba, il faut lire  les affaires centrafricaines la gravité de la mal gouvernance. Le Président Patassé s’est accaparé de l’exploitation de diamants et de l’exportation du bois en créant ses propres sociétés. Successivement, il a signé des contrats en violation du permis minier centrafricain avec des sociétés américaines pour le pétrole et avec des sociétés françaises pour l’uranium. Le Président Bozizé a confisqué des diamants aux privées et s’est allié aux étrangers Sud-Africains, Libanais et Chinois avant d’être chassé du pouvoir.

On se souvient en 2013 après la chute de Bozizé L’autoproclamé Président Ndjotodia a envahi le pays avec des mercenaires extrémistes islamistes Soudanais et Tchadiens qui ont pris possession des zones de diamants, d’or et d’élevage du pays. La Présidente de transition Catherine Samba Panza n’a pas pu donner d’explication convaincante de la disparition d’une partie des 10 millions de dollars US offerts par l’Angola, pareil en ce qui concerne les fonds de 200 milliards US donnés par les USA pour la reconstruction de la RCA, fonds qui se sont volatilisés au passage au Cameroun sans jamais laisser de traces. Si les faits s’avèrent réels, cela nous démontre comment de façon flagrante règne l’impunité.

Considérant tout ce qui précède, en fin de compte nous nous retrouvons dans un pays où l’Etat n’existe presque pas, un Etat voyou. La chose pire encore est la guerre d’intérêt entre la France et la Russie qui s’effectue à travers les gens manipulées, créant des désolations sans précédent. La RCA est comme un pays où le droit à la vie est systématiquement violé, l’intégrité physique piétinée, la propriété privée pillée, le viol pratiqué, les enfants enrôlés, les villages incendiés, les biens publics détruits. Face aux effroyables désolations, la tentation est grande soit de s’installer dans un pessimisme récurrent, soit de se demander si l’Afrique ne sera-t-elle pas maudite par hasard. Cependant loin de se résigner, il faut décrypter les causes de cette situation déplorable et trouver les issues pour en sortir.

@Thomson,

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