Centrafrique : Les nouveaux policiers brillent dans de bévues ?

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Bangui, le 11 juillet 20

A peine sortis d’école, les nouveaux policiers en exercice, se transforment  curieusement en   «la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » par leur zèle à commettre des violences sur des citoyens qu’ils ont pourtant l’impérieux devoir de protéger. En voici un témoignage éclatant.

 C’était vers 10 h du matin, le lundi 06 juillet 2020, dans l’enceinte de la concession du siège de la Caisse de Crédit Mutuel de Combattant dans le 8ème arrondissement que les faits se sont déroulés. Deux jeunes policiers, un homme et une femme, postés en faction devant cette institution, encerclent trois jeunes hommes qui étaient en train de pénétrer dans la concession, certainement pour aller faire des opérations. Ils conversaient entre eux en patois.

Subitement, un des policiers en faction surplace, bondit vers l’un des jeunes hommes, le saisissant par le col de sa chemise en tentant de le maîtriser devant les regards ahuris de ses copains et ceux curieux des passants. Le policier le traitait de « malfrat congolais » qui cherchait à voler les clients de la Caisse. Ne comprenant pas les raisons de l’accusation, les compagnons du jeune homme ont tenté de s’interposer provoquant la colère de l’autre policière qui a appelé le renfort.

Aussitôt appelé, le renfort était arrivé et sans s’informer des circonstances de l’incident, embarquent sans ménagement les trois copains dans leur véhicule à destination du commissariat du 8ème arrondissement après les avoir bien roués de coups de matraque et de points ».

La suite de cet incident, nous l’apprendront sur les ondes de la Radio Ndéké-Luka qui annonçait par la voix d’un des suppliciés, qu’ils avaient été libérés suite à leur audition qui a permis au Commissaire  de cette station de comprendre qu’ils étaient des Centrafricains, étudiants à  l’Université de Bangui de surcroît, et non des malfrats de sujet étranger, qu’ils étaient venus faire des opérations à la Caisse du Crédit Mutuel de quartier Combattant.

On pourrait considérer cet incident, du moins un peu plus grave car commis par des policiers qui ont pour mission d’assurer la protection des personnes et de leurs biens, comme un fait banal. Mais, au-delà, il traduit sans détour, ce que vit quotidiennement le Centrafricain lambda des mains des porteurs de tenues. Ce qui est d’autant plus grave et pour lequel l’on pourrait se poser des questions, est le fait que ce soit des policiers récemment débarqués d’école et déployés sur le terrain en stage, qui soient les auteurs de pareils actes.

Est-ce que leurs maîtres de stage les suivent-ils comme il se doit ? Sont-ils seulement informés des agissements de leurs poulains ? Comment réagissent-ils vis-à-vis de ces nouveaux venus dans le métier face à de pareils forfaits ? En tout cas il y a à revoir beaucoup de trucs dans la formation des porteurs des tenues, que ce soit dans les FACA, les Gendarmes, les Policiers, les Agent des Eaux et Forêts et les Douaniers. Le simple fait de porter une tenue, pourtant payée par les contribuables centrafricains, n’élargit pas son porteur au plus haut niveau social et ne l’autorise pas non plus, à considérer les autres citoyens comme des bêtes à maltraiter, ratatiner et rabaisser sans considération.

Où sont-ils passés, la morale, le civisme, le respect des droits de l’homme et des droits humains qu’on enseigne à l’école de police ? A moins que ces disciplines ne figurent pas dans le cursus de la formation. On ne pourra pas, de prime abord, accuser la qualité de la formation que reçoivent les élèves policiers dans leur école laquelle, est parmi les mieux cotées en Afrique centrale et qui engagent les meilleurs encadreurs possibles. C’est au niveau du recrutement qu’il faudra bien jeter un regard critique. Il se passe beaucoup de choses très désagréables lors du processus de recrutement. La corruption, le népotisme et les influences de tout genre sont fréquents lorsqu’on parle de recrutement quelque part. Voilà ce qui tue le système et le pays.

Mais dans une situation où la sécurité dans le pays est devenue un enjeu majeur, faille-t-il s’amuser dans la sélection de ceux qui doivent être en charge de la restauration de la sécurité et de la protection des citoyens ? Il va désormais falloir mettre les bouchons doubles dans la sélection et le recrutement des agents porteurs de tenues, si l’on tient à ce que la Centrafrique ne soit pas une souricière  des mal-traiteurs dans nos forces de défense et de sécurité intérieure.

@Bienvenu ANDALLA, 

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