Centrafrique : Les nouveaux commissaires de la CVJRR pourront-ils apaiser les cœurs des Centrafricains ?

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Bangui, le 06 juillet 21

La République centrafricaine est un bateau qui nage dans les eaux troubles au point où les actions pour gérer sa sortie durable de crise semblent faire des polémiques de nos jours. On sait tous que du Forum National de Bangui à la constitution du 30 mars 2016, le peuple centrafricain a clairement exprimé sa volonté de mettre un terme à une longue période de  crises militaro-politiques à répétition. La CVJRR a donc été créée à cet égard. Malheureusement, il y a eu la Signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine signé entre le gouvernement les groupes armés. Quelle sera leur cohabitation ?

En effet, s’appuyant sur la Stratégie globale pour la réconciliation nationale en RCA conçue en novembre 2014 et adoptée comme Document-cadre de la politique de l’Etat en matière de Réconciliation ainsi que le rapport sur les consultations populaires à la base, organisées de février à mars 2015 sur l’ensemble du territoire, le Forum National de Bangui, tenu du 4 au 11 mai 2015, a adopté deux recommandations fortes exigeant la création de ces deux dispositifs constitutifs de la Justice Transitionnelle.

Selon les observateurs de la politique en République centrafricaine, l’impunité a toujours été la cause des souffrances du peuple centrafricain. Du nord au Sud et de l’Est à l’Ouest ont souffert dans leur peau et dans leur chair au point où on compte des victimes par milliers.

Au moment où le président Faustin Archange Touadéra prend les commandes de la République en 2016 avec un pays en pleine décadence suite à la guerre civile, le dialogue était alors une solution salvifique pour son peuple.

Un accord a donc été signé entre le gouvernement et les quatorze groupes armés qui sévissaient dans le pays. Le but recherché était la paix et la réconciliation nationale. Les Centrafricains ne peuvent pas oublier combien des hommes ont perdu leur vie.

Cependant la victoire à la Pyrrhus remportée par les ennemis de la paix, le sens de la justice n’existe plus en Centrafrique car, malgré la ferme volonté du Forum de Bangui et de la constitution du 30 mars 2016, certains membres des groupes armés ont été nommés au sein des institutions républicaines banalisant au passage le crime en Centrafrique.

Or, de nos jours, les Commissaires de la CVJRR ont officiellement pris fonction devant Dieu et devant les hommes et doivent rendre justice pour apaiser les consciences des victimes.

De fait, au-delà de la diversité des expériences enregistrées de par le monde et des résultats auxquels elles permettent de parvenir, un élément commun semble les caractériser : la libération de la parole des victimes pour le rétablissement de leur dignité et la cicatrisation de leurs blessures, conditions incontournables de toute réconciliation en profondeur. Et c’est justement sur ce point que surgissent des interrogations, car l’expérience montre que cet objectif affiché est loin d’être atteint par les travaux d’une commission. Nombreux sont les experts et observateurs de la justice transitionnelle qui s’interrogent sur l’efficacité réelle de ce mécanisme auquel d’aucuns ont attribué le sobriquet de « tribunal des larmes » ou « commission kleenex ». Car les larmes, à elles seules, ou les fortes émotions que déclenchent les auditions ne peuvent expurger les violations commises et poser les bases démocratiques d’une nouvelle société.

Quels sont dès lors les objectifs réels que poursuivent les commissions de vérité à travers les auditions ? Quels en sont les acteurs ? Comment se déroulent-elles ? Quelles en sont les limites ?

Depuis quelques décennies, parallèlement aux juridictions pénales internationales, les commissions de vérité connaissent partout dans le monde un essor remarquable. Considérées comme un passage obligé vers la paix et la consolidation de la démocratie, elles s’affirment de plus en plus comme un mécanisme de transition ou un compromis permettant de trouver un équilibre politique entre la justice et la paix. L’engouement pour ce mécanisme considéré comme une « troisième voie » s’explique en partie par son caractère pragmatique et sa grande flexibilité qui contraste, d’ailleurs, avec la rigidité des procédures judiciaires.

Le peuple centrafricain sera déçu si ces patriotes qui sont nommés pour enquêter et résoudre le problème de crise en Centrafrique ne parviennent pas à rendre la justice rien que la justice.

@Hervé BINAH,

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