Centrafrique : le second mandat du président doit être axé sur la prudence

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Bangui, le 27 mars 21

Les alliances contre nature pour le premier quinquennat du champion centrafricain ont été à l’origine de certaines défaillances dans l’exercice de son pouvoir. Avec la nouvelle confiance, l’homme fort de Bangui doit mettre en pratique la politique de « Rupture » prônée dans son programme de société.

Lorsque le candidat indépendant Faustin Archange Touadéra décide d’aller à l’élection présidentielle de 2015-2016 au moment où le pays allait frôler son génocide, il était question de remettre les pendules à l’heure en s’appuyant sur une union sacrée pour former le gouvernement de sortie de crise.

Les observateurs de la vie politique centrafricaine voyaient alors la dérive de l’Etat centrafricain considéré comme un Etat fantôme. Ceux qui tournent derrière les postes à pouvoir depuis plusieurs régimes se sont vite lancés dans la conquête des postes juteux alors qu’ils avaient encore une histoire avec les groupes armés et surtout avec François Bozizé, un éternel assoiffé du pouvoir.

Le président Faustin Archange Touadéra croyait qu’en s’associant avec ceux qui ont le titre foncier du Centrafrique, il ferait une bonne affaire. Erreur ! Certains parmi eux ont fait cinq ans dans leur poste malgré leur dérive constaté sur le terrain. Dans certains pays qui se respectent, à chaque deux ou trois ans il faut faire un remaniement ministériel afin de donner la chance aux hommes de bonne moralité qui peuvent travailler pour le bonheur de la nation.

En Centrafrique, les « fils » de l’union sacrée ont aidé de près ou de loin au financement et à la création de la CPC avec le général d’opérette comme le guide. Au moment où le pays allait tomber de justesse dans les filets des rebelles, ils étaient les premiers à prendre leurs jambes au cou pour se cacher dans les hôtels de luxe et certains ont fait voyager en catastrophe leurs familles laissant le président Touadéra face à son destin.

Le constat amer c’est que dans sa politique de pacification du territoire, le président Touadéra a tendu la main à certaines grandes puissances comme la Russie et le Rwanda qui ont fait des preuves dans la lutte contre le terrorisme dans le monde. La réponse positive est à l’avantage de ces membres du gouvernement qui sont entourés d’une défense comparable à une garde présidentielle. Qu’est-ce que les gens se reprochent-ils alors qu’ils ont fait voyager leurs familles et maintenant ils sont dans les ambassades pour demander des visas ?

Certains parmi ces bras cassés, en cinq ans n’ont pas pu faire un mouvement général puisqu’ils ont bénéficié de la gratuité de longévité à leur poste. On comprend le sens de la thèse vulgairement prononcée ces derniers jours : « Tout Zo a té yé » comme quoi, le Centrafrique est un gâteau à partager par les mécréants. Echec en échec, ils s’accrochent et ils sont dans tous les grands rendez-vous et ont même la bénédiction de la hiérarchie.

Lorsqu’on sait sans risque de nous tromper que le plus grand lycée de l’heure dans la capitale centrafricaine Lycée Barthélémy Boganda est dirigé depuis deux ans par un intérimaire alors que dans des pays qui se respectent et où la volonté politique est prise en compte, à chaque début d’année, il y a un mouvement général. En Centrafrique depuis cinq ans, il n’y a que des bouche-trous. Il faut la mort d’un proviseur ou une retraite pour qu’on quitte son fauteuil même lorsque les fraudes sont signalées dans certains centres comme l’année dernière dans la capitale où les candidats ont demandé le départ d’un proviseur de la place. Au finish, ce dernier a été maintenu comme prime à la fraude.

Le second mandat de Touadéra doit donner du travail aux conseillers à la Présidence d’aider l’homme fort de Bangui à faire un balayage sans complaisance, aucun membre du gouvernement ne dispose d’un titre foncier au point où même s’il n’est pas à la hauteur qu’il se maintienne à tout prix. Ceux qui ont fait leur preuve peuvent être espérer surtout que la victoire du président Touadéra a été assurée grâce à une plateforme pléthorique qui n’a pas été à mesure de rassurer une majorité confortable à l’Assemblée Nationale. On ne peut pas comprendre que la victoire écrasante au premier tour de Touadéra n’a pu donner que 25 députés alors que les indépendants ont déjà 21 sièges. Il faut encore l’achat des consciences pour assurer une victoire de la majorité présidentielle.

Le temps de la récréation est terminé avec ce second mandat des grandes ambitions où la rupture doit être prise en compte avec le ratissage des bras cassés au gouvernement car, le président a des ennemis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. La prudence doit être la base de ce nouveau départ.

@Hervé BINAH, 

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