Centrafrique : Le dialogue républicain, ne doit pas se tenir sur les bases des calculs politiciens

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Bangui, le 07 octobre 21

Les gyrophares sont braqués sur la tenue du dialogue républicain, pour lequel l’opposition et le pouvoir en place se tirent le drap chacun de son côté pour plancher sur les mesures et dispositions consensuelles à prendre afin de mettre un terme à la crise protéiforme en cours dans notre pays. Dans le contexte actuel où les rebelles proches de la CPC massacrent de plus en plus et autant qu’ils peuvent, des civils désarmés, où on assiste à des scènes de hooliganisme contre des populations innocentes dans lesquelles la responsabilité des volontaires censés défendre la patrie est clairement pointée du doigt, la dialogue pourrait être une fenêtre d’opportunité pour colmater toutes ces brèches profondément ouvertes dans notre pays depuis quelques années.

L’opposition, qui avait boycotté ce dialogue, estimant que ses exigences n’avaient pas été prises en compte, revient donc à la table des discussions dans une meilleure disposition d’esprit, de soutien aux leaders des groupes armés, notamment ceux de la CPC que dirige François Bozizé. Notons qu’entre-temps, le pouvoir a lâché du lest en renvoyant les propositions fallacieuses de la COD-20 qui viennent de s’entendre avec la Communauté Sant’Egidio, et en n’acceptant pas que ceux qui ont repris des armes contre les Centrafricains prennent part à ce dialogue tant attendu. En clair, on n’a pas mis de l’eau dans le vin de part et d’autre, et c’est d’autant plus remarquable que même les caciques de l’opposition sont désavoués dans leurs hyperboles et leurs théories « conspirationnistes » pour coincer le régime de Touadéra afin de détruire notre patrimoine commun qu’est la République Centrafricaine.

La dégradation continue de la situation sécuritaire avec ces carnages en séries, a donc eu le mérite, pour ainsi dire, d’avoir fait bouger les lignes de la méfiance réciproque, en ce sens que les principaux acteurs de la scène politique ont décidé désormais de se concerter sans calcul et sans acrimonie sur toutes les questions qui touchent à la vie de la nation. La logique des groupes armés est celle de mettre le pays en coupe réglée, de boycotter ce dialogue afin d’imposer leur participation coûte que coûte et d’imposer des recommandations pour entrer dans le gouvernement et obtenir des amnisties ce qui est contraire à la volonté populaire exprimée lors du Forum de Bangui et inscrite noir sur blanc dans la constitution du 30 mars 2016.

Evidemment, ce n’est pas un dialogue républicain, aussi important soit-il, qui mettra définitivement fin au dangereux engrenage de la violence dans notre pays, mais il pourrait ouvrir la porte à la réconciliation nationale, et, ipso facto, limiter la prolifération et les agissements criminogènes des groupes armés qui ont fait plusieurs victimes.  

Vivement donc qu’on aille au-delà des calculs politiciens pour envisager le plus tôt possible des concertations intégrales et inclusives, au cours desquelles la société civile, les notabilités coutumières et religieuses, les partenaires sociaux et les spécialistes de la sécurité auront leur mot à dire par rapport à la meilleure approche pour ramener la paix et la cohésion sociale dans notre pays, en rendant justice aux uns et en assurant la sécurité des autres.

C’est le plus important, et tout porte à croire que ceux qui sont des parties prenantes, ont compris plus que jamais que ce n’est pas en jouant la carte de la victimisation pour faire pleurer dans les chaumières, que nous allons régler notre problème, et que nous devons surtout arrêter de nous battre entre nous pendant que l’ennemi fait pleuvoir du feu sur nos têtes sans discontinuer.

@Ngba Dourou

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