Bangui, le 09 décembre 20
Si sous d’autres cieux, la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, tel n’est pas le cas dans ce pays tant les hommes politiques assoiffés du pouvoir ne comprennent toujours pas l’importance de cette forme du régime qui tire ses origines sur les aspirations des populations. On s’accroche au pouvoir et on utilise tous les moyens machiavéliques pour s’y maintenir malgré les souffrances de la population..
On se souvient qu’au début des années 90, un vent nouveau appelé démocratie, a soufflé sur le continent africain. Les Africains ont commencé à descendre dans les rues, à crier des slogans réclamant la démocratie, le multipartisme, la liberté d’expression. Une dynamique nouvelle et inédite, encouragée par l’effondrement du bloc communiste, la faillite de la plupart des économies du continent et la détermination des forces contestataires. Les injonctions des bailleurs de fonds se sont ajoutées aux revendications populaires pour obtenir l’ouverture politique des régimes, souvent minés par la corruption.
Les gouvernements ont fini par céder et par se lancer dans un processus de renouvellement constitutionnel et institutionnel accompagné par l’instauration du multipartisme, la tenue d’élections libres et transparentes ainsi que l’apparition d’une presse privée polémique et critique mais avec le droit de respecter l’éthique et déontologie du métier. En quelques années seulement, des dizaines de partis politiques et d’organes de presse indépendants du pouvoir ont vu le jour, mettant un terme à des décennies de partis uniques, de pouvoir autoritaire et de monopole étatique sur les médias. La République centrafricaine étant un Etat dans le monde non à part, elle s’est alignée dans le même sillage d’une politique pluraliste.
Or, seulement les termes de l’’histoire, la République centrafricaine est quant à elle, confrontée depuis plusieurs décennies à une crise de gouvernance, aussi bien dans la gestion des affaires publiques que dans le secteur privé ou dans la vie associative. Les conséquences de cette mauvaise gouvernance sont les crises militaro-politiques violentes récurrentes, l’instabilité chronique des institutions étatiques et la fracture de la cohésion nationale. De cette situation découle une forte prévalence de la pauvreté qui touche les deux tires de la population sans que les politiques n’en prennent conscience des enjeux de la paix dans ce pays qui tire le diable par la queue alors qu’il dispose d’une panoplie des ressources naturelles. Pourquoi cette malédiction ?
La République centrafricaine est passée à l’instar des autres pays du continent du monopartisme à celui du multipartisme. Cependant, l’histoire récente de ce pays est émaillée de soubresauts, de crises socio-politico-militaires à répétition qui ont créé le lit d’une instabilité chronique.
Ainsi l’insécurité est généralisée sur toute l’étendue du territoire national, due à la circulation des armes de tout calibre, le développement des bandes armées qui provoquent la psychose au sein de la population tant urbaine que rurale, les pillages, les assassinats, les crimes les plus odieux que le pays n’a jamais vécus, les viols, les vols, les arrestations arbitraires, les rackets à main armée.
L’instabilité politique a des causes lointaines mais aussi proches comme l’exclusion, la mauvaise gouvernance, le non-respect des droits de l’homme, le clientélisme, le tribalisme, la gabegie, la marginalisation, l’absence de liberté individuelle et liberté de la presse, le chômage, l’inégalité sociale. Le déclin des partis politiques et par conséquent de la démocratie avec la crise et l’expansion de l’éventail d’activités de la société civile qui apparaît comme première pionnière dans le règlement du conflit dans un pays. Puisqu’on assistera à l’abolition des institutions démocraties en 2003 et 2013.
@Herman THEMONA,