Centrafrique : Ce n’est pas demain que l’occident renoncera à son hégémonie

0

Du 22 au 23 juin 2023, se tenu à Paris, la capitale française, un sommet international pour discuter d’un nouveau pacte financier mondial. L’initiative est portée par le Président français, Emmanuel Macron, dont le pays co-organise le sommet avec l’Inde qui assure la présidence en exercice du G20. La RCA est représentée à cette rencontre de très haut niveau par le Chef d’Etat, Faustin Archange Touadéra et qui, à l’occasion d’une rencontre avec la colonie centrafricaine de France et d’Europe, a pris la parole pour exprimer sa vision d’un pays plus équilibré en termes d’amélioration des conditions de vie des populations, mais aussi de plaider la cause d’un pays qui a toujours été à la traîne et qui paye le lourd tribut du déséquilibre d’échanges financiers, de crise sécuritaire…contribuant à plomber son économie et à le maintenir dans un état de dépendance quasi permanente.

Les enjeux, pour le pays, sont principalement d’ordre économique en termes de mobilisation de capitaux pour le financement du développement durable et de réponse aux enjeux de la dette, mais aussi environnementaux en raison de sa vulnérabilité aux changements climatiques dont il subit les conséquences et les effets dévastateurs sans recevoir en retour, l’aide nécessaire à la lutte contre le dérèglement climatique et la juste récompense de ses efforts pour la préservation de l’environnement.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la pertinence d’un tel sommet qui porte la réflexion sur la nécessité de revoir l’ordre financier mondial avec pour objectif de « fixer une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord », n’est plus à démontrer.  La question est de savoir si au-delà de la représentativité de la RCA à ce grand rendez-vous international qui regroupe de nombreux hauts dirigeants du monde dont le Secrétaire général de l’ONU, le pays pèse dans la balance des débats pour la faire pencher en sa faveur. C’est toute la problématique de la participation du pays à ce sommet de Paris où il a autant à offrir qu’à recevoir. Non seulement en raison de l’’immensité de ses richesses, mais aussi et surtout parce que le pays est au cœur des intérêts des grandes puissances, notamment la France.

Et au-delà du fait qu’aucun pays ni continent ne peut vivre en autarcie, la RCA est aussi un vaste marché de grande consommation qui subit malheureusement les chocs d’un système financier injuste et déséquilibré. Où les échanges se font à son détriment au point qu’elle présente aujourd’hui, le paradoxe d’un pays aux immenses richesses mais avec des populations très pauvres qui croupissent dans la misère. C’est dire si les autorités du pays ne pouvaient pas trouver meilleure tribune que ce sommet de Paris, pour dénoncer ces inégalités en vue d’obtenir le rééquilibrage des termes de l’échange si nécessaire au décollage et à l’épanouissement économiques du pays. Mais leur cause a-t-elle été entendue ? Là est la véritable question.

Car, quand on voit, par exemple, les promesses non tenues de dédommagement des pays engagés dans la crise climatique où les grandes puissances qui sont les plus grands pollueurs, refusent d’assumer leur responsabilité, on peut douter que la voix des autorités du pays  puisse peser à Paris pour bouleverser l’ordre économique mondial. Mais tant que la question de l’équilibre en termes des échanges restera seulement dans les discours, la RCA continuera à porter la croix de sa dépendance et à tendre la sébile.

Et comme la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit, il faut croire que ce n’est pas demain la veille que l’occident renoncera à son hégémonie encore moins, que le rapport de force changera en faveur du pays dont la voix a encore de la peine à porter. En tout état de cause, si les objectifs de ce sommet de Paris sont nobles, on se demande si la RCA pourra en tirer le meilleur profit. En attendant, l’on peut regretter qu’à cette haute tribune, des questions d’importance comme celle portant sur la problématique des flux financiers illicites, par exemple, ne retiennent pas suffisamment l’attention. Des questions pourtant d’intérêt majeur pour le pays confronté, aujourd’hui plus qu’hier au défi sécuritaire dans ce contexte de lutte contre les groupes armés et autres insurrections politiques, donnent lieu à toutes sortes de conjonctures. C’est dire si ce sommet de Paris doit en appeler d’autres…

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.