Centrafrique : 60 années d’indépendance, le pays doit se reconstruire sur la base de l’unité

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Bangui, le 12 avr. 21

La crise centrafricaine est sans doute d’une grande complexité, mais ce qui l’a rendu encore plus indéchiffrable à bien des niveaux est son environnement et le schéma dans lequel on cherche à la résoudre. Au fil des tutelles coloniales, néocoloniales et régionales, l’Etat centrafricain, jamais vraiment construit, s’est dissout dans la militarisation de sa politique et l’ethnicisassions de ses pouvoirs respectifs. Même si certains chefs d’Etat furent élus démocratiquement par un peuple souverain, la gestion brutale et prébendier du pouvoir ne pouvait qu’entretenir des rebellions permanentes chose qu’il faut combattre pour laisser la place au dialogue.

De nos jours, au lieu d’unir les énergies pour reconstruire sur les bases de ses  cendres les politiques se livrent dans des querelles stériles qui ne profitent pas à la population civile. Plus d’un demi-siècle déjà, la situation du pays est alarmante. Or, l’alignement des planètes semble être favorable pour la République centrafricaine depuis plusieurs mois grâce aux dividendes de l’APPR-RCA.  Tout semble illustrer qu’il y règne la paix, du moins relative avec la quasi disparition des violences meurtrières dans la capitale Bangui la coquette, mais aussi dans certaines villes des provinces. Il faut s’en réjouir. Quelles sont les raisons ? Est-ce à cause de la reconstruction de l’armée nationale qui fait des prouesses de nos jours dans les zones occupées par les groupes armés ? Est-ce à cause de la volte-face des milices armées « Séléka et Anti-Balaka) qui, de guerres lasses, ont mis bas les armes dans certaines régions ? La lassitude des brigands et bandits de grand chemin fort nombreux (coupeurs de route et autres criminels de droit commun ? Sans doute une conjonction de tout cela. Il faut donc maintenir cette flamme allumée comme l’a souhaité le père fondateur de ce pays, un homme oint de Dieu qui a eu la mission de laisser comme héritable l’unité de son peuple.

Se souvient-on ? La République centrafricaine a eu sa période glorieuse, de concorde sociale, de sérénité et du bien vivre pendant  les années 60 jusque dans les années 70. Bien des gens pouvaient manger à leur faim ; les différentes composantes ethniques pouvaient se fréquenter, partager le même espace territorial, nombreuses des alliances patrimoniales pouvaient se nouer dans la simplicité véritable. Les responsables des pays frontaliers venant en Centrafrique étaient accueillis volontiers, et Bangui était le réceptacle d’une tradition d’accueil. Ainsi, on trouve des quartiers dits camerounais, Bacongo, Moustafa pour les ouest-africain  ou Sara pour les ressortissants du Tchad. Le km5 fut le quartier populaire pour les jeux d’argent, de dancing et où  allait s’encanailler  un grand nombre de Banguissois.

La RCA accueillait les réfugiés du Congo Kinshasa durant la rébellion de Pierre Mulélé dans les années 60, puis ceux du Soudan fuyant les rebelles de John Garang au début des années 70. Elle recevait des Rwandais victimes de génocide de 1994. Après cette période, la RCA a perdu son sens de bien vivre.

La population centrafricaine a fait preuve de bonne résilience en 2015-2016 lors des dernières élections où les Centrafricains ont voté massivement au péril de leur vie alors même que les menaces des milices armées grondaient. Ils ont voté pour leur nouvelle Constitution du 30 mars 2016 puis les présidentielles et législatives ont été saluées par la communauté internationale donnant raison à la thèse selon laquelle, il n’y a pas de modèle unique de démocratie, la souveraineté revenant au peuple.

Beaucoup des Centrafricains en cette période ont souffert dans leur chair et leur âme, ceux qui ont perdu des parents et tous leurs biens tous depuis le début de cette crise militaro-religieux veulent de nos jours tourner la page et œuvrer pour le développement du pays. Car, des communautés qui vivaient  ensemble des décennies durant, se sont levées un jour pour s‘entredéchirer jusqu’aux massacres. Les abominations en RCA pays de Boganda, qui l’eut cru ? Ce pays dont on disait dans les années 60 qu’il était la Suisse africaine, calme, sereine, un pays effacé, relatait-on. La population centrafricaine profondément meurtrie, ne peut souffrir une nouvelle crise ; elle veut tourner cette sombre page et s’engager résolument vers la paix.

Le peuple centrafricain après la célébration de son 60e anniversaire de son indépendance doit chercher à renouer avec le vivre ensemble, l’amour du prochain afin de rattraper le temps perdu par des nombreuses crises militaro-politiques.

@Bienvenu ANDALLA, 

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