Bangui, le 07 juin 22
Depuis sa brillante réélection pour un second quinquennat, le Président Touadera semble être déterminé à travailler pour le renouveau centrafricain. Seulement les nombreuses actions salvatrices entreprises par le numéro Un centrafricain sont perverties par certains membres de la nomenclature présidentielle qui ne seraient pas en déphasage avec sa vision politique.
Le deuxième mandat du Président Touadera se révèle être celui de tous les dangers tant les défis auxquels il fait actuellement face sont nombreux. A dire vrai, gouverner la République centrafricaine ne peut pas être un long fleuve tranquille. Et le Président lui-même le sait, c’est pourquoi ses pas sont comptés comme s’il marchait sur les œufs.
Pendant son premier mandat, le Président Touadera s’est investi pour la restauration de la paix sur l’ensemble du territoire national. Ce qui l’avait conduit à parapher des accords avec les différents groupes armés qui avaient mis le pays en coupe réglée. Il s’agit pour lui de créer des conditions propices permettant de mettre en œuvre des projets de développement de la Centrafrique.
En plus de cela, le Président s’est investi corps et âme pour mettre en place une armée digne de ce nom jadis quasi déliquescente du fait de manque de vision de ses prédécesseurs. Grâce à l’appui multiforme de certains partenaires notamment la Russie et la France (EUTM), les forces armées centrafricaines sont remises sur scelle et capables de faire face à toutes attaques venant de l’extérieur.
Concomitamment le président Touadera a pu reconstruire des infrastructures sociales de base sur les ruines de la crise militaro-politique la plus meurtrière de l’histoire de la Centrafrique grâce aux aides des bailleurs de fonds. Tout ceci n’a été possible que grâce à la vision politique clairvoyante du chef de l’Etat. En dépit de tout cela, les ennemis de la paix n’ont lésiné sur aucun moyen pour remettre en cause tous les efforts de la reconstruction du pays qui tient à cœur le président Touadera.
C’est ainsi qu’avec le soutien de certaines puissances extérieures, ces ennemis du peuple centrafricain ont une fois de plus tenté de perpétrer une attaque contre le pouvoir de l’Etat. Heureusement que les faca appuyées par leurs alliés Russes et Rwandais ont pu la repousser en mettant hors-d’ état de nuire les rebelles avec en leurs têtes le général putschiste François Bozizé.
Au-delà de tous ces efforts du président Touadera pour hisser son pays au rang des nations émergentes, il y a certaines contingences qui entrent en ligne de compte et qui rendent fragile son système de gouvernance. Ces contingences ont évidemment permis aux ennemis de trouver des brèches pour attaquer le régime de Touadera dans tous les sens.
Au rang de ces contingences, il y a les services de renseignements du pouvoir de Touadera qui se sont révélé très défaillants. Au lieu de procéder à une recherche des renseignements vérifiés, ces services en charge de renseignements se complaisent dans des ragots et de mensonges qui n’aident pas à la gestion efficace du pouvoir de l’Etat.
La parfaite illustration de cette défaillance s’est démontrée avec l’arrivée clandestine de l’ancien président Général rebelle François Bozizé. Cela s’est échappé à ces fameux services de renseignement qui n’ont pas su jusque-là dire avec exactitude comment cela a été possible au grand dam de tous les Centrafricains. Tout le monde a été pris de cours par l’effet de surprise alors que le pouvoir avait pris des circulaires pour empêcher l’arrivée de ce « fugitif » à bord de certaines compagnies aériennes.
La chaine de commandement de l’armée paraît être un autre terreau facile pour le pêcheur en eau trouble. En ces moments de turbulence, l’armée ne rassure pas véritable compte tenu des trahisons en son sein. Pour preuve, il n’est pas rare que l’armée puisse enregistrer ces derniers temps des défaites. C’est le cas de deux dernières attaques contre les positions des faca dans la localité de Nzako avec un bilan lourd coûtant ainsi la vie à plusieurs éléments sur le terrain. A voir clairement il est fort probable qu’il y a des taupes au sein de l’armée qui ont sûrement trahi la position de leurs compagnons d’arme aux ennemis ; lesquels ont pu les surprendre par ces attaques meurtrières.
La maîtrise de la chaine du haut commandement de l’armée s’avère importante pour le pouvoir en place. Puisque l’on n’a pas besoin de rappeler qu’au sein de l’armée, certains officiers supérieurs ont souvent joué des rôles néfastes du fait qu’ils se laissent manipuler facilement pour des calculs personnels.
Il y a enfin la caste de ceux qui se disent des proches du président Touadera qui travaillent pour le nivellement de ce régime par le bas. Ces courtisans « zélés » s’illustrent par des valeurs rétrogrades entre autres l’impunité, la corruption, le manque de confiance professionnelle, le détournement et le maintien des endocardites aux postes de responsabilité.
N’est-ce pas que le président a déclaré lors d’une de ses sorties que : « je veux des ministres intègrent, c’est-à-dire des ministres qui jouissent de bonne moralité et qu’on ne peut corrompre » ? Il est souhaitable que les dires du président Touadera puissent être traduits dans les faits d’autant plus que tous ces facteurs négatifs soulignés en amont empêchent le pays d’aller de l’avant.
Au demeurant, le pays est en train d’amorcer un tournant décisif de son histoire avec les mesures draconiennes prises par la Communauté internationale vis-à-vis de la Centrafrique et les défis auxquels le pays fait face. Pour réussir ce pari, le président a intérêt à « nettoyer l’écurie d’Augias » comme on le dit pour combler tous les déficits de son système de gouvernance dont nous avions fait mention.
S’il est vrai que le chemin du paradis est parsemé d’embuches, il n’en demeure pas moins que pour y parvenir, le président Touadera doit laisser de côté le sentiment en associant que ceux qui mesurent l’immensité des responsabilités à leur confier.
@Hervé BINAH
