QUAND L’OBSESSION ANTI RUSSE CONDUIT LES ETATS-UNIS JUSQU’EN CENTRAFRIQUE

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Bangui, le 24 févr.-23

Ces derniers jours, des médias occidentaux ont révélé que les hautes autorités des Etats-Unis ont proposé au président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, de se séparer des Russes du groupe Wagner qui aide son gouvernement à faire face à la menace sécuritaire que représentent des groupes armés établis dans  le pays depuis 2013. En échange, Washington en ferait plus, mieux que Moscou, en tout cas.

Le journal Le Monde qui a fait large écho de cette révélation, écrit : « Selon les informations du Monde, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, s’est vu remettre mi-décembre 2022 par l’administration américaine un mémorandum lui exposant les bénéfices qu’il aurait à se séparer des paramilitaires du Groupe Wagner et les conséquences qu’il encourait à maintenir son alliance avec eux ». Ledit mémorandum aurait été remis au président Touadéra en marge du sommet Etats-Unis-Afrique organisé dans la capitale américaine du 13 au 15 décembre dernier. Et que l’ « offre » aurait été préparée par le National Security Council, une institution rattachée à la présidence américaine et destinée aux questions de politique étrangère et de sécurité nationale.

L’offre en question contiendrait une échéance de 12 mois accordée au président Touadéra de pouvoir se séparer en douceur des combattants russes qui ont secouru son pays en un moment délicat et qui continuent de soutenir l’armée centrafricaine encore sous équipée et en infériorité face aux innombrables combattants rebelles qui sont d’ailleurs de plus en plus équipés –on ne sait par qui.

L’une des propositions faites par Washington serait de faciliter le déplacement de François Bozizé de Ndjamena pour une capitale plus ou moins éloignée de la RCA, Brazzaville ou Bissau.

Evidemment comme on peut le voir, ladite offre constitue à n’en point douter une véritable épée de Damoclès sur la tête de Touadéra. Pour répondre à cette proposition suspecte, de nombreux observateurs sont critiques. Car, cela revient à  demander à Touadéra de manifester de l’ingratitude à l’égard d’un pays qui a envoyé ses filles et fils de venir se sacrifier pour la souveraineté de son pays à lui.

Les Russes sont arrivés en RCA à un moment où l’Occident assistait tel un spectateur de cirque au dépècement de la nation centrafricaine sous l’emprise de hordes de personnes qui, n’éprouvant aucune pitié à l’égard de l’AUTRE Centrafricain, ont mis le pays sous coupe réglée pour mener des exactions sur des populations civiles. Et surtout qui ne voulaient et qui continuent d’ailleurs de ne vouloir d’aucune présence de l’Etat, prendre les rênes du pouvoir et l’exercer dans le chaos –oh la jungle !

Les Russes sont intervenus, non pas de mains mortes, mais avec des armes pour équiper une armée que l’Occident, c’est-à-dire la France, l’Angleterre et les Etats-Unis, refusait de voir remise sur ses pieds. Ils ont formé à rythme plus ou moins rapide de nombreux bataillons des FACA et les ont équipés. Ils ont continué et continuent d’équiper l’armée de tout un pays qu’est la RCA, pendant qu’au même moment les capitales occidentales s’accordent pour maintenir un embargo insensé sur le gouvernement pour lui refuser le droit d’équiper son armée et partant, de défendre la nation et l’Etat, et cela, depuis 2014. Oui, c’est depuis cette date que les autorités centrafricaines face à l’adversité, n’ont eu de cesse implorer les Occidentaux pour lever l’embargo sur l’importation des armes, en vain.

La logique aurait voulu que l’on crie à haute voix en RCA : « l’ennemi de mon ami est mon ennemi » ! Mais le président Touadéra conscient des faiblesses de son pays, notamment sur le plan économique, ne peut opter pour la politique de triomphalisme ni même de populisme. Réaliste, il continue de tendre la main à tous les partenaires pour venir investir dans son pays. En preuve, malgré le fait qu’il s’est rendu plus proche de Moscou, cela ne l’a pas empêché de se rendre au sommet Etats-Unis-Afrique quoi qu’il arrive !

Au demeurant, entre un partenaire qui vole à ton secours au moment de crise et celui qui croise les bras pour attendre que tu tombes totalement en ruines afin qu’il fasse semblant de venir de ressusciter, où est l’ami sincère ?

Comme on le sait, les Etats-Unis sont en guerre contre la Russie via l’Ukraine, et vouloir le départ du Groupe Wagner de la RCA, c’est chercher à rompre les relations entre les deux Etats dans l’espoir d’affaiblir Moscou à tout bout de champ. Comme si les sanctions économiques déjà prises jusque-là contre le pays de Poutine ne suffisaient pas encore. Mais cette démarche, Touadéra en toute logique, ne devrait pas l’accepter, pas même par conservatisme.

Ce que l’Occident ne devrait pas oublier, c’est que la tendance pour l’Afrique à se tourner vers l’Est devient inéluctable. Et, combattre Touadéra pour ce péché de lèse-majesté ne ferait qu’accélérer le processus de l’orientalisation du continent. Si ce n’est pas avec la Russie aujourd’hui, ce serait demain avec la Chine, ou avec la Turquie, et pourquoi pas avec l’Inde. Désolé rien ne sert de forcer la main aux autorités centrafricaines, les Russes partiront d’eux-mêmes s’ils estiment que leur mission est accomplie.

@Bienvenu ANDALLA

 

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