Bangui, le 21 avr. 22
Le concept de leadership tout comme celui de la société civile relève de la culture anglo-saxonne. Ces deux notions, actuellement à la mode, sont passées dans la tradition francophone seulement ces dernières années, à la suite de l’émergence de la démocratie après la fin des empires coloniaux. Durant la longue période, la démocratie a laissé la place aux Etats forts comme expression du pouvoir. Ce sont les nouvelles libertés occasionnées par le triomphe de l’économie libérale qui ont fait resurgir le concept de leadership en Afrique comme élément déterminant d’une gestion rationnelle des hommes et de la chose publique.
Les pays qui ont pu bénéficier d’un leadership éclairé ont connu un développement avancé, tandis que ceux qui n’en ont pas bénéficié croupissent dans la misère et sont victimes d’une mauvaise gestion des affaires de la cité. De ce point de vue, le cas de la RCA est particulièrement critique. C’est la raison pour laquelle, après cinquante années d’indépendance, on ne peut s’empêcher d’évoquer cette question de leadership politique.
Pourtant, la problématique du leadership reste encore floue dans les mentalités de nos hommes politiques, surtout ceux des partis d’opposition, en raison des intérêts personnels et du mimétisme politique de l’extérieur qui en découle.
L’avenir du pays, en raison des crises sociopolitiques récurrentes qui l’affectent et des difficultés des populations de vivre en toute quiétude, sont les défis de l’heure. La nécessité d’inventer un nouveau mode d’engagement politique s’impose. Ces situations imposent à la RCA, la nécessité de faire émerger une nouvelle génération de leaders politiques, capables de participer à la reconstruction du pays, capables aussi de mieux défendre les intérêts des populations, à partir du respect scrupuleux des différentes institutions étatiques. Ce respect des institutions est encore loin d’être un acquis par les responsables politiques Centrafricains.
Sur les questions essentielles relevant de l’avenir de la RCA, la responsabilité politique s’impose et les leaders politiques, surtout ceux de l’opposition.
Somme toute, l’intérêt national est à l’origine de la crise et a pour conséquence l’ampleur de la haine et de la division.
Le pays a besoin d’être refondé à partir de nouvelles échelles afin de mieux affronter les différents problèmes qui gênent la bonne maîtrise des conditions actuelles du développement. La reconstruction du pays doit permettre de relever les nouveaux défis auxquels est confrontée l’Afrique : la mondialisation, la lutte contre la pauvreté et les crises qui résultent de la gouvernance démocratique. Ces objectifs de développement sont cependant onéreux et nécessitent de nouvelles ressources qui ne peuvent provenir que de la création de nouvelles richesses.
Ce dont il est question, c’est de travailler à rendre la RCA prospère en agissant sur les principaux déterminants de cette richesse, comme le renforcement des capacités productives, technologiques et d’innovation…
Pour ce faire, il faudrait exploiter les instruments qui permettent d’intervenir efficacement dans ces déterminants. La RCA est connue dans le monde par les crises qui la secouent et la violence qui caractérise ses sociétés.
Les nouveaux leaders politiques Centrafricains sont appelés à jouer un rôle essentiel dans ces différents aspects du capital social. C’est la raison pour laquelle ils doivent répondre à plusieurs exigences en matière de formations et de compétences, comme l’audace et la capacité d’anticipation par la maîtrise et le contrôle du changement ; la loyauté envers soi et envers le peuple ; le respect des principes de leadership comme le devoir, l’honneur, le combat pour la nation, la perspicacité, etc.
En effet, ce que l’on reproche aujourd’hui à la RCA, c’est son incapacité à regarder davantage vers l’avenir. La RCA doit se débarrasser de son subjectivisme, c’est-à-dire l’omniprésence de certaines forces du mal, comme les groupes armés, entraînant les violences contre les populations afin d’oser affronter les vraies difficultés sociales.
Les leaders politiques devraient œuvrer pour l’intérêt national. C’est à ce prix que ses nouvelles générations d’acteurs politiques seront mieux enracinées dans leurs milieux, pourront agir plus efficacement et proposer de nouvelles transformations qualitatives, gage de progrès économique et social.
@Mark Dalingombé