La deuxième session ordinaire du CES a pris fin par une note satisfaction

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Le rideau est tombé sur la deuxième ordinaire du Conseil Economique et Social (CES). Durant cette session, les conseillers se sont penchés sur plusieurs thématiques et autres sujets liés à la situation socioéconomique et politique de la RCA. A la clôture de la session le 14 septembre, le président du CES, Alfred Poloko a fait un discours dont nous vous publions l’intégralité.

DISCOURS DE CLÔTURE

DE LA 2ème SESSION ORDINAIRE DE L’ANNÉE 2022

Messieurs les Présidents et Représentants des Présidents des Institutions de la République ;

Monsieur le Ministre Chargé du Secrétariat Général du Gouvernement et des Relations avec les Institutions de la République ;

Madame la Ministre des Arts, du Tourisme et de la Culture ;

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de Missions Diplomatiques et Consulaires ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;

Madame la Vice-Présidente de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;

Mesdames et Messieurs les Présidents des Partis et Associations Politiques ;

Monsieur le Directeur Général de l’ENAM ;

Messieurs les Présidents des Chambres Consulaires ;

Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau du Conseil Economique et Social ;

Mesdames et Messieurs les Membres des Bureaux des Sections et commissions spécialisées du Conseil Economique et Social ;

Mesdames et Messieurs les Membres des Cabinets du Conseil Economique et Social et du Ministère chargé du Secrétariat Général du Gouvernement et des Relations avec les Institutions de la République ;

Mesdames et Messieurs les Représentants du Patronat centrafricain ;

Mesdames et Messieurs les Secrétaires Généraux des centrales syndicales ;

Mesdames et messieurs les Présidents des Associations et Organisations de la Société civile ;

Respectables Conseillers ;

Distingués invités, en vos rangs, grades et qualités, tout protocole observé.

Mesdames et messieurs.

La cérémonie de ce jour 14 septembre 2022, marque la fin des travaux de la deuxième session de l’année 2022, dont-il n’est pas superflu de rappeler qu’elle inaugure par ailleurs, la mandature 2022-2027, comme je l’annonçais à l’ouverture de nos travaux.

Aux termes de ces 45 jours d’intenses activités et surtout, suite à la lecture du rapport de synthèse, qui vient d’être présenté par Monsieur le 1er Rapporteur de notre Institution, nous pouvons affirmer, que les objectifs assignés à cette session, ont bel et bien été atteints.

La loi n°17.007 du 15 avril 2017, prescrit à notre Institution la mission de :

– formuler obligatoirement son avis, sur les projets de loi à caractère économique, social, culturel et environnemental d’une part et d’autre part de formuler des recommandations sur toutes les questions susceptibles de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes et de veiller au développement harmonieux et équilibré de notre pays.

Conformément à ces prescriptions, nous avons examiné, à l’occasion de cette session:

– deux demandes d’avis, a nous transmis par l’Assemblée Nationale, et

– convoqué une problématique complexe et d’une éloquente actualité à savoir : LA TRANSFORMATION DE L’ECONOMIE CENTRAFRICAINE.

Cette thématique découle des analyses et alertes multiformes lancées par le Conseil économique et Social au cours de la mandature 2017-2022, en vue de préparer notre pays aux complexes défis et mutations actuelles et futures, auxquelles tous les Etats du monde sont confrontés, à des degrés divers.

Oui chers collègues, distingués invités, le monde change, le monde bouge. Il est suicidaire de continuer à le penser de manière ancienne, à travers des outils théoriques déjà devenus caducs.

Fort de ces impératifs épistémologiques, le Conseil Economique et Social, dans sa fonction d’institution de veille, de laboratoire d’études et de prospectives, n’a cessé d’alerter, sur les graves risques auxquels nous expose notre modèle économique de ces trente dernières années, dont nous perpétuons encore les tares. La principale caractéristique de ce modèle réside dans l’extraversion de l’ensemble des leviers de notre économie avec comme corollaire la dépendance de notre survie collective aux humeurs de nos partenaires techniques et financiers multilatéraux et surtout bilatéraux, dont les charmes nous font oublier, trop souvent, qu’il n’y a pas d’amis dans les relations internationales mais des intérêts à défendre par chacune des parties.

La suspension des aides budgétaires à notre pays, depuis bientôt deux ans, pour des raisons géopolitiques, dissimulées à travers des exigences politiquement correctes de bonne gouvernance, en est une éloquente preuve.

Le faible taux d’exportation de nos quelques produits référencés (coton, bois, or, diamant) ne nous confère aucune place aux tables de négociation où se décident les cours des matières premières et autres produits d’exportation.

Toutes ces situations démontrent au quotidien, la fragilité de notre économie et l’incohérence du système qui le sous-tend.

Face au risque d’une dépréciation du franc cfa, comme en 1994, le CES a convié plusieurs spécialistes des questions financières et monétaires en 2018, 2019 et 2020, autour de l’avenir du franc cfa, des conséquences de son arrimage à l’euro, du décrochage du fcfa de l’Afrique de l’ouest de celui de l’Afrique centrale proactives.

Ces problématiques se sont convoquées avec gravité depuis la grande menace d’une récession en Europe, et leurs conséquences éventuelles sur nos économies.

L’augmentation du taux directeur de la BCE et le risque d’une aggravation de la baisse de l’Euro face au dollar, sont autant de situations face auxquelles, indépendamment des ripostes synchronisées à travers les grands ensembles économiques sous régionaux auxquels nous appartenons, nous devons avoir des réponses nationales.

L’ordre économique mondial que nous vivons ou celui qui est en train de se mettre en place aggravera les inégalités entre les nations.

Au niveau de la CEMAC, le poids économique de notre pays n’a fait que régresser à cause des crises successives depuis 1996, et de notre classique option de politique économique. Le fossé s’est gravement creusé entre les autres et nous.

Au cours des vingt dernières années, notre pays a expérimenté des politiques économiques telles que le DSRP-1, le DSRP-2, le Programme d’Urgence et le RCPCA. Ces différents programmes, s’ils ont permis quelques avancées dans certains secteurs d’activités, notamment sociaux, ils n’ont pas encore à ce jour impulsé la révolution économique ni amélioré l’assiette fiscale, condition sine qua none de la mobilisation des ressources domestiques.

Face à ces murs et plafonds de verre infranchissables de notre économie, l’Etat ne peut-il pas redevenir, dans certains secteurs, un acteur économique majeur au lieu de se contenter du statut de simple régulateur du marché ?

La pire des erreurs consisterait à vouloir simplement relancer l’économie nationale, à améliorer substantiellement les finances publiques, au lieu de transformer audacieusement et en profondeur, notre modèle économique, désarticulé d’une part, par des politiques extraverties et inadaptées, et d’autre part, par les conséquences des crises militaro-politiques de ces trente dernières années.

En effet, cette transformation de l’économie résultera d’un long processus, exigera des sacrifices utiles, convoquera notre patriotisme ainsi que notre génie collectif et notre audace. Oui, chers collègues, mesdames et messieurs, distingués invités, l’urgence de repenser profondément notre modèle économique est d’horloge.

C’est dans cet esprit que notre Institution s’est mobilisée, dès les premières heures de l’adoption de la loi sur les crypto monnaies en Centrafrique, pour en apprécier le bien-fondé et contribuer à créer les conditions favorables à l’expérimentation de cette technologie financière du futur, dans notre pays.

Fort de tout ce qui précède et  dans le prolongement des réflexions entamées par notre Institution depuis bientôt quatre ans, sur le nouveau modèle de développement de la RCA, le Conseil Economique et Social, en Collaboration avec le Gouvernement et les autres organes et institutions nationales et internationales, dont la Banque Africaine de développement ,les spécialistes des questions économiques et financières nationaux et internationaux, envisage d’organiser  les Etats Généraux de l’économie et des finances, dans la perspective d’une refonte totale, du modèle économique de notre pays.

C’est autour de ce type d’initiatives qu’une nation transcende ces clivages partisans au profit d’une intelligence collective, porteuse d’espérance.

Malheureusement, en place et lieu de ces nobles options   nous privilégions trop souvent dans notre pays, nos irrédentismes partisans et les récriminations contre la Gouvernance factuelle, en feignant d’ignorer, que c’est depuis plus de trente ans que notre économie peine à se moderniser, en vue d’améliorer les conditions de vie, de nos compatriotes.

Très chers collègues, distingués invités mesdames et Messieurs,

Les réflexions que nous venons d’exposer sur la transformation de l’économie centrafricaine, n’auront de sens que si elles sont chevillées à une vision politique et non techno-bureaucratique.

Adossée à nos valeurs socio-historiques, cette vision politique doit être irriguée par le sang de nos martyrs et aspergée par la brume de nos sueurs collectives qui favoriseront notre vivre ensemble afin de créer les conditions de notre véritable et définitive renaissance, tel le phénix.

C’est en cela, que le débat suscité par le projet de modification ou de réécriture de notre nouvelle constitution est inspirant et confirme l’encrage démocratique de notre pays.

En effet, nonobstant leurs nuances, la plupart des constitutions, très chers collègues, distingués invités, mesdames et messieurs, répond aux trois fonctions essentielles suivantes :

Premièrement, une fonction culturelle, structurée autour de la conscience historique d’un peuple, de ses valeurs sociétales communes, d’une idéologie ou tout simplement d’une ambition de construction audacieuse d’une vie meilleure, dans une société idéale.

Deuxièmement, dans sa fonction politique, la constitution établit les Institutions de gouvernance, les hiérarchise et répartit les pouvoirs entre elles en vue d’assurer l’efficacité des processus de prise de décision.

Troisièmement, une constitution assure une fonction juridique, structurée autour d’un ensemble de textes juridiques qui définit les institutions de l’Etat, organise leur relation et rend l’exercice du pouvoir prévisible en définissant les procédures, en rappelant les bornes et en limitant les abus.

Ainsi la Constitution apparait dans la hiérarchie des normes juridiques comme la norme la plus élevée.

Bien que rigide dans sa forme achevée et dans ses procédures de modification, une constitution n’est pas un texte immuable. Nonobstant sa volonté d’être trans-historique elle ne résiste pas toujours aux aspérités du temps et de l’histoire d’où ses successives modifications, faisant de celle du 30 mars 2016, la constitution de la 7eme République de notre pays.

Cependant, à la question de savoir si la constitution du 30 mars 2016, ne peut encadrer ou accompagner les grandes ambitions de reformes structurelles de notre pays sur les plans économique, politique et même juridique, afin de mieux le préparer aux multiples et complexes défis des temps actuels, la réponse négative  de la représentation nationale, a ouvert  la voie initialement au projet de révision désormais commué en projet de réécriture  d’une nouvelle constitution.

A la question de savoir qui peut prendre l’initiative de la modification de la constitution actuelle de notre pays, la constitution elle-même précise de manière péremptoire que l’initiative appartient concurremment au Président de la République et au Parlement.

Les Décrets du Président de la République, créant le comité chargé de rédiger le projet de la Constitution, et entérinant la désignation de ses membres, lancent désormais le processus.

Enfin, à la question de savoir si le Conseil Economique et Social, véritable parlement de la société civile organisée, lieu neutre du débat républicain, affranchi de tout extrémisme partisan, dont la noble vocation est d’inventer le futur, doit-il continuer à jouer son rôle dans la dynamique globale des institutions de notre pays et contribuer à la modernisation de l’espace démocratique national, notre réponse est OUI.

Troisième Assemblée constitutionnelle de notre pays aux cotés de l’Assemblée Nationale et du Senat non encore fonctionnel, le budget de l’année 2022, du Conseil Economique et Social d’un montant de 675.000.000 Fcfa représente 7,13% de celui de l’Assemblée Nationale de la même année, qui est de 9.500.000.000 Fcfa soit 14 fois celui du CES.

Il n’est donc pas juste, de présenter le Conseil Economique et Social comme une Institution pot de fleur ni moins encore budgétivore. De même il n’est non plus  pertinent d’apprécier l’utilité ou l’efficacité d’une telle Institution, démembrement de l’Etat, à travers un critère exclusivement financier.

Au nom de l’ensemble des conseillers économiques et sociaux ainsi qu’au mien propre j’exprime notre   profonde gratitude à son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA, d’avoir bien voulu accordé une place au CES, dans le Comité Chargé de Rédiger le projet de la Constitution de la République Centrafricaine.

Respectables Conseillers, distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

La fin de la phase aigüe de la pandémie de la Covid 19 a permis la reprise de la coopération internationale de notre Institution. Dans ce cadre, le CES a participé les 13 et 14 juillet 2022, à l’Assemblée Générale de l’Union des Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires Francophones (UCESIF) à Paris après 2 années d’interruption.

D’autres rendez-vous similaires seront honorés, cette année et l’année prochaine si les conditions le permettent.

Cette diplomatie institutionnelle contribue au rayonnement de notre pays en ce qu’elle offre des opportunités de plaidoyers républicains en sa faveur.

Je ne saurais terminer mon propos, sans témoigner ma gratitude à vous tous chers collègues ainsi qu’à toutes les personnalités qui ont contribué directement ou indirectement à la réussite de nos travaux.

J’adresse mes sincères félicitations, aux membres des quatre sections permanentes du Conseil Economique et Social ainsi qu’aux experts venus d’horizons divers pour alimenter nos échanges.

J’apprécie le climat cordial qui a prévalu lors de nos travaux malgré les contraintes financières de l’Etat qui ne lui ont pas permis de nous mettre à disposition, la totalité des moyens prévus pour la session, notamment pour la prise en charge des Conseillers.

Nous espérons que ces moyens nous seront mis à disposition dans les meilleurs délais, afin de nous permettre d’organiser le retour de chacun d’entre nous dans nos entités respectives.

Aux membres du bureau du Conseil Economique et Social, je témoigne ma totale satisfaction.

Vous avez su créer une dynamique d’équipe, œuvrant dans la bonne humeur et dans un esprit de complémentarité conformément à notre sacro-saint concept du « cerveau collectif ».

Pour terminer, je voudrais remercier mes collègues Chefs d’Institutions pour leur constante solidarité et leur renouveler en retour mes amitiés et encouragements en cette période sensible de la vie de notre pays ou les aspérités de la démocratie peuvent conduire à la déconstruction de la paix chèrement reconquise. Nous devons tous y veiller.

A mes proches collaborateurs du cabinet, je renouvelle mes encouragements pour leur constante disponibilité et sens du devoir.

A la presse publique et privée qui, avec efficacité, a couvert l’ensemble de nos travaux, aux agents de sécurité qui ont veillé sur nos séances, je renouvelle mes encouragements.

Aux Respectables Conseillers venus de nos régions et de la diaspora et qui, d’ici quelques jours si les conditions le permettent, reprendront le chemin du retour, je voudrai leur demander de transmettre nos affectueuses salutations à leurs familles ainsi qu’aux autorités de leurs lieux de provenance.

Cette période d’intersession qui s’ouvre doit être mise à profit par chacun d’entre nous pour continuer à accomplir notre mission au service de la République : Représenter dignement notre Institution et promouvoir partout où nous irons, le développement économique et social de notre riche et beau pays.

Sur ce, je déclare close la 2ème session ordinaire du Conseil Economique Social de l’année 2022.

Je vous remercie !

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