La Centrafrique semble partie du bon pied pour un dialogue républicain fructueux

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Bangui, le 24 mars 22

Réélu au terme de la présidentielle du 27 décembre 2020 dans des conditions démocratiques, le président Faustin Archange Touadéra avait promis un  dialogue républicain. Un dialogue censé permettre au pays de tourner la page de la crise multiforme à laquelle il est confronté depuis plusieurs années maintenant. Cela n’a pas empêché le président Touadéra à déclarer que ce dialogue « n’est pas un dialogue de trop mais  une chance de plus pour la paix ».   

Car, si l’histoire a souvent montré les limites de la politique de la chaise vide dont l’opposition centrafricaine vient de prendre l’option une fois de plus, elle est aussi pleine d’enseignements sur les dangers de décisions obtenues au forceps et qui cachent souvent bien mal des desseins inavoués. Dans le cas d’espèce, l’opposition centrafricaine « n’entend pas servir de faire-valoir à cette parodie de dialogue » quand certains de ses membres ne justifient pas leur boycott par leur refus de participer à une concertation « en forme de plébiscite du chef de l’Etat pour modifier la Constitution ». 

C’est dire si dans ce dialogue républicain, la confiance ne semble pas la chose la mieux partagée entre les Centrafricains. Comment, dans ces conditions, trouver le consensus nécessaire à une véritable sortie de crise, surtout quand les protagonistes donnent le sentiment d’être agrippés à leurs intérêts égoïstes ? A moins qu’en choisissant de faire sans l’opposition politique,  l’objectif réellement visé par le pouvoir de Bangui ne soit ailleurs, d’autant que la tenue de ce dialogue est l’une des conditions posée par les bailleurs de fonds occidentaux pour continuer à apporter leurs appuis financiers à la RCA. 

Quoi qu’il en soit, la Centrafrique semble partie du bon pied pour un dialogue républicain fructueux. Au-delà, tout porte à croire que tant que les acteurs politiques centrafricains, notamment ceux de la COD20 ne se mettront pas dans une logique de dialogue franc et sincère en s’élevant au- dessus de leurs intérêts personnels pour privilégier l’intérêt supérieur de la Nation,  le pays ne connaîtra pas la paix.

C’est dire si au-delà même du dialogue républicain, c’est de la réconciliation des cœurs dont les Centrafricains ont le plus besoin aujourd’hui. Mais comment y parvenir avec des groupes armés disséminés à travers le pays, parfois cornaqués par des opposants revanchards dont l’objectif ne semble rien d’autre que la reprise du pouvoir par les armes ? Il faut bien se le dire, le problème de la Centrafrique, reste principalement le manque de sincérité des acteurs politiques aux ego souvent surdimensionnés et surtout le manque de patriotisme.

Or, tant qu’il en sera ainsi, on aura beau multiplier les dialogues et autres cadres de concertation, le résultat  sera toujours le même : l’échec. Dans le cas de la Centrafrique, si l’objectif est la paix, la nécessité de tendre la main aux groupes armés (ce que demande l’opposition), ne souffre pas de débat. Mais ces derniers ont tellement souvent fait preuve de mauvaise foi en violant des accords précédents que l’on peut se demander s’ils ne sont pas dans la logique de la seule et unique volonté de conquête du pouvoir d’Etat, ou encore s’ils ne refusent tout simplement pas d’être liés par un accord afin d’avoir les mains libres pour continuer leur lutte.

@HERVE BINAH

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