LA BOULIMIE DES CHEFS DE GUERRE EN QUESTION

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Bangui, le 24 mai 23

Alors que le gouvernement met tout en œuvre pour préparer le  programme de Désarment, démobilisation, réinsertion et rapatriement (DDRR), certains chefs de guerre parmi les extrémistes, ne l’entendent pas de cette oreille.   

Habitués à terroriser et à spolier la population au bout de leurs canons, ces leaders des groupes armés, pensent que le DDR n’est pas la voie du salut. C’est même ce qui fait qu’une scission est née parmi ceux-ci.

Extrémistes et modérés s’affrontent

Certains qu’on peut considérer comme des modérés, ont maintenu leur position en respectant l’accord du 10 mai 2015, concernant le DDR au bas duquel, ils avaient apposé leurs signatures. Ces dernières semaines, les leaders de ces groupes armés se sont réunis et ont pris l’engagement d’adhérer au désarmement et de faciliter la tâche du gouvernement en ce qui  concerne le retour de la sécurité et de la paix. L’attitude des extrémistes tranche radicalement avec celle des modérés qui semblent plus coopératifs. Habitués à l’époque de Djotodia à vivre dans l’opulence, à bénéficier de l’impunité la plus totale et à s’enrichir sans qu’on ne leur demande des comptes, les extrémités, depuis le retour à l’ordre constitutionnel, soufflent le chaud et le froid. Les temps ont radicalement changé et les habitudes également, surtout que les nouvelles autorités ont prôné une véritable rupture avec le passé. En quoi consistent les effets de cette rupture ?

Un deal avec les chefs de guerre ?

En janvier 2024, après la démission de Michel Djotodia de la présidence de la République, Mme Catherine Samba-Panza a été élue par le Conseil national de transition pour lui succéder et diriger la transition. Mais beaucoup d’observateurs ne voyaient pas tellement de différence entre le traitement des chefs des groupes armés de l’époque de Djotodia  et celui de Mme Catherine Samba-Panza. Tout se passait comme si la Présidente de la transition avait signé « un deal » avec les chefs de guerre qu’elle caressait dans le sens du poil. Malgré les multiples gaffes de ces chefs de guerre et de certains groupes armés, ils n’étaient nullement inquiétés. L’impunité semblait totale sauf les cas de certains leaders dont les actes étaient trop flagrants, qui ont été déférés soit au camp de Roux pour les plus dangereux ou à la maison d’arrêt de Ngaragba. C’est ainsi que les Andjilo et autres éléments dangereux ont été écroués sous très bonne garde au camp de Roux. Malgré ces quelques rares arrestations, le régime de la présidente  Catherine Samba-Panza, avait fait preuve d’une grande mansuétude avec les chefs des groupes armés qui étaient toujours aux affaires.

Pas de grâce ni d’amnistie

Le retour à l’ordre constitutionnel a apporté avec lui de nouvelles habitudes dues à la rupture préconisée par le président Faustin-Archange Touadéra. Les chefs de guerre et de groupes armés qui s’attendaient à une mesure de grâce présidentielle après la prestation de serment du Chef de l’Etat, n’ont pas vu venir cette  mesure.

Bien au contraire, le président Faustin-Archange Touadéra a fait preuve de fermeté en proclamant une guerre contre l’impunité.  Tous ceux qui pensaient être amnistiés n’ont vu que du feu.

Les chefs de guerre ne voyant aucune mesure d’apaisement venir, ont commencé à s’agiter. Et puis la fermeté des autorités légitimes a été telle que le mot cogestion, en vogue  durant la transition, a été rayé du vocabulaire.

A l’époque de Michel Djotodia et de Mme Catherine Samba-Panza, les leaders des groupes armés et les personnalités civiles cohabitaient au sein du gouvernement et les chefs de guerre étaient choyés par la transition.

Les nouvelles autorités, n’étant plus tenue par ce deal tacite, l’ont rompu et ne se sont attachées qu’aux principes du programme du Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement. Avec la rupture, seuls ceux qui n’ont pas de sang sur les mains, pourront prétendre au DDEE et échapper à la justice.

Impunité zéro

D’ailleurs, toutes les dispositions ont été prises pour que les criminels n’échappent pas aux mailles du filet de la justice. C’est ainsi qu’en dehors des juridictions normales (tribunaux d’instance et de grande instance), les criminels selon les degrés des fautes commises, devront passés soit par la Cour criminelle, soit pas la Cour pénale spéciale qui est une juridiction hybride pour traquer ceux qui sont négativement illustrés par des forfaits depuis 2003. Tous ceux qui ont brillé par les forfaits, pensent que leurs crimes ne sont pas documentés mais ils se trompent énormément.

Le moment venu, ils seront recherchés, traqués et traduits devant la Cour pénale internationale (CPI).

Devant ces hautes juridictions, à quoi servirait une mesure de grâce ou d’amnistie locale du moment où les crimes de guerre sont imprescriptibles ? La Cour pénale spéciale et la Cour pénale internationale sont des juridictions supra nationales qui fonctionnent selon des règles précises pour la CPS et selon le statut de Rome pour la CPI. La boulimie des chefs de guerre et autres leaders des groupes armés n’a plus aucune influence sur les institutions de la République.

@Mark BECHEGO

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