Bangui; le 10 juillet 24
Où trouver des financements novateurs pour la lutte contre la désertification, la déforestation ou le changement climatique ? Voilà le grand défi à relever pour inverser la perte de biodiversité d’ici à l’horizon 2030.
Tout au long des travaux de la 1ère Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement qui s’est tenu à Brazzaville en République du Congo du 02 au 05 juillet 2024, la question du financement des projets de lutte contre le changement climatique à travers des actions de protection de la biodiversité a constitué un point très important dans les discussions.
La République centrafricaine fait aussi sienne cette préoccupation. L’un des pays le plus pauvre au monde malgré ses grandes potentialités minières et naturelles, la République centrafricaine peine à disposer des ressources financières pour soutenir sa politique en matière de la protection de l’environnement et de changement climatique.
C’est fort de ce constat, que le Président Faustin Archange Touadera avait pris une position incisive lors de la COP 28 à Dubaï en dénonçant l’indifférence des grandes puissances responsables de la pollution qui altère l’écosystème, source du dérèglement climatique.
Les effets du dérèglement climatique beaucoup plus les pays pauvres d’Afrique en proie à des catastrophes naturels périodiques. « L’Afrique qui porte la moindre responsabilité dans les émissions soit seulement 4 % des émissions mondiales, est malheureusement la principale victime des impacts directs du changement climatique », avait martelé Faustin Archange Touadera qui interpelle directement les auteurs : « A la question de savoir qui doit payer la facture climatique, la réponse est qu’au regard du fossé entre les pays développés, principaux pollueurs et les pays pauvres, il est naturel que les premiers financent le processus d’adaptation promis qui devrait permettre aux pays du Sud de mieux faire face aux impacts du changement climatique et de réduire les effets de ceux-ci sur les populations ».
Bon nombre des pays africains partagent cette même préoccupation. Raison pour laquelle les Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que les pays participants à la conférence ont fait la Déclaration de Brazzaville dont un des ponts vise à soutenir les financements novateurs venant de la part des principaux pollueurs.
Le Président Denis Sassou Nguesso avait déjà décrié ce que l’on peut considérer comme une injustice : « Les sacrifices consentis par les populations riveraines, en abandonnant, volontairement, certaines activités susceptibles de porter atteinte à l’environnement et le renoncement par les États à des projets de développement pour préserver les écosystèmes de biodiversité, devrait, également, appelé de la part de la communauté internationale, des compensations financières qui ne seraient pas, du tout, de la charité », a-t-il expliqué.
Il est important de mettre en place des mécanismes de financement accessibles à tous les pays. Il s’agit par exemple des financements publics, privés et internationaux ou des financements novateurs tels que la réforme fiscale environnementale, des paiements pour services écosystémiques, de la compensation des atteintes à la biodiversité, des marchés de produits verts, de la biodiversité dans le financement climatique, ainsi que de la biodiversité dans le financement international du développement.
La mobilisation des capacités de financement de certains acteurs privés peut constituer également une option . Les sociétés minières et pétrolières qui, de part leurs activités, contribuent à la dégradation des terres et à la déforestation doivent payer des fonds destinés à la régénération des écosystèmes naturels.. Le 20 juillet 2022, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) avait donné instruction à tous les pays membres en vue d’encadrer le rapatriement par les industries extractives, des fonds financiers dédiés à la réhabilitation des sites après exploitation ou en cas d’abandon.
Ladite instruction vient en complément à la réglementation des changes de 2018 qui en son article 183 oblige les multinationales du pétrole et des mines opérant dans la CEMAC (Cameroun, Gabon, Congo, RCA, Guinée équatoriale, Tchad) à domicilier ces fonds dans la sous-région.
Il s’agit là d’une initiative parmi tant d’autres pour disposer des moyens financiers destinés aux actions en faveur de la préservation de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique.
La plupart des multinationales n’ont que leurs intérêts économiques et causent d’énormes dégâts à la nature. Certains pays également peuvent mobiliser les financements publics en faveur de la biodiversité tout en réduisant les dépenses publiques dommageables à la biodiversité.
@C.D.G