Entre l’aide humanitaire et l’aide au développement : Quel est le choix du Gouvernement de Félix Moloua dans le contexte actuel ?

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Tout porte à croire que le Gouvernement de Félix Moloua n’a pas une bonne maîtrise de la situation actuelle du pays au bord de la crise humanitaire qui, à défaut des stratégies politiques adéquates et adaptées aux exigences de développement, risque de provoquer un tsunami social aux conséquences imprévisibles. Selon un rapport de la Banque Mondiale, la République centrafricaine fait face à une succession de crise qui entraînent des difficultés exceptionnelles pour la population et placent le pays au bord d’une crise humanitaire ponctuée par une situation d’insécurité alimentaire aigüe. Ainsi, la République centrafricaine, où près de 80% de la population vit dans la pauvreté, reste l’un des pays les plus pauvres au monde.

Un véritable paradoxe quand on sait que ce pays dispose de plus de 450 indices de minerais d’excellente qualité ainsi que de grandes superficies des terres fertiles et des ressources forestières et halieutiques. Si la mise en valeur des gisements miniers à grande échelle tarde à venir, l’agriculture devrait constituer le fer de lance de l’économie centrafricaine.  Évoquer l’insécurité alimentaire dans notre pays relèverait de la pure utopie ou simplement de la mauvaise foi. Malheureusement, des alertes sont régulièrement données par des organisations internationales comme OCHA qui indiquent qu’entre septembre 2022 et mars 2023 environ 2,7 millions de centrafricains, ou 44% de la population du pays, était en situation d’insécurité alimentaire aigüe. Ce nombre pourrait, d’après la même source, atteindre 3 millions (49% de la population analysée) entre avril et août 2023 si aucune aide n’est apportée.

Au regard de ce sombre tableau, que doit faire le gouvernement actuel ou du moins quel choix politique doit-il faire dans le cadre de ses dialogues avec les partenaires techniques et financiers de la République centrafricaine ? Deux options se présentent : la première est de plaider beaucoup plus pour l’aide humanitaire qui nous amènera à toujours attendre des autres plus précisément de l’extérieur. La seconde est de trouver des opportunités pour négocier dans le cadre bi ou multilatéral avec les organismes internationaux de financement ou des bailleurs de fonds et les pays amis des aides au développement visant des secteurs clés et sur la base de grands projets fiables et viables.

De 2012 jusqu’à 2022, les dépenses de sécurité alimentaire et d’aide alimentaire des partenaires internationaux se chiffrent en millions de dollar et portent sur les domaines de santé, d’éducation, d’assistance alimentaire directe, de protection et autres qui n’ont aucune incidence pour le développement du pays. Ces millions, dont une grande partie est consommée par les ONG humanitaires dans leurs services de coordination et d’appui, auraient pu servir au développement du secteur agricole ou des secteurs sociaux de base. Le gouvernement devient de facto un complice désemparé de l’humanitaire et se détourne progressivement de sa mission première qui est celle de trouver tous les moyens pour assurer le développement du pays. En tout cas, trop d’humanitaire amenuise les efforts de développement.

Le Plan cadre des Nations Unies pour l’assistance au développement (PNUAD+) en RCA constitue la réponse coordonnée de l’ensemble du système des Nations Unies y compris la MINUSCA aux priorités nationales contenues dans le Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix avec des axes stratégiques alignés sur les objectifs du développement durable (Agenda 2030) et sur l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Le  Ministre d’Etat au Plan Félix Moloua est l’un des grands architectes du RCPCA.

Aujourd’hui Premier Ministre, Chef du Gouvernement, il a toutes les possibilités d’axer ses stratégies politiques sur le développement au bénéfice des populations qui ne sentent pas encore les retombées réelles de l’aide au développement. Peut-être des efforts se font mais qu’il y a un manque de communication autour des réalisations ou les choses ne sont qu’au niveau des intentions pieuses. A propos des intentions, on peut évoquer le projet Diaspora qui vise à mobiliser la diaspora pour le développement en RCA signé en juin dernier entre le gouvernement, la BAD et le PNUD dont on n’a plus écho.

Il faut pour la République centrafricaine un gouvernement fort et engagé pour le développement du pays et non un gouvernement qui se laisse gagner par la lassitude. Cette lassitude favorise la mal gouvernance, source d’appauvrissement de la population qui la rend dépendante de l’humanitaire.

 

A Bakiki

 

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