Centrafrique : Des agents de la santé se disent lésés et réclament la prime de risque de Covid-19

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Bangui, le 15 sept. 21

Les Agents de santé du Ministère de la santé publique et de population réclament toujours la prime de risque de la Covid-19 en raison de la lutte qui continue et que le chef du Département et celui des finances n’ont daigné de répondre à leur préoccupation qui selon, est légitime en sa totalité.

Selon les informations qui nous sont parvenues, le gouvernement a accordé une prime de risque de 8 % pour le personnel de première ligne en milieu hospitalier et dans les formations sanitaire. Une prime de 4 % est remise aux autres membres du secteur de la santé.

«Les Agents de santé rentrent au travail la peur au ventre et ramènent cette peur à la maison, craignant de transmettre le virus à leur famille», a plaidé une soignante que nous avions rencontré lors de notre enquête.

Une autre source de nous informer que plusieurs requêtes ont été lancées pour réclamer du ministre de la Santé, Pierre Somsé, d’appliquer la prime de risque à tout le personnel de santé réseau, et de s’assurer que les mesures pour assurer leur sécurité et leur protection soient accessibles.

L’ensemble du personnel de santé accuse le gouvernement et les dirigeants des établissements de santé de «manquer de reconnaissance» envers le travail du personnel professionnel et technique et des risques qu’il court chaque jour durant la présente crise, leur rappelant que la transmission du virus est maintenant communautaire, notamment par le biais de personnes asymptomatiques.

Des agents du Ministère de la santé qui sont exposés à la COVID-19 dans leur travail dénoncent le fait qu’on les prive des primes de risque auxquelles les autres travailleurs ont droit. « C’est d’un irrespect ! », dit avec indignation IMOTO Alphonsine, une soignante. L’année passée au moment du déclenchement de la pandémie du Covid-19, le gouvernement a annoncé le versement de primes au personnel de la santé appelé à travailler en zone chaude. Une prime de 4 % a été donnée pour reconnaître leur contribution et une de 8 % à ceux qui traitaient directement les patients atteints de la COVID-19.

Tous les agents de santé ont été exclus de la prime de 8 %, et seuls les cadres intermédiaires ont pu se prévaloir de celle de 4 %, selon une autre source concordante. Or, Blaise Akochéda affirme que les cadres supérieurs aussi ont travaillé dans des situations difficiles, dont plusieurs directement auprès de patients atteints par le Covid-19.

Elle cite un sondage interne mené à la mi-avril 2020 auprès de ses membres dans lequel 59 % des répondants ont dit être « exposés à des personnes atteintes de la COVID-19 ou à du personnel qui côtoie des personnes atteintes » et 12 % ont dit faire des « gestes de proximité » auprès de ces patients, comme servir de l’eau et donner des soins d’hygiène. Environ 30 % de ses 6800 membres ont répondu au questionnaire.

Comment expliquer ces réponses ? Les cadres ne travaillent-ils pas surtout dans des bureaux, à distance ? « Ils font du bureau et du téléphone, mais dans les circonstances, ils sont aussi avec leurs équipes sur le terrain », explique Carole. Dans une lettre transmise au ministre Somsé, elle a dénoncé vivement au nom de ses collègues ce qu’elle considère comme une « iniquité de traitement ».

 « Ils en font, des gestes de proximité ! », s’insurge Chantal Gapamalayen, qui mentionne que certains ont d’ailleurs contracté la maladie. D’après elle, les 12 % du sondage qui ont dit prodiguer des soins de proximité sont probablement ceux qui sont allés donner un coup de main en résidence.

« Quand c’est la guerre, c’est la guerre, et tout le monde est au front. Ils étaient là autant que tout le monde, et c’est un manque de reconnaissance à l’égard de l’exposition au risque », fait quant à elle valoir un observateur de la vie sociopolitique. « Ça fait presque deux ans que j’essaie de savoir pourquoi, et je ne suis pas en mesure de le savoir. Les raisons qu’on invoque ne tiennent pas la route. Ils risquent leur vie, leur santé… ».

Cette prétendue iniquité ne s’expliquerait-elle pas par le fait que les cadres sont en partant beaucoup mieux rémunérés que le reste du personnel ? C’est en partie faux, répond Ulrich Feïssonam. « L’infirmier qui reçoit ses 8 % qui a un collègue à côté qui est gestionnaire, avec la prime, elle a un salaire beaucoup plus élevé que le gestionnaire. Sans la prime, les gestionnaires ne font pas un salaire beaucoup plus élevé — entre 5 et 10 % maximum. »

Invité à répliquer à ces critiques, plusieurs gestionnaires du fonds de Covid-19 n’ont pas dit pourquoi certains agents de santé n’avaient pas droit à la prime voire bloquée par qui on ne sait. Il mentionne toutefois que le choix de verser une prime de 4 % aux cadres intermédiaires « permet au plus grand nombre de cadres du réseau de bénéficier d’un rehaussement salarial en période de pandémie ».

Il fait aussi valoir que, dans le cadre de la crise, les heures supplémentaires des cadres sont rémunérées à 150 % du taux normal, ce qui n’est pas le cas habituellement, et ce, « au-delà de la 40e heure de travail dans une même semaine ».

« Ainsi, tous les cadres et les hors-cadre du réseau qui réalisent des heures supplémentaires dans le présent contexte bénéficient du paiement de leurs heures supplémentaires», Mais dommage ! Attendons de voir si un geste leur sera fait dans les jours à venir.

@Louis Dalingombé,

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